Nous devons remercier les enseignant(e)s d’être des éducateurs/trices et de lutter pour défendre leurs droits ainsi que ceux de leurs étudiant(e)s.
Chaque année, l’importance des enseignant(e)s est célébrée le 5 octobre, à l’occasion de la Journée mondiale des enseignant(e)s. Aujourd’hui, l’idée même de célébrer les enseignant(e)s peut nous sembler évidente. Vous pouvez trouver dans presque tous les centres commerciaux des cartes de remerciement pour les enseignant(e)s. Mais cela n’a pas toujours été le cas. Le cadeau offert par les Nations Unies à l’Internationale de l’Education (IE) en 1993 a été la Journée mondiale des enseignant(e)s.
Au cours des 25 années qui ont suivi, nous avons eu de nombreuses raisons de célébrer cette journée. Nous avons en particulier agi pour garantir l’engagement des pays à travers le monde vis-à-vis de l’objectif d’éducation. Nous ne devons pas oublier que ce sont les syndicats au sein de l’IE qui, grâce à leur travail et au rôle qu’ils ont joué dans le monde entier en collaboration avec d’autres organisations de la société civile progressistes, ont permis d’assurer la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Toutefois, l’une des actions les plus significatives que nous ayons entreprise était peut-être de maintenir l’objectif d’éducation pour tous les enfants et les jeunes en tête des priorités de la communauté internationale, celui-ci figurant dorénavant parmi les Objectifs de développement durable (ODD). Nous savons que les gouvernements étaient sur le point de revenir sur cet engagement, comme si les OMD avaient déjà été réalisés. Sous l’égide de l’IE, nous ne pouvions pas laisser cela arriver, et la force de notre campagne « Uni(e)s pour l’éducation » n’a cessé de croître, prenant de plus en plus d’ampleur et d’importance. Cette campagne était tout simplement trop indispensable pour que nous échouions.
Cependant, malgré la réussite de nombre de nos actions, nous reconnaissons également aujourd’hui la multiplication des défis auxquels font face les enseignant(e)s et les éducateurs/trices ainsi que le caractère de plus en plus précaire de leur situation. Cette dernière est mise en péril par la privatisation, la marchandisation, la concurrence, les tests standardisés ainsi que les nouvelles menaces que représentent la numérisation et l’automatisation. Celles et ceux d’entre nous qui soutiennent une éducation de qualité pour tou(te)s peuvent voir à quel point notre cause est menacée.
Aujourd’hui, nous continuons à faire face à l’affront d’une Terre qui a déçu et continue à décevoir ses enfants, refusant à des millions d’entre eux le droit à l’éducation, en particulier aux filles. Nous assistons au drame des enfants migrants et réfugiés, dont la plupart se voient refuser le droit à l’éducation, sont séparés de leur famille et subissent les attaques politiques les plus perverses ainsi que des atteintes à leur existence. Et nous en voyons les conséquences au quotidien sur ces enseignant(e)s qui osent enseigner, ces affilié(e)s à nos syndicats qui, malgré leur comportement altruiste, sont menacé(e)s, dénigré(e)s, abusé(e)s et attaqué(e)s. Au prix d’énormes sacrifices, ils/elles continuent à exiger un meilleur avenir pour leurs étudiant(e)s, et nous les soutenons dans leur lutte. Dans des pays tels que le Bahreïn, l’Irak, l’Iran et la Turquie, le fait que les enseignant(e)s soient mis(es) en prison n’a pas réussi à les faire taire. C’est l’une des plus grandes réussites de l’IE et de ses membres: nous nous sommes uni(e)s pour faire face à ces attaques.
Dans les pays où les droits des enfants et ceux de leurs enseignant(e)s sont mis à mal, nous assistons également à des attaques contre la société civile, au rejet de notre espace et de nos institutions démocratiques, ainsi qu’au recul des valeurs que sont la tolérance, le respect d’autrui, la communauté, l’égalité et la diversité. Au cours des 25 dernières années, de nombreux points de réflexion ont été soulevés afin de renouveler notre mission. Les missions menées par l’Internationale de l’Education dans certaines des régions du monde les plus dangereuses pour les enseignant(e)s ont offert des opportunités non seulement pour faire changer les choses dans ces pays, mais également pour renforcer et actualiser notre mission initiale.
En tant qu’éducateurs/trices, nous devons être particulièrement fiers/ères de faire partie d’un mouvement mondial pour le changement. Grâce au travail conjoint de nos syndicats, nous continuons à être à l’avant-garde d’un effort international visant à garantir les droits de tous les enfants aux quatre coins du monde. Nos programmes d’accueil des réfugié(e)s au sein des écoles, nos campagnes d’actions syndicales ainsi que nos campagnes de pression sur les institutions nationales et internationales ont doté les membres de l’IE d’une grande force morale pour défendre au quotidien la voix et le travail des enseignant(e)s ainsi que des éducateurs/trices.
Les enseignant(e)s, les éducateurs/trices et les organisations membres qui participent à l’initiative de l’IE visant à élargir l’espace mental, physique, social et politique œuvrent en vue de promouvoir les valeurs universelles, la citoyenneté mondiale et la solidarité, et de transcender les frontières géographiques, culturelles ou linguistiques. Nous devons poursuivre cette mission.
Pour la plupart de nos étudiant(e)s, 25 ans représentent toute une vie. Le monde connu par les fondateurs/trices de l’Internationale de l’Education peut sembler bien loin du monde d’aujourd’hui, mais la lutte n’a pas changé: nous devons continuer à nous battre pour garantir les droits fondamentaux, le droit à l’instruction et le droit des enseignant(e)s à enseigner.
Le 26 janvier 1993, l’Internationale de l’Education naît de la fusion de la Fédération Internationale des syndicats libres (IFFTU) et de la Confédération mondiale des organisations de la profession enseignante (WCOTP). A l’occasion de son 25e anniversaire, une série spéciale de blogues #IE25, sera publiée tout au long de l’année. Elle mettra en avant les voix et réflexions de syndicalistes, militant(e)s de l’éducation, organisations partenaires et ami(e)s, revenant sur les combats et accomplissements passés dont l’organisation a tiré force et inspiration en vue de s’attaquer aux défis présents et futurs auxquels sont confrontées l’éducation et la profession enseignante. Si vous souhaitez contribuer à cette série de blogues, veuillez écrire à sonia.grigt@ei-ie.org.
Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.