Je suis membre du conseil exécutif du syndicat Union of Education Norway, et j’ai eu la chance de faire partie de la délégation norvégienne à la Conférence mondiale sur l’Éducation au développement durable, organisée par l’UNESCO, du 17 au 19 mai 2021. Pendant trois jours, des délégué·e·s du monde entier se sont réuni·e·s afin de discuter d’un sujet important : l’éducation au développement durable (EDD) ! Cette réunion historique et sans précédent était pourtant attendue depuis si longtemps !
A posteriori, il peut être pertinent de se demander ce qui en est ressorti. Oui, bien sûr, nous avons adopté la Déclaration de Berlin [1], qui, je l’espère, se traduira par une plus grande attention à l’EDD. Je me réjouis de voir que tant de pays se sont engagés à suivre la feuille de route de l’UNESCO pour l’EDD à l’échelon national ! Entendre les responsables gouvernementaux de nombreux pays parler avec enthousiasme de l’importance de l’EDD est porteur d’espoir. Espérons maintenant qu’il ne s’agit pas que de belles paroles. J’espère que la conférence aura des retombées positives en ce domaine à l’avenir et qu’elle contribuera à renforcer les actions visant à inclure l’EDD dans les programmes d’enseignement nationaux aux quatre coins du globe.
J’ai quelques idées sur ce qui sera important à l’avenir.
Le dialogue social est essentiel à la mise en œuvre de l’EDD
Si l’on souhaite donner corps à ces grandes ambitions, il est primordial d’impliquer les enseignant·e·s.
Le dialogue social ou la coopération tripartite avec les syndicats d’enseignants est une condition indispensable à la prise en compte du point de vue des membres de la profession lors de l’élaboration de la politique d’EDD, des programmes d’enseignement et de la formation appropriée du corps enseignant en vue de mettre en œuvre l’EDD. La participation et le soutien du corps enseignant sont essentiels à la réussite de l’EDD 2030.
Pour atteindre la cible de l’ODD 4.7 de manière générale, les syndicats d’enseignants doivent être impliqués et représentés à tous les niveaux. Malheureusement, la Déclaration de Berlin insiste peu sur cet aspect.
L’implication des étudiant·e·s est elle aussi indispensable
Un autre point sur lequel je voudrais insister en vue d’atteindre nos objectifs est le renforcement de l’implication, du rôle et de la participation des étudiant·e·s dans la mise en œuvre et la promotion de l’EDD au sein des établissements d’enseignement.
Les enseignant·e·s devraient impliquer et mobiliser leurs étudiant·e·s en cours comme dans leur discipline, dans le cadre de leur pratique pédagogique et professionnelle. Il est important de donner aux étudiant·e·s l’occasion de s’engager et de vivre une « vie durable et démocratique » dans les établissements d’enseignement. Aborder ces sujets en classe ne suffit pas. Il faut également en faire l’expérience et prendre part à des pratiques et processus durables et démocratiques dans les établissements.
Qu’en est-il de l’évaluation de l’EDD ?
Nous savons que l’évaluation est un aspect incontournable qui concerne à la fois les étudiant·e·s et les enseignant·e·s. D’après notre expérience, les systèmes d’évaluation traditionnels peuvent constituer un obstacle à la préparation des enseignant·e·s à l’EDD, car celle-ci nécessite de travailler transversalement, selon une approche interdisciplinaire. Nous devons élaborer un système d’évaluation qui accompagne l’éducation au développement durable et donne à la profession une autonomie en matière de pratiques et de méthodes d’évaluation.
En Norvège, le système d’évaluation n’a pas été adapté au nouveau programme d’enseignement dont l’EDD est un élément central. L’Union of Education Norway a préconisé la mise en place d’un processus visant à modifier le système d’évaluation parallèlement à l’évolution du programme d’enseignement. Mais jusqu’à présent, les autorités éducatives nationales n’ont pas donné suite. Pour nous, ce défi reste à relever. Comment imaginer des systèmes d’évaluation qui facilitent l’approche interdisciplinaire ?
En vue de la réalisation de l’ODD 4.7, il est essentiel de bien appréhender les « compétences d’action » qui font partie intégrante de l’EDD. Non seulement, il sera indispensable d’enseigner aux étudiant·e·s le développement durable ou la citoyenneté mondiale, mais ces dernier·ère·s doivent également apprendre à devenir des acteur·trice·s sociaux·ales et à participer au développement de leur éducation et de leur société, dans le contexte éducatif comme dans leur communauté locale.
Dans une enquête menée par l’Union of Education Norway auprès de ses membres, moins de la moitié des éducateur·trice·s des écoles maternelles et des établissements scolaires ont déclaré que les enfants ou les élèves avaient une expérience suffisante des actions respectueuses du climat et des actions durables.
Aidons les enseignant·e·s à faire évoluer l’éducation
Les enseignant·e·s ont besoin d’être formé·e·s et accompagné·e·s pour enseigner selon les principes de l’EDD. L’EDD doit être intégrée à la formation initiale et continue de l’ensemble du personnel enseignant. Dans notre enquête, de nombreux·euses enseignant·e·s ont déclaré vouloir améliorer leurs compétences afin d’être en mesure d’enseigner l’éducation au développement durable. Entre 30 et 50 pour cent du personnel éducatif des maternelles et des écoles souhaiteraient suivre une formation continue ou complémentaire sur le sujet, mais très peu, à peine 5 pour cent, disent avoir bénéficié de cette possibilité. Il s’agit là d’un défi de taille.
Le changement commence par l’éducation. La première étape consiste à aider les enseignant·e·s à apprendre à leurs élèves comment mener une vie durable pour l’avenir de notre planète.
Note :
[1]
Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.