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#JournéeMondialeDesEnseignants | Les leçons de la pandémie : « Célébrer notre humanité », par Felisa Tibbitts.

Publié 3 octobre 2020 Mis à jour 6 octobre 2020
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Un lien commun entre les éducateur·rice·s et les apprenant·e·s du monde entier durant cette pandémie est leur humanité partagée. Les enseignant·e·s, les administrateur·rice·s, les étudiant·e·s et leurs familles ont dû répondre sans délai aux attentes liées à la scolarisation lors de la fermeture des écoles. Il est vrai que cette mise en veille des établissements scolaires a obligé les éducateur·rice·s à repenser l’enseignement habituellement dispensé dans les classes. De même, les enseignant·e·s ont repris conscience de leur vulnérabilité et de celle de leurs étudiant·e·s.

Les enseignant·e·s sont les premiers témoins de ce que la pandémie a exigé d’eux·elles. J’ai contacté plusieurs éducateur·rice·s que je connais pour avoir leur avis sur ce que la pandémie a représenté pour leur enseignement et savoir ce que nous pouvons tirer de leurs expériences.

Plusieurs éducateur·rice·s américain·e·s ont souligné que la pandémie avait accentué les inégalités déjà manifestes dans les écoles, ainsi que la vulnérabilité de certain·e·s étudiant·e·s.

Michael Porter, enseignant en Floride, déclare : « Cette pandémie nous a forcés à comprendre l’importance de l’enseignement public américain pour les élèves les plus vulnérables de notre pays ».  Milton Reynolds, de Californie, nous met en garde : «Comme le montrent clairement les conséquences asymétriques de la pandémie de Covid-19, les schémas de la dévaluation catégorique qui ont marqué notre passé demeurent toujours très présents aujourd’hui ». John (Jake) Garrels, enseignant dans le Massachusetts, observe : « Comme la plupart des crises, le coronavirus a mis à nu un autre mal qui gangrène l’Amérique depuis sa création : l’inégalité. Les riches circonscriptions, bien qu’elles n’aient pas été épargnées, ont pu affronter la tempête grâce à leurs ressources humaines et technologiques, alors que les régions moins fortunées ont dû lutter et ont perdu le précieux terrain qu’elles ont gagné récemment ».

Jake Garrels souligne ensuite que l’enseignement à distance a eu davantage de conséquences négatives sur ses étudiant·e·s ayant des besoins spéciaux, « qui comptent énormément sur des services individualisés, difficiles à assurer efficacement dans le cadre de l’apprentissage à distance ». Facteur aggravant, ces étudiant·e·s proviennent généralement d’écoles où les classes sont surpeuplées et où les mesures de distanciation sociale sont quasiment impossibles à respecter.

Beaucoup d’éducateur·rice·s ont découvert qu’il·elle·s avaient le pouvoir de revendiquer haut et fort leur sécurité et leur bien-être, ainsi que ceux de leurs étudiant·e·s. La plupart des enseignant·e·s qui ont répondu à mon invitation à contribuer à ce forum de l’IE ont expliqué comment il·elle·s avaient découvert de nouvelles ressources et stratégies internes pour travailler avec les apprenant·e·s.

Miles Rinehart, enseignant new-yorkais spécialisé dans les besoins spéciaux, explique : « En tant qu’enseignant, je cherche toujours à développer les connaissances des élèves par tous les moyens possibles et à soutenir leur apprentissage, mais le plus important pour moi et nombre de mes collègues en ce moment est de leur fournir un endroit, à distance ou dans un établissement réel, leur permettant de se sentir en sécurité et d’être pris en charge pour pouvoir répondre à leurs ambitions académiques ».

Jake Garrels, qui enseigne à des jeunes détenu·e·s, incarcéré·e·s en vertu du système américain de justice pour mineur·e·s dans le Massachusetts, explique comment il a travaillé dans les conditions imposées par la pandémie : « Bien avant le reste du pays, le département des services à la jeunesse a massivement investi dans la technologie Chromebook et a encouragé l’utilisation des applications telles que Google Classroom. Étant donné que mon enseignement est depuis longtemps centré sur des projets indépendants dirigés par les élèves, cette nouvelle orientation a joué en notre faveur. » Il souligne également la persistance de certains problèmes, étant donné que « plus d’un tiers de nos élèves suivent des Plans d’enseignement individualisé (PEI) et rencontrent des difficultés à accomplir des tâches en l’absence d’un encadrement adapté, qui ne peut être reproduit à distance ».

