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« Datafication » de l’éducation et organisation professionnelle au cœur des discussions des chercheurs(euses)

Publié 2 juin 2017 Mis à jour 6 juin 2017
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Le rôle des syndicats en tant qu’aide aux enseignant(e)s dans la négociation de questions professionnelles et l’impact des données sur l’éducation ont été les grands sujets abordés durant la conférence du Réseau de recherche de l’Internationale de l’Éducation.

La manière dont les données conduisent à une vision « simpliste » et « naïve » des systèmes éducatifs et la nécessité pour les syndicats de répondre aux demandes de soutien ont été discutées par d’éminents chercheurs spécialisés dans l’éducation lors de la réunion du Réseau de recherche de l’Internationale de l’Éducation (ResNet), qui s’est tenue du 31 mai au 1er juin à Bruxelles (Belgique).

Identité professionnelle des syndicats et des enseignant(e)s

« Organiser les enseignant(e)s et renforcer le pouvoir de la profession» était le thème central de la conférence. Le rapport a été réalisé à la demande de l’Institut de recherche de l’Internationale de l’Éducation. Howard Stevenson, de l’Université de Nottingham (Royaume-Uni), a insisté sur le fait que la vie professionnelle et la charge de travail des enseignant(e)s sont devenues plus lourdes. L’éducation est considérée comme la clé du renforcement de la compétitivité sur le marché, de sorte que les parents deviennent de plus en plus exigeants pour l’avenir de leurs enfants, a-t-il expliqué.

Les principales menaces concernent des aspects professionnels, a souligné M. Stevenson, du fait de l’érosion lente de l’influence des enseignant(e)s sur les politiques de négociation et les politiques les concernant.

Il a également déploré la tendance qui fait des enseignant(e)s une profession individualisée, déprofessionnalisée, noyée dans les données pour justifier le travail que doivent faire les enseignant(e)s, l'enseignement devenant de plus en plus compétitif.

Selon M. Stevenson, le manque de ressources des syndicats de l’éducation constitue un obstacle à une action réelle et à la résolution de défis tels que l’intensification du travail, la déprofessionnalisation, la privatisation, les attaques contre la démocratie et les droits des travailleurs(euses) et les changements à long terme de l’engagement des syndicats (de l’éducation) et de la société civile.

Il est aujourd’hui impératif de combler le fossé entre la demande croissante de soutien syndical des membres et les ressources disponibles pour répondre à cette demande, a déclaré M. Stevenson. Pour ce faire, il faut, selon lui, trouver de nouvelles manières de développer les capacités au sein des syndicats de l’éducation en exploitant la force collective des membres de la base.

M. Stevenson a également insisté sur la notion de « unionateness», c’est-à-dire le fait que le syndicat soit un élément clé de l’identité professionnelle des enseignant(e)s : « Un enseignant doit se dire qu’il ne peut pas être l’enseignant qu’il veut être sans être syndiqué ».

Si la profession enseignante doit relever les défis actuels, elle doit former ses membres de manière à les encourager à diriger, a insisté M. Stevenson. Idéalement, un(e) enseignant(e) devrait se dire : « Je m’engage, je participe à l’action de mon syndicat et je suis un chef de file dans mon syndicat ».

Bien qu’il soit regrettable que les enseignant(e)s soient infantilisé(e)s dans leur façon d’aborder leur métier, M. Stevenson est convaincu que la manière dont le récit est raconté détermine les solutions politiques, de sorte que les enseignant(e)s et leurs syndicats, qui sont des organisations collectives démocratiques, doivent encadrer la manière dont les problèmes éducatifs sont décrits et créer des alliances, notamment avec les employeurs.

« Datafication » de l’éducation

Phil McRae, officier exécutif de l’Alberta Teachers’ Association et professeur adjoint à la faculté de l’éducation de l’Université d’Alberta, a également suscité un vif intérêt en expliquant comment les activités et les investissements croissants pour mesurer, évaluer et faire rapport numériquement sur les acquis des élèves affectent le travail des enseignant(e)s et des apprenant(e)s au Canada et, de plus en plus, ailleurs dans le monde.

Il a également parlé de la recherche sur la valeur perçue des enseignant(e)s et des responsables d’établissements scolaires et sur leur impact dans la mesure où cela concerne l’établissement de rapports, l’évaluation et la mesure numériques du bien-être. Il a décrit les tendances mondiales concernant les technologies éducatives, la « datafication » de l’apprentissage et l’émergence de nouveaux marchés pour la commercialisation des systèmes d’éducation publics.

Déplorant une vision « mécanique » des systèmes éducatifs, qu’il a également qualifiée de « simpliste » et de « naïve », M. McRae a insisté sur le fait que les syndicats de l’éducation doivent éduquer et informer leurs membres et les parents des conséquences que peuvent avoir toutes ces données collectées dans les écoles et auprès des élèves. Une recherche sur le sujet est nécessaire et les syndicats doivent en commander une, a-t-il ajouté.