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Multiplication des atteintes aux libertés académiques à travers le globe: un rapport du réseau Scholars at Risk fait le point

Publié 2 décembre 2019 Mis à jour 3 décembre 2019
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Réagissant à la publication du rapport annuel du réseau Scholars at Risk, qui documente et analyse les attaques à l’encontre des communautés de l’enseignement supérieur dans le monde, l’Internationale de l’Éducation dénonce avec fermeté les atteintes aux libertés académiques et réaffirme la nécessité de remédier au manque de fonds, aux conditions d’emploi précaires ainsi qu’à la privatisation et à la commercialisation de l’enseignement supérieur.

Cette année, le rapport Free to Think(en anglais) publié par Scholars at Risk analyse 324 cas d’attaques à l’encontre des communautés de l’enseignement supérieur dans 56 pays, contre 294 attaques dans 47 pays l’an passé. Les attaques ainsi documentées ont eu lieu entre le 1er septembre 2018 et le 31 août 2019 et incluaient les attaques violentes ciblées sur les universités; l’emprisonnement et les poursuites d’universitaires et d’étudiant·e·s, en particulier en Chine et en Turquie; et les tensions croissantes en Inde, au Soudan, au Brésil, et ailleurs. Des milliers de personnes sont concernées par ces attaques, qui portent atteinte aux libertés académiques et à la liberté d’expression au sein de communautés entières et entravent le développement social, politique, culturel et économique.

« Les attaques à l’encontre des communautés de l’enseignement supérieur – quels que soient le lieu de ces attaques, leur ampleur ou leur portée – génèrent des conséquences pour toutes les sociétés », explique Robert Quinn, directeur exécutif du réseau Scholars at Risk . « Dans notre monde de plus en plus interconnecté, ces attaques gangrènent peu à peu l’espace essentiel dont disposent les universitaires, les étudiants et le grand public pour se retrouver et chercher à comprendre et résoudre les problèmes complexes qui nous affectent toutes et tous. »

Scholars at Risk appelle les États, les dirigeant·e·s de l’enseignement supérieur et le public à réagir à ces attaques, à rejeter la violence et la coercition visant à restreindre la liberté d’expression et de recherche, à protéger les universitaires, les étudiant·e·s, et les universités; et à réaffirmer publiquement leur attachement aux libertés académiques et aux principes selon lesquels le discours critique n’est pas un manque de loyauté et les idées ne sont pas des crimes.

Le rapport présente également certaines mesures à l’endroit des diverses parties prenantes – établissements de l’enseignement supérieur, associations et sociétés; professeur·e·s, personnel et étudiant·e·s; médias; et public – en vue de promouvoir et protéger les libertés académiques. Dans le cadre de ces mesures, il s’agit également d’appeler un nombre accru d’Etats à souscrire à la Déclaration sur la sécurité dans les écoles; les établissements d’enseignement supérieur à proposer des postes temporaires servant de refuge aux universitaires en situation de danger; et les professeur·e·s et étudiant·e·s à participer aux cliniques juridiques sur les libertés académiques et aux séminaires de sensibilisation des élèves organisés par Scholars at Risk.

8e Congrès mondial de l’IE: des préoccupations exprimées lors du caucus de l’enseignement supérieur

Les hauts et les bas de l’enseignement supérieur ont également été examinés lors du 8e Congrès de l’Internationale de l’Éducation (IE) tenu au mois de juillet 2019 à Bangkok, en Thaïlande. Organisé le 20 juillet, le Caucus de l’enseignement supérieur réunissait des employé·e·s de l’enseignement supérieur et post-secondaire.

« Alors que la mission des universités, en tant qu’institutions publiques, est de servir le bien commun, elles se battent pour obtenir des fonds publics et se heurtent à des pressions toujours plus importantes exercées par les forces du marché, avec des effets considérables sur les libertés académiques et les conditions d’emploi », a souligné le Secrétaire général de l’IE, David Edwards.

Ce dernier a également condamné le « gaspillage d’une grande partie du potentiel de nos étudiants et étudiantes », rappelant que « les étudiants ne sont pas uniquement des travailleurs, ils sont aussi des citoyens » et que « l’enseignement, la recherche et les autres professions de l’éducation sont des piliers de la démocratie », aujourd’hui en proie à de graves menaces à travers le globe.

L’IE appelle en outre les gouvernements, les organisations membres et les citoyen·ne·s concerné·e·s à prendre des mesures énergiques pour protéger les libertés académiques dans le monde. La Recommandation de l’UNESCO de 1997 concernant la condition du personnel enseignant de l’enseignement supérieur doit être pleinement mise en œuvre.