En Norvège, les écoles et les crèches sont fermées depuis la mi-mars. Seuls s’y rendent les enfants dont les parents exercent un métier essentiel pour la société. Le gouvernement a décidé que les établissements d’accueil du jeune enfant ouvriraient le 20 avril et ceux de la grande section maternelle au CE2, une semaine plus tard.
L’ Union of Education Norway(UEN) a soutenu la décision drastique de nos autorités de fermer les établissements scolaires et les écoles maternelles, en vue de limiter la propagation de ce virus très contagieux. Il était important de prendre toutes les mesures nécessaires pour sauver des vies et éviter l’effondrement du système de santé.
La décision de fermer les écoles a contraint les enseignant∙e∙s à échanger, du jour au lendemain, des méthodes analogiques d’enseignement pour des méthodes numériques. Et c’est exactement ce qu’on fait les enseignant∙e∙s. Il∙elle∙s se sont immédiatement attelé∙e∙s à dispenser aux élèves et aux étudiant∙e∙s l’éducation de qualité à laquelle ils ont droit.
En Norvège, et partout dans le monde, la profession enseignante a relevé les défis de manière professionnelle et éthique, en dépassant le cadre de ses obligations. Nous avons essayé de trouver des solutions pour les enfants les plus vulnérables. Pour les enfants contraints de rester chez eux avec, par exemple, des parents maltraitants ou faisant face à d’autres épreuves. Nous avons également tenté de notre mieux, de veiller à ce que les enfants handicapés et présentant des troubles de l’apprentissage reçoivent le soutien dont ils ont besoin. L’UEN a enregistré un podcast dans lequel des professionnel∙le∙s examinent ces défis et où nous proposons des conseils à nos membres. Même avec la fermeture des écoles, nos responsabilités en tant qu’enseignant∙e∙s ne s’arrêtent pas là.
En tant qu’enseignant et président de l’UEN, je n’ai jamais été aussi fier des enseignant∙e∙s norvégien∙ne∙s et de la manière dont ils ont réagi et répliqué face à ces changements imprévus et perturbants dans leurs vies personnelles et professionnelles.
Les enseignant∙e∙s se sont adapté∙e∙s à cette nouvelle réalité en un rien de temps. Au niveau des écoles, un leadership et une collaboration professionnelle ont été immédiatement instaurés. Les enseignant∙e∙s du monde entier ont échangé sur les défis rencontrés, partagé des expériences sur l’enseignement numérique, des méthodes d’apprentissage, des recommandations à propos des plateformes numériques. La créativité, le dévouement et l’esprit communautaire dont les enseignant∙e∙s ont fait preuve ne sont rien moins qu’extraordinaires.
L’ Union of Education Norway a encouragé ses membres à prendre part du mieux qu’il∙elle∙s peuvent, même lorsqu’on les sollicite pour effectuer des tâches qui ne figurent pas dans leur descriptif de poste. En ces temps de crise, nous avons tous un rôle à jouer. Nous devons être flexibles, mais nous devons aussi rester attentif∙ive∙s.
En Norvège, une loi habilitante a été adoptée avant Pâques. Le parlement a délégué le pouvoir au gouvernement pendant une durée limitée, afin de lutter le plus efficacement possible contre la pandémie de COVID-19. Une telle loi est peut-être nécessaire, mais nous devons malgré tout rester vigilant∙e∙s. En tant qu’enseignant∙e∙s et syndicalistes, nous devons défendre la démocratie.
À l’heure actuelle, la communication avec les autorités nationales et locales est très satisfaisante. En Norvège, le dialogue social est institutionnalisé, mais cela ne signifie pas que le modèle scandinave ne puisse être remis en question en temps de crise. En conséquence, nous devons veiller à ce que le dialogue social soit maintenu. Alors que nous allons de l’avant, nos droits, nos salaires et nos conditions de travail doivent être évalués et débattus. Des enseignant∙e∙s épuisé∙e∙s, cela n’est bon pour personne.
Lorsque le système d’éducation est constamment soumis à des changements, les autorités doivent impliquer la profession enseignante. Elles doivent prendre des décisions fondées sur le jugement professionnel, garantir une éducation de qualité pour tou∙te∙s et instaurer la confiance.
Il est impératif d’instaurer la confiance. Nous avons tous pris conscience de l’amplitude de notre dépendance des un∙e∙s vis-à-vis des autres. Nous devons faire confiance aux médias, aux autorités et à chacun∙e d’entre nous. Les parents doivent aussi nous faire confiance à nous, les enseignant∙e∙s, pour continuer à fournir une éducation de qualité à leurs enfants.
À l’UEN, nous avons également accordé une place prioritaire au maintien du dialogue dans l’organisation. Nous sommes parvenus à préserver les contacts formels et informels entre les diffèrent niveaux. Je suis convaincu que cela est primordial afin de maintenir et de renforcer la confiance au sein de l’organisation et notre crédibilité au regard de notre communication externe.
Cette pandémie a révélé l’importance de services publics gratuits de qualité pour tou∙te∙s. Les travailleur∙euse∙s de la santé, les policier∙ière∙s, les chercheur∙euse∙s et les enseignant∙e∙s sont des professionnel∙le∙s et des personnes qui fournissent un effort extraordinaire. En temps de crise, nous dépendons d’eux∙elles. Et eux∙elles, de nous.
Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.