Les syndicats d’enseignants ont un rôle déterminant à jouer dans la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) et leur voix doit être entendue. Tels sont les propos repris de l’Internationale de l’Éducation dans sa dernière contribution aux consultations sur le Rapport mondial de suivi sur l’éducation (GEM) sur les acteurs non étatiques.
Le 30 novembre, des représentant·e·s des organisations membres de l’Internationale de l’Éducation aux quatre coins du globe ont pris part à une réunion de consultation afin de débattre du Rapport mondial de suivi sur l’éducation 2021/22 sur les acteurs non étatiques, et plus spécifiquement de l’impact des acteurs non étatiques sur les personnels de l’éducation.
La consultation était organisée par l’équipe du Rapport GEM en collaboration avec l’Internationale de l’Éducation et l’Équipe spéciale internationale sur les enseignant·e·s pour l’Éducation 2030.
Le rôle des acteurs non étatiques dans l’éducation
La notion d’acteurs non étatiques renvoie à un large éventail d’acteurs non gouvernementaux impliqués dans la sphère éducative, y compris les prestataires de services éducatifs payants, les entreprises spécialisées dans les technologies de l’éducation (EdTech), les organisations non gouvernementales (ONG), les groupes religieux, les philanthropes, la société civile, les organisations d’étudiants et les syndicats de l’éducation. Le Rapport GEM 2021/22 évaluera les implications de leur prise d’influence croissante dans la réalisation de l’ODD 4 et formulera des recommandations clés à l’endroit des gouvernements et de la communauté éducative mondiale en vue d’atteindre l’objectif d’une éducation de qualité pour toutes et tous.
Il s’agit d’un ajout important pour ce rapport, qui pourrait bien influencer le discours et l’action à l’échelon international en lien avec les acteurs non étatiques. Dans le contexte de la campagne de l’Internationale de l’Éducation, Réponse mondiale contre la privatisation et la commercialisation de et dans l’éducation, la fédération syndicale mondiale est particulièrement préoccupée par l’implication des entreprises à but lucratif dans le domaine de l’éducation. En outre, l’Internationale de l’Éducation souhaiterait que le Rapport GEM reconnaisse la contribution et le rôle importants des syndicats de l’éducation pour ce qui est d’influencer la politique éducative et de renforcer les systèmes d’éducation à travers le dialogue social et politique.
UNESCO : les enseignant·e·s sont l’épine dorsale de tout système éducatif
Borhene Chakroun, Directeur de la Division de l’UNESCO pour les politiques et les systèmes d’apprentissage tout au long de la vie, a souligné que la pandémie de COVID-19 avait renforcé l’influence des acteurs non étatiques dans l’éducation. La crise de la COVID-19 a mis en lumière le fait que « les enseignant·e·s sont l’épine dorsale de tout système éducatif ; pour élaborer des interventions efficaces dans le secteur de l’éducation, il est essentiel de les consulter et de les impliquer dans le processus politique », a-t-il déclaré.
Internationale de l’Éducation : une voix au chapitre pour les éducateur·trice·s, à travers leurs syndicats
Dennis Sinyolo, coordinateur régional principal de l’Internationale de l’Éducation pour l’Afrique, a souligné la nécessité pour le Rapport GEM de réaffirmer l’éducation comme un droit humain fondamental et comme un bien public, dans la droite ligne des mandats, principes et engagements de l’ONU. Et d’ajouter : « Les gouvernements devraient prendre des mesures législatives, financières et programmatiques en vue de garantir ce droit, y compris le droit à un travail décent pour les enseignants et enseignantes et les personnels de soutien à l’éducation ».
Faisant observer que les syndicats de l’éducation sont eux-mêmes des acteurs non étatiques, il a également souligné que « les enseignants ne sont pas seulement des exécutants de la politique, ils sont également des spécialistes en pédagogie, des chefs de file et des agents du changement. C’est pourquoi les éducateurs devraient être impliqués dans un véritable dialogue social et politique institutionnalisé, et ce par le biais de leurs syndicats. »
La consultation était axée sur quatre thèmes phare : les conditions de travail dans les écoles non étatiques ; la gouvernance, la réglementation et le soutien scolaire privé ; la prise d’influence (dialogue social et EdTech) ; et le perfectionnement professionnel des enseignant·e·s.
Conditions de travail dans les écoles non étatiques
De nombreuses questions importantes à prendre en considération dans le rapport GEM ont été mises en exergue par les organisations membres de l’Internationale de l’Éducation. En ce qui concerne les conditions de travail dans les institutions privées, la nécessité pour le secteur privé de se conformer aux mêmes normes de santé et de sécurité que dans le secteur public a été clairement soulignée. En outre, les organisations membres ont évoqué le licenciement de nombre de travailleur∙euse∙s du secteur éducatif, depuis le début de la pandémie.
Gouvernance, réglementation et soutien scolaire privé
Le groupe sur la gouvernance, la réglementation et le soutien scolaire privé a évoqué à quel point il était important de s’assurer que les cadres réglementaires placent l’équité et la qualité à l’avant-plan, soulignant en outre que les systèmes publics étaient les mieux à même de garantir le droit à l’éducation pour tou·te·s. Le groupe a également discuté de l’écart entre la réglementation et son application, dans la pratique, et de la nécessité d’aborder la question du soutien scolaire privé et de réglementer cette pratique. Il a du reste souligné le besoin de renforcer les mécanismes tels que le dialogue social dans le contexte de la COVID-19, lorsqu’il est nécessaire d’engager des négociations sur la réglementation des conditions de travail.
Influence des acteurs non étatiques
Dans le cadre des échanges portant sur l’influence des acteurs non étatiques dans l’éducation, les participant·e·s ont expliqué que les entreprises de l’EdTech occupaient une place croissante dans l’élaboration et la conception des politiques en période de pandémie. En Amérique latine, par exemple, il a été constaté que les entreprises de l’EdTech proposaient en général des programmes d’enseignement standardisés, conduisant à des réformes curriculaires à plus longue échéance non négociées avec la profession. Les organisations membres ont insisté sur la nécessité pour les gouvernements de faire en sorte que les solutions numériques destinées à l’enseignement public soient conçues par des universités et d’autres acteurs publics en impliquant les syndicats d’enseignants, et qu’elles soient gratuites et publiques. Il a du reste été souligné que les syndicats de l’éducation, en tant que représentants de la profession, devraient être consultés dans le cadre de toute décision se rapportant à la politique éducative.
Perfectionnement professionnel des enseignant·e·s
Sur le thème du perfectionnement professionnel des enseignant·e·s, il a été mis en avant que la notion de profit pouvait occulter celle de qualité, et que ces travailleur·euse·s devraient pouvoir accéder à des opportunités de perfectionnement professionnel gratuites. Il a en outre été soutenu que les syndicats de l’éducation devraient être reconnus pour leur contribution en la matière, à travers les opportunités de perfectionnement professionnel proposées à leurs membres.
Contribution additionnelle
Si vous souhaitez partager certains faits avec l’équipe du Rapport GEM, merci d’utiliser l’adresse e.soto-echeverri@unesco.org d’ici le 14 décembre. Vous pouvez également vous adresser à nous à l’adresse research@ei-ie.org – l’Internationale de l’Éducation transmettra encore d’autres informations aux auteurs du Rapport GEM.