Ei-iE

Albanie : les syndicats de l’éducation s’unissent et mènent une lutte acharnée pour le changement

Publié 24 mars 2025 Mis à jour 31 mars 2025
Abonnez-vous à nos newsletters

Les principaux syndicats de l’éducation albanais ont uni leurs forces pour exiger une hausse des investissements en faveur d’un enseignement public de qualité et de meilleures conditions de travail et de vie pour les enseignant·e·s, donnant ainsi un exemple positif à partager avec leurs collègues dans toute l’Europe et au-delà.

Le secteur de l’éducation en Albanie est en pleine mutation : les deux grands syndicats, le SPASh-ITUEA, Syndicat indépendant de l’éducation d’Albanie (Sindikata e Pavarur e Arsimit të Shqipërisë), et la FSASH, Fédération albanaise des syndicats de l'éducation (Federata Sindikale e Arsimit të Shqipërisë), s’unissent pour réclamer un financement accru et de meilleures conditions de travail pour les éducateur·trice·s. Cette collaboration s’intègre pleinement dans la campagne mondiale lancée par l’Internationale de l’Éducation (IE), « La force du public : ensemble on fait école ! », visant à renforcer l’enseignement public à travers le globe.

« La force du public », un facteur de ralliement et un outil pour s'organiser

Nevrus Kaptelli, président du SPASH, a insisté sur l’importance de la campagne : « La campagne ”La force du public“ est nécessaire ici, car si l’on fait une comparaison avec le reste de la région, l’Albanie est le pays qui investit le moins dans ce domaine, avec seulement 2,35 % de son PIB consacrés à l’éducation. » Ce chiffre est bien inférieur aux 6 % prévus dans les recommandations des Nations Unies sur la profession enseignante.

Il a évoqué les diverses activités organisées dans le cadre de la campagne, notamment les marches, les formations et les ateliers, qui ont permis de guider les enseignant·e·s et de faire la promotion de l’enseignement public.

Shpetim Brahaj, président nouvellement élu de la FSASH, a fait part de son point de vue concernant les efforts du syndicat : « Étant nous-mêmes des enseignants et enseignante, nous connaissons mieux que quiconque les besoins des enseignants et enseignantes de base. L’IE nous aide à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour les membres et les enseignants. » M. Brahaj a également fait remarquer les améliorations observées dans les opérations du syndicat et la forte volonté qu’ont les membres d’agir.

Un exemple pour les syndicats européens de l’éducation

Jelmer Evers, directeur du Comité syndical européen de l’éducation (CSEE), a félicité les syndicats albanais pour leur travail exemplaire : « Un modèle à suivre pour de nombreux syndicats, y compris le mien, l’AOb, aux Pays-Bas. Je vais vous fournir un contexte plus large et vous expliquer comment s’y inscrit la campagne ‘La force du public’ ». M. Evers a discuté de l’alignement des priorités stratégiques du CSEE sur celles de l’IE – Profession, Éducation publique, Personnes et Planète – et de la nécessité d’une approche holistique pour contrer les programmes adoptés par l’Union européenne, particulièrement axés sur le commerce, dont l’« effet directeur peut même affecter les pays non membres de l’UE ».

Il a également mentionné les priorités découlant des demandes des membres du CSEE : enseignement public et profession ; démocratie, droits, extrême droite ; égalité et inclusion ; et syndicalisation, renforcement des capacités et réseaux.

« Il nous faut une stratégie sur les compétences pour les pays non membres de l’UE. Nous prévoyons d’organiser des réunions au niveau sous-régional afin de mieux répondre à vos besoins régionaux et locaux, pour des décisions plus approfondies, des réseaux et des programmes orientés sur des thèmes politiques, par exemple l’intelligence artificielle », a-t-il ajouté.

Étant donné que le comité du CSEE se réunira les 8 et 9 avril à Bruxelles, en Belgique, M. Evers a appelé les dirigeants syndicaux albanais à partager leur expérience avec leurs collègues européens : « En ce qui concerne les grands choix à faire et les efforts à fournir pour mobiliser les membres, vous êtes des experts actifs et votre gouvernement vous considère comme une force positive. Vous êtes à un stade plus avancé que d’autres collègues. Nous aimerions que vous leur transmettiez vos connaissances sur ce qu’il faut faire, sur ce qui doit être fait à plus grande échelle. »

Les syndicats doivent soutenir les revendications et descendre dans la rue lorsque l’on a épuisé toutes les autres solutions, a-t-il conclu.

Défis et actions futures

Malgré les progrès accomplis, M. Kaptelli a souligné les défis permanents auxquels sont confronté·e·s les éducateur·trice·s dans son pays : « En Albanie, le principal problème, c’est le salaire. L’enseignement n’est pas un métier qui intéresse les étudiants. 50 % des établissements de formation des enseignants et enseignantes ont fermé leurs portes parce que personne ne veut rejoindre la profession enseignante. Les salaires ne motivent pas les étudiants et étudiantes à choisir cette carrière. Aujourd’hui, seuls sept étudiants sont inscrits pour devenir professeurs de physique en Albanie. » Il a souligné la nécessité d’augmenter les financements pour rendre la profession d’enseignant plus attrayante et garantir l’avenir de l’éducation dans le pays.

Alors que les syndicats se préparent à la prochaine réunion du Conseil national de l’enseignement pré-universitaire, ils restent déterminés à faire pression pour obtenir davantage d’investissements dans l’enseignement public avant les débats sur les allocations budgétaires nationales, en novembre 2025.

La collaboration entre le SPASh et la FSASH est un exemple puissant de la manière dont les syndicats peuvent mener le changement et œuvrer en faveur d’une amélioration des systèmes éducatifs. Soutenus par l’IE et le CSEE, ils ouvrent la voie à un avenir meilleur pour l’enseignement public dans le pays. Grâce à un plaidoyer persistant et à des actions stratégiques, ces syndicats veillent à ce que les éducateur·trice·s reçoivent le soutien et les ressources dont il·elle·s ont besoin pour offrir une éducation de qualité à tou·te·s les élèves.