Lors de la première réunion du Réseau de l'Internationale de l'Éducation (IE) pour l'éducation de la petite enfance (EPE), les participant·e·s ont examiné de près les défis de taille auxquels est confrontée l'éducation de la petite enfance en Afrique et en particulier au Ghana. Les discussions ont mis en l'accent sur les problèmes d'accès et d'égalité, le manque de systèmes d'EPE solides, les défis en matière de programmes et de pédagogie, les insuffisances en termes d'infrastructures et de ressources, le bien-être des enseignant·e·s, le rôle des parents, les financements et la malnutrition des enfants.
Les objectifs et les attentes du réseau
Le Réseau pour l'EPE incitera les gouvernements à s'attaquer à ces questions. Les participant·e·s ont réfléchi aux principaux objectifs du réseau, en s'inspirant d'autres réseaux tels que le Réseau africain des jeunes éducateur·trice·s (AYEN, acronyme anglophone) ou le Réseau de recherche de la région Afrique. L'ambition est de partager des informations, des expériences et les bonnes pratiques, et de développer des stratégies visant à mettre l'EPE à l'ordre du jour des politiques mondiale, régionale et sous-régionale.
Dennis Sinyolo, directeur du Bureau régional africain de l’IE, a déclaré :
Un plaidoyer fondé sur des données probantes
Le réseau s'engage à garantir la réalisation de l'Objectif de développement durable (ODD) 4 et à montrer aux gouvernements que les progrès sont beaucoup trop lents. Un nouveau processus de planification stratégique pour le continent, la nouvelle Stratégie continentale de l’éducation pour l’Afrique (CESA), sera discuté, offrant aux syndicats l'occasion d'influencer les politiques.
Le réseau vise également à recueillir des données et des témoignages pour provoquer le changement et soutenir la campagne de l'IE : « La force du public : ensemble on fait école ! ».
Lasse Bjerg Jørgensen, trésorier et responsable des relations internationales du BUPL, le Syndicat danois des éducateurs de la petite enfance et de la jeunesse, a constaté que « l’éducation de la petite enfance est encore l'outsider du système éducatif et souvent traitée comme tel par de nombreux gouvernements ».
Les directives de l'OIT/UNESCO sur le personnel de l'EPE
Les participant·e·s ont également évoqué les directives de l'Organisation internationale du Travail (OIT)/UNESCO sur le personnel de l'EPE, qui se concentrent sur les personnes qui sont à la base de l'éducation de la petite enfance.
Oliver Liang, chef de l’unité des secteurs des services publics et privés à l'OIT, a noté que « malgré dix ans de directives politiques, six millions d'enseignant·e·s supplémentaires doivent être recruté·e·s pour atteindre l'effectif national d'une année d'enseignement pré-primaire d'ici à 2030 ».
Il a ajouté que les directives font partie d'une panoplie plus vaste de normes relatives au personnel de l'éducation au sein du système des Nations unies, telles que la Recommandation OIT/UNESCO concernant la condition du personnel enseignant (1966), l a Déclaration de Tachkent et les engagements à l'action pour la transformation de l'éducation et la protection de la petite enfance (2022) et le Cadre des 5R pour le travail décent dans le soin (Reconnaître, Réduire et Redistribuer les activités de soin à autrui non rémunérées ; Rétribuer équitablement le personnel du soin à autrui et en garantir la Représentation).
Les participant·e·s ont rappelé les objectifs des Directives et les thèmes abordés, notamment les bas salaires, les disparités entre les hommes et les femmes, les faibles taux de formation continue, la faible syndicalisation et les niveaux élevés de privatisation.
Les développements récents et les problèmes actuels
Les discussions ont également porté sur les 59 recommandations du Groupe de haut niveau des Nations Unies sur la profession enseignante.
Lasse Bjerg Jørgensen a rappelé aux participant·e·s que le document Mettre en œuvre les Recommandations du Groupe de haut niveau des Nations Unies sur la profession enseignante – Guide à l’usage des syndicats de l’éducation est « un excellent outil pour soutenir les efforts de plaidoyer dans des contextes nationaux et locaux ».
Gina Pancorbo, coordinatrice de la recherche, des politiques et du plaidoyer à l'IE, a souligné qu' « avec la pandémie de COVID-19, de 2019 à 2024, l'éducation de la petite enfance, en particulier, s'est retrouvée dans une situation désastreuse, touchant les enseignant·e·s, le personnel de soutien à l’éducation, les parents et l'ensemble de la communauté ».
C'est pourquoi le 10e Congrès mondial de l'IE réuni à Buenos Aires, en Argentine, du 29 juillet au 2 août 2024, a adopté la résolution suivante : Renforcer le statut et la qualité de l'éducation à la petite enfance après la pandémie de COVID-19, a-t-elle expliqué.
Principales recommandations
Les participant·e·s ont mentionné des problématiques importantes comme les conditions de travail et les inégalités entre hommes et femmes. Ils ont insisté sur la nécessité de mobiliser des fonds avec l'OIT et l'UNESCO et de dialoguer avec les gouvernements sur les recommandations du Groupe de haut niveau des Nations Unies sur la profession enseignante et les directives de l'OIT.
Dennis Sinyolo a conclu ainsi : « En tant que réseau, vous avez besoin d'un but clair pour bien exprimer ce que vous voulez atteindre. Ensuite, vous avez besoin d'objectifs SMART (Spécifiques, Mesurables, Acceptables, Réalistes et Temporellement définis), et vous devez faire en sorte d'avoir des politiques sur l'EPE, fruit de négociations avec le gouvernement ».
Un réseau pour l'avenir
Le Réseau pour l'EPE vise le partage d'expériences, l'élaboration de stratégies pour influencer les politiques et le rappel aux gouvernements de l'importance de l'éducation de la petite enfance. Les participant·e·s ont conclu que cette réunion n'était que les prémices d'un nouvel élan pour l'EPE en Afrique, dans l'espoir que ce réseau devienne une plateforme partagée par toutes et tous.