L’apprentissage est une expérience profondément humaine qui, comme nous le savons, se base sur la relation fondamentale entre l’éducateur·rice et l’apprenant·e. En Europe, où certain·e·s étudiant·e·s ont désormais repris les cours présentiels, mes collègues enseignant·e·s ont mis en avant l’importance de cette relation humaine, nouvellement redécouverte. Filip Car, en Croatie, souligne : « Je crois que cette période et cette situation nous ont démontré à quel point la composante humaine restait importante dans l’éducation et que, à bien des égards, ce facteur avait été négligé ».John Crane, éducateur en République tchèque, précise que le retour à l’école « a simplement confirmé que l’aspect le plus important de l’éducation, ce sont les relations qui se créent dans une classe. Les interactions humaines sont complexes et ne proposer à nos enfants que des relations numériques n’est certainement pas une solution pour assurer leur formation holistique. »

En tant qu’éducatrice et militante dans le domaine des droits humains, j’aimerais croire que l’importance des enseignant·e·s a été revalorisée aux yeux du grand public. Je constate aussi que la voix des enseignant·e·s et de leurs syndicats est aujourd’hui plus puissante que jamais. Et ensuite ? Peut-être davantage de respect pour les enseignant·e·s, les administrateur·rice·s et le travail qu’il·elle·s accomplissent ? Comme l’affirme Michael Porter, de Floride : « En Amérique, les enseignants sont résilients, tout comme leurs élèves. Un grand nombre d’enseignants, même s’ils sont extrêmement préoccupés par le manque de respect systématique pour tout ce qu’ils font, s’épanouissent et créent une nouvelle synergie grâce à leur volonté de comprendre les ressources disponibles et de savoir comment les utiliser rapidement et efficacement. Je ressens avec passion que l’éducation, comme beaucoup de forces dans le monde, est dans une phase de renaissance et de redéfinition d’elle-même et du rôle important qu’elle a toujours eu dans la société. »

Et peut-être qu’un objectif commun partagé par beaucoup est l’engagement renouvelé à lutter contre les inégalités au sein de nos sociétés, tellement apparentes dans nos systèmes scolaires.  Milton Rôle, éducateur en Californie, appelle à une prise de conscience du racisme aux États-Unis et au rôle de l’éducation pour l’éradiquer : « En tant qu’éducateurs et éducatrices, nous devons tirer les leçons de notre passé et nous fixer comme objectif de transcender les conséquences de notre conditionnement aveugle à la différence ( colorblind) qui, depuis trop longtemps, affaiblit notre dignité et nous abrutit sur le plan cognitif. Cela exigera de déployer des efforts continus, motivés par des objectifs, le courage et un souci de clarification, et de comprendre l’histoire de la racialisation et de l’identification différentielles qui sous-tendent les schémas conduisant au gaspillage humain et empêchant de progresser vers un avenir inclusif et constructif. »

Comme je l’ai précisé dès le début, un lien commun entre les éducateur·rice·s et les apprenant·e·s du monde entier durant cette pandémie est leur humanité partagée. Ceci s’applique à la fois à la salle de classe et à la communauté mondiale des éducateur·rice·s que représente l’internationale de l’Éducation. En cette Journée mondiale des enseignant·e·s, célébrons la dimension humaine de l’enseignement dans le contexte du droit humain à l’éducation pour tous les individus. Et encourageons-nous, ainsi que nos dirigeant·e·s, à réexaminer en profondeur les douloureuses inégalités mises à nu par la pandémie, et à en faire plus encore pour nos enfants, tous les enfants. Ils le méritent.

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Le 5 octobre, à l’occasion de la Journée mondiale des enseignant·e·s, l’Internationale de l’Éducation organise un évènement virtuel de 24 heures à travers le monde entier. Partout dans le monde, les enseignant·e·s se réunissent pour partager ce qu’il·elle·s ont appris en tant que profession et expliquer comment nous pouvons garantir et faire avancer l’éducation de qualité, inclusive et équitable pour tou·te·s.

Le programme complet, auquel participent des enseignant·e·s du monde entier, des chef·fe·s d’Etat, des Premier·ère·s ministres, des ministres de l’Éducation, des dirigeant·e·s d’organisations internationales, des journalistes et scientifiques célèbres, un lauréat du prix Nobel de la paix, ainsi que bon nombre d’autres personnalités, et disponible sur le site >www.5oct.org/programme/>.<>

L’événement est retransmis en direct sur toutes les plateformes de l’internationale de l’Éducation. Vous pouvez vous inscrire ici.

Tous les liens vers les retransmissions en direct sont disponibles sur le site >www.5oct.org/watch/>. Un service d’interprétation est assuré en anglais, français, espagnol, arabe, portugais, russe et japonais.<>

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