Les attaques de groupes armés contre les écoles et les étudiant·e·s se sont multipliées ces derniers mois au Nigeria, où les enlèvements contre rançon sont une entreprise criminelle très répandue. Les autorités nigérianes doivent agir rapidement pour protéger le droit à l’éducation des enfants, en particulier des filles.
Le vendredi 26 février, un groupe important d’hommes armés non identifiés a effectué un raid sur l’école secondaire publique de filles de la ville de Jangebe, dans l’État de Zamfara, au cours d’une attaque nocturne. Ils ont enlevé 279 filles dans leur internat et les ont emmenées dans la forêt. Toutes les filles ont finalement été libérées mardi soir après quatre jours de peur et de terreur.
L’Internationale de l’Éducation a immédiatement condamné l’attaque et a demandé la libération immédiate des écolières kidnappées à Jangebe et de tous les enfants actuellement aux mains des groupes armés au Nigeria.
« Tous les enfants ont le droit à l’éducation dans un environnement sûr, sans violence ni harcèlement. Nous devons tout particulièrement défendre le droit des filles à une éducation de qualité à chaque étape », a déclaré David Edwards, secrétaire général de l’Internationale de l’Éducation. Il a ajouté : « Le gouvernement nigérian doit agir immédiatement pour empêcher de telles attaques dans les écoles, pour protéger la vie des enfants et pour garantir leur droit à l’éducation ».
Le kidnapping est un problème trop fréquent dans le nord du Nigeria où des groupes extrémistes et des gangs criminels ont recours à l’enlèvement dans l’espoir d’obtenir une rançon. Le paiement d’une telle rançon est controversé dans le pays et les autorités ont déclaré à plusieurs reprises qu’elles ne négociaient pas avec les groupes armés. Les groupes armés prennent de plus en plus souvent pour cible les écolier·e·s et les enseignant·e·s.
L’attentat de Jangebe est le troisième d’une série d’enlèvements massifs ciblant des étudiant·e·s et des écolier·e·s dans le nord du Nigeria au cours des derniers mois. En décembre, 344 garçons ont été enlevés dans leur internat dans la ville de Kankara, dans l’État de Katsina, et ont été libérés au bout de six jours. Une autre attaque contre un internat de Kagara a eu lieu le 17 février, entraînant la mort d’un élève et l’enlèvement de 27 élèves, 3 enseignants et 12 membres de la famille du personnel de l’école. Tous ont été libérés 10 jours plus tard, le 27 février.
Le Secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a fermement condamné les récentes attaques et a réaffirmé que « les attaques contre les écoles et autres installations éducatives constituent une grave violation des droits de l’enfant et des droits humains en général ». Il a en outre souligné que « les écoles doivent rester des espaces sûrs où les enfants peuvent apprendre sans craindre la violence ».
Ces attaques rappellent douloureusement à la communauté internationale que sept ans après l’enlèvement notoire de 276 filles par le groupe islamiste Boko Haram dans la ville de Chibok, dans l’État de Borno, il n’est toujours pas sûr pour les étudiant·e·s et les écolier·e·s de simplement se rendre à l’école dans le nord du Nigeria. En 2014, les événements de Chibok ont suscité une indignation mondiale. Si certaines des filles ont été libérées à la suite de la campagne mondiale en ligne « BringBackOurGirls », plus d’une centaine d’entre elles sont toujours portées disparues aujourd’hui.
Impact dévastateur sur le droit à l’éducation
Au-delà du risque direct de violence et d’exploitation auquel sont confrontés les enfants et les enseignant·e·s enlevé·e·s, ces attaques contre les écoles ont un impact dévastateur sur le droit à l’éducation des enfants, en particulier des filles. De nombreux enfants ne sont pas retournés en classe par crainte de nouvelles attaques et certaines écoles ont fermé.
Les experts des Nations Unies ont récemment souligné que même après leur libération, les victimes sont « exposées à un risque accru d’exploitation, de traite, de violence sexuelle et sexiste et d’autres formes de violence ». Ces enfants ne bénéficient souvent pas du soutien nécessaire des autorités pour surmonter le traumatisme et retrouver leur bien-être physique et mental.
La semaine dernière, le Comité régional africain de l’Internationale de l’Éducation a adopté une résolution condamnant les enlèvements et appelant le gouvernement nigérian à prendre des mesures immédiates pour empêcher les attaques contre les écoles et autres établissements d’enseignement.
Le directeur régional de l’Internationale de l’Éducation pour l’Afrique, Dennis Sinyolo, a appelé le gouvernement nigérian à briser le cycle sans fin des enlèvements et à protéger les étudiant·e·s et les enseignant·e·s des attaques : « Les autorités éducatives du continent devraient garantir des environnements d’enseignement et d’apprentissage qui soient favorables, confortables, sûrs et sécurisants pour tous et toutes. C’est une condition préalable fondamentale si nous voulons parvenir à une éducation de qualité et protéger le droit des enfants à l’éducation. »