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Un enseignement inclusif public de qualité, la clé pour en finir avec le travail des enfants

Publié 7 juillet 2023 Mis à jour 20 mars 2024
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De l’Inde au Sénégal en passant par l’Albanie, l’Ouganda et le Mali, les syndicats affiliés à l’Internationale de l’Éducation (IE) ont fait entendre leurs voix en faveur d’une éducation de qualité pour toutes et tous autour des célébrations de la Journée mondiale contre le travail des enfants, le 12 juin.

L’éradication du travail des enfants passe par un financement accru de l’enseignement public

En Asia-Pacifique, la Fédération indienne des enseignant∙e∙s du primaire (AIPTF, acronyme anglophone) a organisé dès le 9 juin à Delhi une Conférence de haut niveau sur le rôle des enseignant·e·s et de leurs syndicats dans la lutte pour l’éradication du travail des enfants. Des cas concrets d’interventions par les syndicats indiens ont été cités en exemple.

La Conférence avait lieu dans le cadre de TPAE, un programme de lutte contre le travail des enfants où AIPTF est associée à d’autres organisations indiennes. L’AIPTF a profité de l’événement pour dénoncer la non-application de la Loi sur le droit à l’éducation adopté en 2009, qui impose une éducation gratuite et obligatoire.

Lors de son discours à cette Conférence, la Présidente de l’IE, Susan Hopgood, a souligné les liens étroits entre l’absence d’éducation de qualité et le travail des enfants, ainsi que l’absolue nécessité d’un meilleur financement de l’enseignement public.

Elle a également rappelé que l’IE a lancé la campagne La force du public : ensemble on fait école ! qui appelle les gouvernements à investir dans l’enseignement public, un droit humain fondamental et un bien public, et davantage dans les enseignant·e·s, le facteur le plus important pour parvenir à une éducation de qualité.

Hopgood a ajouté : « Nous savons que la pauvreté est un facteur clé de la crise du travail des enfants, mais pas la seule cause. La pauvreté elle-même est le résultat complexe de facteurs interconnectés tels que l'inégalité, la discrimination, la ségrégation, le colonialisme, le manque d'accès à une éducation de qualité, la prévalence du travail informel et l'accès limité à un travail décent ».

Pour elle, le travail des enfants est également une condition fortement sexospécifique, les rapports de l'Organisation internationale du Travail soulignant que les filles en Inde sont plus susceptibles d'être engagées dans le travail des enfants que les garçons, avec 8,3 millions de filles âgées de 5 à 17 ans engagées dans le travail des enfants, contre 6,2 millions de garçons.

Prévenir l’abandon scolaire et favoriser le retour à l’école d’enfants roms

Dans la région européenne, en Albanie, le Syndicat indépendant de l’Éducation (SPASH, acronyme anglophone) et la Fédération syndicale de l’Éducation et des Sciences (FSASH, acronyme anglophone) ont organisé le 12 juin à Tirana une conférence présentant les meilleurs pratiques des projets contre le travail des enfants qu’ils mettent en œuvre depuis plus de 20 ans. Les syndicats albanais se sont notamment distingués par leur capacité à impliquer leurs membres dans activités qui préviennent l’abandon scolaire et favorisent le retour à l’école d’enfants de la minorité ethnique rom. Ils montrent aussi que l’implication des enseignants dans des projets de deux ou trois ans produit des effets à long terme : les membres formés il y a plus de 10 ans aux techniques de lutte contre le travail des enfants continuent à prévenir l’abandon scolaire à l’heure actuelle. Neuf chaînes de télévision nationales ont relayé la conférence du 12 juin des syndicats SPASH et FSASH, à laquelle participaient aussi des représentants du Syndicat de l’Éducation, de la Science et de la Culture du Kosovo (UESCK-SBASHK, acronyme anglophone), du Syndicat de l’Éducation du Monténégro (TUEM, acronyme anglophone), de la Fondation Fair Childhood du syndicat allemand Éducation et Science (GEW, acronyme germanophone) et de l’Internationale de l’Éducation.

Symposium régional africain sur la promotion de l'approche par zone

En Afrique, à Kampala, en Ouganda, le Syndicat des enseignant·e·s du Malawi (TUM, acronyme anglophone) et le Syndicat national des enseignant·e·s de l’Ouganda (UNATU, acronyme anglophone) ont participé le 13 juin à un Symposium régional africain sur la promotion de l'approche par zone dans les pays pionniers pour l'élimination du travail des enfants. Ce symposium était organisé par la Marche mondiale contre le travail des enfants et réunissait des syndicats, associations d’employeurs et autres organisations de la société civile de République démocratique du Congo, d’Éthiopie, du Malawi et d’Ouganda. Les délégué·e·s ont partagé leurs expériences et ont exhorté les membres de l' Alliance 8.7 et les gouvernements de pays pionniers en Afrique à s'engager à « donner la priorité à l'approche par zone dans la planification, les politiques et l'action pour éliminer le travail des enfants ».

Une première : une visite d’échange entre éducateur·trice·s ougandais·e·s

Au Nord-Ouest de l’Ouganda, l’UNATU organisait aussi du 13 au 16 juin, pour la première fois, une visite d’échange entre directeur·trice·s d’école, enseignant·e·s, dirigeant·e·s syndicaux·ales, autorités de l’éducation de trois régions où le syndicat développe des projets contre le travail des enfants. Des délégué·e·s d’Entebbe et du Karamoja ont ainsi pu passer deux journées dans les districts de Zombo et Nebbi (sous-région du Nil Occidental), où l’UNATU a une expérience très riche de développement de zones libres de tout travail d’enfant. Il·Elle·s ont été impressionné·e·s par les résultats obtenus dans certaines écoles, comme l’absence de tout abandon scolaire des filles, la mobilisation des parents pour fournir un repas de midi, l’utilisation exclusive de méthodes disciplinaires non violentes ou encore le suivi minutieux de tout début d’absentéisme scolaire. Les délégué·e·s sont reparti·e·s dans leurs régions respectives avec de nouvelles idées pour améliorer leurs propres programmes de lutte contre le travail des enfants.

Journée de l’enfant africain

L’affilié de l’IE au Mali, le Syndicat national de l'Éducation et de la Culture (SNEC), a fêté tant la Journée mondiale contre le travail des enfants du 12 juin que la Journée de l’enfant africain du 16 juin. La célébration du 12 juin a eu lieu à Ouelessebougou, où 104 ex-enfants travailleurs (55 filles, 49 garçons) ont été rescolarisés dans l’année scolaire 2021-2022 grâce à un projet du syndicat malien. Des attestations de reconnaissance ont été délivrées aux personnalités les plus engagées aux côtés du syndicat pour lutter contre le travail des enfants et promouvoir la scolarisation des enfants. La Journée du 16 juin a été célébrée par le SNEC à Kabalabougou, avec une conférence sur le thème des droits de l’enfant dans l’environnement numérique. Les autorités locales, les associations de parents et les représentant·e·s locaux·ales du ministère de l’Éducation ont appuyé le SNEC lors de ces deux célébrations.

Au Sénégal, les syndicats affiliés à l’IE ont profité de la Journée mondiale contre le travail des enfants pour organiser le 15 juin une remise des prix aux meilleur∙e∙s élèves de la commune de Bambilor, où ils développent un projet de lutte contre le travail des enfants. Cet événement s’est tenu dans les locaux de la mairie, en présence des autorités et de médias locaux. Il a donné l’occasion aux syndicats de renouveler dans la population leurs messages de sensibilisation aux risques liés au travail des enfants et de susciter une émulation en faveur de l’éducation au sein des écoles de la commune.