« Les coupes budgétaires dans le secteur public, la baisse des salaires, les menaces pesant sur la liberté académique, la précarisation croissante du travail des enseignants, la progression de la privatisation et la réduction du nombre de membres du personnel académique syndiqués font partie des principaux défis auxquels doivent faire face les enseignants de l’enseignement supérieur », a expliqué Nelly Stromquist, experte en politique éducative internationale, à Mexico.
L’experte de l’université du Maryland, aux Etats-Unis, s’est exprimée durant une conférence intitulée« Entre los derechos del profesorado de educación superior y los desafíos del presente »(Droits des enseignant(e)s de l’enseignement supérieur et défis actuels), organisée par le syndicat mexicain Sindicato Nacional de Trabajadores de la Educación(SNTE) et à laquelle a participé l’Internationale de l’Education (IE).
Nelly Stromquist a fait remarquer que ces défis n’étaient pas nouveaux. En effet, l’UNESCO a émis il y a plus de 20 ans une « Recommandation concernant la condition du personnel enseignant de l’enseignement supérieur », qui définit les droits et les obligations permettant de garantir la protection de ce personnel.
Elle a en outre signalé qu’aujourd’hui, cette recommandation n’était pas suivie dans sa totalité, comme le montre son étude intitulée « Vingt ans plus tard: les efforts internationaux pour protéger les droits du personnel enseignant de l’enseignement supérieur sont insuffisants ».
Elle est également revenue sur le fait que la recommandation de l’UNESCO, seule référence internationale à la condition du personnel de l’enseignement supérieur, reste souvent méconnue à travers le monde, comme l’a révélé une enquête menée par l’IE auprès de membres du personnel universitaire, d’enseignant(e)s, de dirigeant(e)s syndicaux/ales et de membres du personnel de différentes organisations liées à l’éducation.
Les droits du personnel de l’enseignement supérieur reposent sur quatre piliers: la liberté d’enseigner, la liberté de mener des recherches et d’en publier les résultats, la liberté de rejoindre des organisations professionnelles ou des organisations académiques qui représentent les travailleurs/euses, et la liberté d’exercer les libertés civiles sans crainte de discrimination, de représailles ou de censure de la part des autorités.
Howard Stevenson, Directeur de recherche à la School Education de l’université de Nottingham au Royaume-Uni, a quant à lui souligné l’importance des syndicats et insisté sur le fait de rester uni(e)s. « Si nous travaillons chacun et chacune de notre côté, nous n’obtiendrons aucun changement. Mais si nous travaillons ensemble, c’est possible: la clé, c’est de rester unis. Ensemble, nous avons la force nécessaire pour faire changer les choses, et ce syndicat peut y arriver. Maintenant plus que jamais, il faut se rappeler que l’union fait la force. »
Juana Imelda Infante Arratia, enseignante et membre du SNTE, a réaffirmé qu’il était nécessaire d’améliorer les conditions de travail des enseignant(e)s de l’enseignement supérieur, y compris au sein des instituts de formation des enseignant(e)s, et a également mis en avant l’importance de rejoindre un syndicat. « Les syndicats aident les enseignants de l’enseignement supérieur à exercer leurs droits en tant que membres du personnel universitaire, mais aussi leur liberté académique et les droits des travailleurs prévus par la loi. »
Nikola Wachter et Martin Henry, membres de l’Unité Recherche de l’Internationale de l’Education, et Ina Eriksson, membre du syndicat d’enseignants suédois Lärarförbundet, ont assisté à la conférence en tant qu’invité(e)s.
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