Le National Union of the Teaching Profession (NUTP), l'un des affiliés nationaux de l'IE, a expliqué que le nouveau système éducatif et la charge de travail supplémentaire que représente la collecte des données exigées par le Ministère de l'Education compromettent la qualité de l'enseignement.
Surcroît de travail administratif pour le personnel enseignant
« Le personnel enseignant n'est plus en mesure de dispenser un enseignement de qualité aux élèves, et le seul responsable de cette situation est clairement le Ministère de l'Education, lequel semble vouloir submerger les enseignantes et les enseignants avec de la paperasse administrative », a affirmé Hashim Adnan, Président du NUTP. « Aujourd'hui, le personnel enseignant est face à une multiplication des tâches administratives due à la volonté des responsables politiques d'obtenir toute une série de données », a-t-il ajouté.
A cette fin, précise-t-il, les enseignant(e)s ont l'obligation de consigner toutes leurs notes individuelles, une procédure qui représente non seulement un temps de travail considérable mais également une source de stress.
Et d'ajouter : « Le personnel enseignant consacre une bonne partie de la journée à cette saisie régulière des données et travaille jusqu'à 3 ou 4 heures de l'après-midi pour respecter les échéances qui lui sont imposées. Tout retard imputable à un seul membre du personnel aurait des retombées sur l'ensemble du corps enseignant, une situation inévitable étant donné que les notes acquises par les élèves au fil des ans sont impossibles à obtenir. »
Sceptique, Adnan qualifie ce système de « mauvais et propice au plagiat », dans la mesure où des enseignant(e)s pourraient se contenter de recopier les notes obtenues par les élèves auprès de leurs collègues.
Il a en outre déploré que, dans le cadre d'un système appelé Melindungi Masa Instructional(MMI), mis en place en avril 2013, les enseignant(e)s ont l'obligation de couvrir l'ensemble de leur programme scolaire annuel, et ce, sans pouvoir bénéficier de l'aide de remplaçant(e)s.
« Qui va se charger de donner cours aux élèves, si les enseignantes et enseignants doivent participer à des réunions et assister à des activités sportives ? », s'interroge Adnan. « Depuis l'instauration du MMI, les enseignants n'ont plus d'autre choix que d'accélérer la cadence pour tenter de boucler leur programme. Ce système les empêche définitivement de dispenser l'enseignement de qualité dont ont besoin les jeunes élèves. Même sans le MMI, les enseignantes et enseignants ont toujours offert une éducation de qualité à leurs élèves, comme en témoignent bon nombre d'entre eux qui ont eu l'occasion de poursuivre leurs études supérieures à l'étranger. »
« Si nous souhaitons que les enseignants se dédient entièrement à l'éducation de qualité, laissons-les exercer leur profession comme il se doit, et évitons surtout de leur assigner des tâches qui ne sont pas de leur ressort. La mission des enseignants consiste avant tout à enseigner et non à saisir des données à longueur de journée », a-t-il souligné.
Le Ministère de l'Education doit tenir compte de l'avis des enseignant(e)s
Il a également condamné le fait que le Gouvernement refuse de tenir compte de l'avis du syndicat et a insisté sur ce point:
« Les responsables du Ministère de l'Education doivent faire preuve d'ouverture et se montrer plus ambitieux lorsqu'il s'agit d'être à l'écoute de nos points de vues. C'est l'unique moyen de développer un système efficace. Car nous pouvons leur expliquer ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. »
Il a ajouté que le NUTP avait une réelle volonté de collaborer avec le Ministère de l'Education en vue d'améliorer la qualité de l'éducation dans les établissements scolaires, mais qu'avant cela, il devait accepter d'écouter les propositions des syndicats de l'éducation.
« Si le Ministère refuse de tenir compte des commentaires du NUTP, nous ne pourrons hélas rien faire », a-t-il regretté.
IE: Le gouvernement doit être à l'écoute des syndicats
« Les pouvoirs publics ont l'entière responsabilité de garantir une éducation publique de qualité gratuite et celle de permettre à chaque citoyenne et citoyen d'y accéder », a déclaré Fred van Leeuwen, Secrétaire général de l'IE, avant d'ajouter : « Nous demandons instamment au gouvernement malaisien d'engager des négociations de bonne foi avec les organisations représentant le personnel enseignant et de tenir compte de leurs recommandations en vue d'améliorer la qualité de l'éducation dans le pays. »