Au Népal, le Sansthagat Vidyalaya Schickshak Union Nepal (ISTU) a adressé une série de revendications au gouvernement, soulignant les nouveaux défis posés par la pandémie de COVID-19 aux enseignant·e·s et au personnel éducatif du secteur privé, et comment y répondre.
Le 20 septembre, l’ISTU a sollicité le rétablissement des salaires des enseignant·e·s et du personnel éducatif des établissements privés, la réintégration des enseignant·e·s démis·es de leurs fonctions et l’augmentation des investissements en faveur de l’éducation. Le syndicat avait formulé ses revendications à l’occasion d’une conférence de presse, qui avait trouvé un large écho médiatique.
« La COVID-19 a eu des répercussions négatives sur le secteur de l’éducation, ainsi que sur d’autres secteurs dans le pays, » a déclaré le président de l’ISTU, Hom Kumar Thapa. « Les établissements institutionnels (financés par le secteur privé) n’ont pas été épargnés. »
L’ISTU est un syndicat national ayant vocation à promouvoir une éducation de qualité ainsi que les droits et les devoirs professionnels des enseignant·e·s et du personnel des écoles institutionnelles – privées, de l’éducation de la petite enfance (EPE) jusque dans l’enseignement secondaire. Il est affilié à la Nepal Teachers’ Federation-CNT, à l’Internationale de l’Éducation et à la SAARC Teachers’ Federation(STF).
Les enseignant·e·s et personnels éducatifs des établissements privés non rémunérés depuis des mois
Au Népal, les établissements scolaires privés n’ont pas payé leurs enseignant·e·s et personnels éducatifs depuis janvier.
Hom Kumar Thapa a ajouté que le gouvernement ne veille pas à soutenir comme il se doit les enseignant·e·s des établissements privés, tandis que les employeurs privés du secteur de l’éducation se soustraient à leurs responsabilités, prétextant ne pouvoir verser ces salaires aux enseignant·e·s et personnels éducatifs au motif des frais associés à la location des bâtiments scolaires et des mensualités acquittées pour les véhicules scolaires. « Si le personnel enseignant n’est pas rémunéré immédiatement, le gouvernement devra nationaliser toutes les écoles privées », a-t-il déclaré.
Des salaires non inclus dans le budget
Toutefois, le budget du gouvernement fédéral et les directives du 1er juin et du 2 septembre ne font pas mention du traitement des enseignant·e·s et du personnel travaillant dans les établissements privés. Thapa a déclaré que le gouvernement avait ignoré les questions touchant les enseignant·e·s et le personnel éducatif en précisant à l’article 30 de la Directive sur la facilitation de l’apprentissage que « les frais de scolarité seront soumis à la loi en vigueur approuvée à l’échelon local ».
Il a souligné que « les enseignant·e·s et le personnel éducatif n’ont pas d’argent pour acheter de la nourriture et des vêtements, et que le gouvernement et les administrateurs scolaires ne prêtent aucune attention à cette question pourtant urgente ».
Les licenciements s’accélèrent
Le président de l’ISTU a également condamné le fait que les écoles licenciaient davantage d’éducateur·trice·s – plus de 3.000 enseignant·e·s et personnels éducatifs ont ainsi été congédié·e·s dans tout le pays. Il s’agissait pour la plupart d’enseignant·e·s de l’EPE, de contractuel·le·s, d’enseignant·e·s à temps partiel et de personnel scolaire, mais des enseignants·e· permanent·e·s ont également été démis·es de leurs fonctions.
Revendications de l’ISTU
Par conséquent, l’ISTU exige ce qui suit :
- Trouver un moyen de recueillir les frais de scolarité des élèves en fournissant des conseils, en communiquant et en discutant avec les parents.
- Les écoles privées qui n’ont pas versé leur traitement aux enseignant·e·s disposent d’un délai de sept jours pour acquitter les salaires.
- Les enseignant·e·s et le personnel éducatif licencié·e·s doivent être réintégré·e·s sans condition et les salaires exigibles doivent être payés.
- Le Centre pour l’éducation et le développement des ressources humaines devrait gérer l’ensemble des données de tous les établissements privés et de leurs enseignant·e·s et personnels éducatifs.
- L’ISTU devrait être représenté au sein de tous les groupes de travail des instances du gouvernement et lors de toutes les discussions, négociations, communications, etc. en relation avec les écoles privées.
- Les établissements d’enseignement privés devraient être surveillés, réglementés et s’orienter vers les services. L’investissement du gouvernement dans l’éducation s’en trouverait accru, conformément à ce qui est mentionné dans la Constitution.
- L’admission dans un fonds de sécurité sociale fonctionnant sur la base de cotisations devrait être obligatoire pour les écoles, les enseignant·e·s et le personnel éducatif.
- Tous les accords conclus avec le ministère de l’Éducation et la CNT doivent être mis en œuvre.
Autres actions programmées
Le syndicat népalais de l’éducation envisage les mesures suivantes :
- Adresser un courrier d’ultimatum au Centre de développement des ressources humaines, au ministère de l’Éducation, des Sciences et de la Technologie et au ministère du Travail d’ici le 27-29 septembre.
- Adresser un courrier d’ultimatum au ministère du Développement social de chaque province.
- Organiser un sit-in d’une journée à l’échelon local, le 1er octobre.
- Organiser des rassemblements de protestation dans les grandes villes du pays le 4 octobre ainsi que des réunions locales, à condition que l’épidémie de COVID-19 n’empêche pas ces événements.
Fonds de solidarité COVID-19 de l’Internationale de l’Éducation
La conférence de presse du 20 septembre et les autres activités programmées font partie d’un cadre d’action financé par le Fonds de solidarité COVID-19 de l’Internationale de l’Éducation. Cette initiative a vu le jour après que l’ISTU a notifié l’Internationale de l’Éducation du non-paiement des salaires des enseignant·e·s par certains employeurs de l’enseignement privé, de l’impact psychologique du confinement sur les élèves et des défis posés par l’enseignement en ligne.
L’Internationale de l’Éducation utilise une partie du fonds pour aider l’ISTU à réaliser une enquête et former des éducateur·trice·s dans les sept provinces népalaises, ainsi que pour mener une campagne publicitaire/dans les médias.