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Eswatini : le harcèlement et les assassinats de dirigeant·e·s syndicaux·ales doivent cesser immédiatement !

Publié 17 février 2023 Mis à jour 23 février 2023
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L’Internationale de l’Éducation dénonce les attaques systématiques de dirigeant·e·s syndicaux·ales en Eswatini et condamne le harcèlement de Mbongwa Dlamini, président de la Swaziland National Association of Teachers (SNAT), une organisation membre de l’Internationale de l’Éducation.

Le monarque absolu de l’Eswatini, le roi Mswati III, au pouvoir depuis 1986, poursuit sa répression des militant·e·s qui protestent contre la détérioration de la situation des droits humains dans le pays. Plusieurs lois en vigueur restreignent sévèrement la liberté d’expression et d’association, notamment la loi de 1938 sur la sédition et les activités subversives, qui continue d’être invoquée, la loi relative à l’ordre public de 1963 et celle relative à la lutte contre le terrorisme de 2008. Par ailleurs, l’état d’urgence décrété en 1973, toujours en vigueur, suspend les libertés garanties par la constitution et interdit, de fait, tout parti politique d’opposition.

En 2014, le gouvernement a mis sur la table une proposition de loi visant à dissoudre toutes les fédérations syndicales et patronales du Swaziland, parmi lesquelles le Trade Union Congress of Swaziland, dont la SNAT est membre. En 2019, le président de la SNAT a été licencié de son poste d’enseignant pour avoir participé à une réunion syndicale. En octobre 2021, des enseignant·e·s et des employé·e·s de la fonction publique ont été pris·es pour cibles au moment de se rendre dans la capitale pour remettre au Conseil municipal une pétition demandant de meilleures conditions de travail, une revalorisation de leurs salaires et le respect des droits syndicaux fondamentaux.

Dans une lettre adressée au Premier ministre de l’Eswatini, Cleopas Sipho Dlamini, datée du 7 février, le secrétaire général adjoint de la Confédération syndicale internationale (CSI), Owen Tudor, et le secrétaire général de l’Internationale de l’Éducation (IE), David Edwards, ont dénoncé l’assassinat brutal de Thulani Maseko, avocat spécialiste des droits humains et syndicaux, de même que l’exil forcé par le gouvernement de Sticks Nkambule et Mbongwa Dlamini, deux hauts dirigeants syndicaux du pays. Selon les organisations syndicales internationales, le gouvernement est à l’origine de cet assassinat, dans la mesure où le nom de l’avocat abattu figurait sur une liste de personnes recherchées.

Mbongwa Dlamini est persécuté en raison de ses activités syndicales, à la suite d’actions de protestation visant à obtenir une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail des enseignant·e·s. Les deux responsables syndicaux ont été contraints de quitter leur pays pour protéger leur vie et leur sécurité.

Le système de prélèvement des cotisations syndicales de la SNAT ne peut être remis en question

Les responsables de l’IE et de la CSI ont également exprimé leurs plus vives préoccupations concernant les menaces proférées par le ministre des Services publics, Mabulala Maseko, visant à mettre fin au système de prélèvement des cotisations syndicales de la SNAT. Le gouvernement a également refusé d’inclure l’augmentation de 3 % des cotisations de la SNAT, ainsi que ses nouveaux·elles affilié·e·s.

Ces mesures répressives se poursuivent malgré l’accord conclu entre les autorités de l’Eswatini et le Trade Union Congress of Swaziland de soumettre ces conflits à la médiation par l’entremise de l’Organisation internationale du Travail (OIT).

Le dialogue social doit être engagé pour assurer la paix, la réconciliation sociale et le développement

Les Conventions 87 et 98 de l’OIT, toutes deux ratifiées par l’Eswatini, garantissent la liberté syndicale et le droit à la négociation collective des travailleur·euse·s. En vertu de la ratification de ces deux conventions, l’Eswatini a l’obligation d’assurer la protection des travailleur·euse·s contre tout acte de discrimination antisyndicale dans le cadre professionnel.

L’IE et la CSI appellent le gouvernement de l’Eswatini à « prendre des mesures immédiates pour mettre un terme à la répression et aux exécutions extrajudiciaires de syndicalistes et de défenseur·euse·s des droits humains auxquelles se livrent les agents de la sécurité ». L’IE et la CSI demandent instamment au gouvernement de « privilégier le dialogue social pour assurer la paix, la réconciliation sociale et le développement aux populations et aux travailleuses et travailleurs de l’Eswatini ».

Une histoire marquée par la violence à l’égard des travailleur·euse·s

En octobre 2021, l’IE et la CSI ont dénoncé avec force les attaques et les actes de violence perpétrés contre des enseignant·e·s et des employé·e·s de la fonction publique par les forces de police en Eswatini.

Les deux organisations ont fermement condamné le recours démesuré à la force contre des manifestant·e·s pacifiques, ayant causé la mort d’un étudiant et plusieurs dizaines de blessé·e·s.

La SNAT a signalé que les forces de sécurité avaient fait usage de gaz lacrymogènes, de grenades paralysantes et de balles réelles. Deux bus transportant des employé·e·s de la fonction publique vers le lieu du rassemblement pacifique ont été arrêtés par la police, qui a tiré à balles réelles sur les passager·ère·s.

En mars 2021, faisant suite à un dossier introduit par l’IE, l’examen du cas de l’Eswatini par le Conseil des droits de l'Homme des Nations Unies a abouti à la conclusion suivante : « Selon l’Internationale de l’Éducation, la convention collective, les lois sur l’emploi et les relations industrielles de 2000, ainsi que la loi relative à l’ordre public de 2017, continuent de restreindre la liberté d’expression des syndicalistes, plusieurs ayant fait l’objet d’intimidations, de passages à tabac et d’arrestations. L’Internationale de l’Éducation a indiqué que les autorités intimidaient les enseignantes et les enseignants, notamment sur les réseaux sociaux, pour les dissuader d’exercer leur droit de grève. »

Les Nations Unies ont recommandé au gouvernement de l’Eswatini de « réformer, conformément aux normes internationales relatives aux droits humains, toutes les lois restreignant indûment la liberté d’expression et d’association, en particulier, la loi relative à la lutte contre le terrorisme et la loi sur la sédition et les activités subversives, et de mettre fin immédiatement à toute violence et restriction ciblant les personnes qui exercent leur droit à la liberté d’association pacifique et leurs droits syndicaux ».