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République démocratique du Congo : les syndicats de l’éducation militent ensemble pour demander un investissement accru dans l’enseignement public

Publié 24 octobre 2024 Mis à jour 30 octobre 2024
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Les syndicats de l’éducation en République démocratique du Congo (RDC) unissent leurs forces pour promouvoir l'enseignement public et contrer la privatisation du secteur éducatif. Sous l’égide de la campagne de l’Internationale de l’Éducation (IE), « La force du public : ensemble on fait école ! », ils souhaitent renforcer la qualité de l'enseignement public et le statut de la profession enseignante, faire étendre la gratuité de l’éducation et sensibiliser les autorités et la population aux enjeux de la privatisation.

Les effets néfastes de la privatisation sur le système éducatif soulignés par une étude

Trois syndicats majeurs membres de l’IE, la Centrale de l’Éducation nationale et de la Recherche scientifique (CSC-Enseignement), la Fédération nationale des enseignants du Congo (FENECO-UNTC) et le Syndicat des enseignants du Congo (SYECO), ont récemment achevé une étude financée par la Centrale des syndicats du Québec (CSQ).

Cette étude effectuée par le chercheur Hervé Nlandu Mayamba recommande une augmentation significative du budget de l'enseignement public pour contrer l'essor des écoles privées, l’incapacité de l’Etat à absorber la demande d’éducation et la dégradation de la qualité de l’école publique à partir de la décennie 1970.

Elle met en lumière les effets néfastes de la privatisation sur le système éducatif congolais et propose des recommandations pour renforcer le secteur public.

Reconnaissant l’urgence de développer des stratégies susceptibles de réduire progressivement l’ampleur de la privatisation de l’éducation dans ce pays, l’étude présente également les recommandations suivantes : améliorer la qualité de l’école publique ; augmenter significativement la part du budget de l’éducation qui représente moins de 3% du PIB, en deçà des engagements pris ; planifier le développement de l’offre publique de l’éducation, notamment dans les milieux urbains qui subissent une forte pression démographique, due principalement à l’exode rural ; supprimer les établissements privés ne répondant pas aux normes minimales telles que prévues par le cadre légal ; ou encore réviser la Loi-cadre de l’enseignement national afin de renforcer les conditions de création d’une école privée.

Les syndicats ont également proposé d'inclure des revenus issus des ressources naturelles et des contributions de la diaspora congolaise pour financer l'éducation.

Une campagne nationale pour mobiliser les ressources en faveur de l’éducation publique

S'appuyant sur cette étude, la campagne « La force du public : ensemble on fait école ! » a été lancée pour sensibiliser sur l'importance du financement de l'enseignement public.

Cette campagne est un appel urgent aux gouvernements pour qu'ils investissent dans l’enseignement public, un droit humain fondamental et un bien public, et qu'ils investissent davantage dans les enseignant·e·s, le facteur le plus important pour parvenir à une éducation de qualité. Cela signifie garantir l’application du droit du travail et assurer de bonnes conditions de travail, ainsi que des charges de travail gérables et des salaires compétitifs pour les enseignant·e·s et les travailleur·euse·s de l'éducation. Cela signifie également valoriser les enseignant·e·s, respecter les enseignant·e·s en veillant à ce qu'il·elle·s soient au centre de la prise de décision et faire confiance à leur expertise pédagogique.

Des initiatives concrètes pour un changement durable

Une session de formation de syndicalistes sur le financement de l'enseignement public s'est déroulée du 11 au 14 décembre 2023 dans la capitale Kinshasa.

Elle a eu pour but principal de renforcer les capacités de 24 dirigeant∙e∙s syndicalistes (à raison de 8 membres par syndicat). Les sujets traités incluaient la planification en éducation, les notions de budget de l'éducation, la gratuité de l'enseignement et le rôle de l'IE.

Pour atteindre les objectifs fixés, la formation a visé l'élaboration de stratégies pour mener efficacement la campagne sur tout le territoire, compte tenu de la décentralisation de l'éducation en RDC. Grâce au soutien de l’IE, de la CSQ Québec et de STU Suède, les syndicats ont mis en place depuis 2017 des cercles d’études dans 12 provinces de la RDC, soit plus de 200 établissements scolaires, impliquant plus de 2.000 personnels d’éducation. Ces cercles visent à améliorer la qualité de l’éducation et à développer le syndicalisme. Les activités incluent des formations, des campagnes de sensibilisation et des rencontres avec les autorités locales. Ces cercles d’études sont maintenant mis à profit pour ancrer la campagne sur le terrain.

Des actions locales et nationales

Les syndicats ont également organisé des émissions radiodiffusées et télévisées, ainsi que des articles de presse pour toucher un large public. Des activités ont été menées dans les 24 communes de Kinshasa et dans six autres provinces,

Un plaidoyer auprès des députés nationaux

Le 24 mai 2024, un déjeuner de travail a été organisé avec une vingtaine de députés de la nouvelle législature pour les sensibiliser aux questions éducatives et à l’importance de l’investissement dans l’éducation. Les syndicats ont présenté les résultats de l'étude sur la privatisation de l'éducation et ont formulé des propositions pour améliorer les conditions de vie et de travail des enseignants.

En conclusion, cette campagne vise à mobiliser les ressources nécessaires pour un financement adéquat de l'enseignement public en RDC, en renforçant la capacité des syndicats à mener des campagnes efficaces et en approfondissant leur compréhension des enjeux liés à la gratuité de l'éducation.