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Afrique du Sud : la sécurité des éducateur·trice·s et des étudiant·e·s reste très préoccupante à l’heure de la réouverture des écoles et des collèges

Publié 19 mai 2020 Mis à jour 9 juin 2021
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Le South African Democratic Teachers’ Union a exprimé ses plus vives inquiétudes à propos des plans du gouvernement pour la réouverture des écoles et des établissements scolaires le 1er juin prochain. Demandant instamment aux autorités d’accorder la priorité à la sécurité, le syndicat a dressé une liste des conditions préalables et autres critères non négociables à satisfaire avant la reprise des cours en présentiel.

À l’heure où l’Afrique du Sud procède à la réouverture progressive de son économie après le confinement dû au COVID-19, le gouvernement propose de rouvrir les écoles le 1er juin prochain. Cependant, le South African Democratic Teachers’ Union(SADTU) s’inquiète des statistiques concernant le COVID-19.Comme le souligne Mugwena Maluleke, secrétaire général du SADTU et vice-président de l’Internationale de l’Éducation pour l’Afrique : « Les 10.000 premiers tests n’ont été réalisés que le 4 mai. Nous ne connaîtrons les résultats des personnes testées que dans deux semaines. Ce n’est que passé ce délai que nous aurons les véritables statistiques. »

Conditions préalables à la réouverture des écoles

Pour des raisons de sécurité, le SADTU a posé plusieurs conditions préalables avant de pouvoir rouvrir les établissements scolaires, notamment :

  • Prendre des mesures pour protéger les apprenant·e·s et les employé·e·s vulnérables dans l’enseignement fondamental. Les établissements d’enseignement supérieur ont décidé de rester portes closes. La seule exception concerne les étudiant·e·s inscrit·e·s en dernière année de médecine qui devront passer leur examen pratique par écrit, mais néanmoins poursuivre leur apprentissage à distance durant ce dernier trimestre et au début de l’année 2020-2021.
  • Mettre à disposition des transports sûrs pour les employé·e·s de l’éducation et les étudiant·e·s présent·e·s en grand nombre dans les écoles rurales.
  • Vérifier quotidiennement la température corporelle des employé·e·s et des apprenant·e·s afin de détecter toute contamination potentielle par le virus. En cas de détection du virus, les personnes infectées doivent être signalées au ministère de la Santé et recevoir toute l’attention requise.
  • Introduire des mesures sanitaires pour prévenir la propagation du virus sur les lieux de travail. Le SADTU a souligné la nécessité de procéder à un nettoyage et à une désinfection en profondeur, et de mettre à disposition les dispositifs indispensables avant de pouvoir rouvrir les écoles.
  • Fournir des équipements de protection individuelle, tels que des masques non chirurgicaux, pour protéger les apprenant·e·s et les enseignant·e·s contre toute contamination par le COVID-19.

Critères non négociables

Le syndicat d’enseignants a également proposé une liste de critères non négociables. « Nous ne reprendrons pas le chemin de l’école tant que ces critères non négociables ne seront pas satisfaits », a insisté Mugwena Maluleke. Certains d’entre eux concernent des problèmes tels que la taille des classes, qui doit être raisonnable et appropriée.

Il a également expliqué que l’équipe d’épidémiologistes et d’expert·e·s médicaux·ales qui épaulent le SADTU avaient déclaré que les enfants ne devaient pas entrer en contact avec des personnes âgées, ces dernières étant particulièrement vulnérables au COVID-19 : « Certains membres du personnel enseignant ont plus de 64 ans, raison pour laquelle nous avons déclaré que ces personnes devaient rester chez elles. Des outils peuvent leur être fournis pour effectuer leur travail, car ce sont des personnes vulnérables. »

Il a rappelé avec insistance que son syndicat de l’éducation accordait la priorité à la santé, en particulier celle des enseignant·e·s.

Fonctions supplémentaires

Le SADTU estime également que les enseignant·e·s et les personnels de soutien à l’éducation promis par le gouvernement sont indispensables dans le processus de réouverture des écoles. Les personnels de soutien à l’éducation supplémentaires pourront se charger des questions sanitaires telles que les mesures d’hygiène. Ils participeront aussi au projet de cantines scolaires afin de s’assurer que les apprenant·e·s puissent prendre leurs repas dans les écoles. Par ailleurs, il importe d’engager des enseignant·e·s supplémentaires lorsque cela s’avère nécessaire, afin de pouvoir répondre au problème des classes surnuméraires.

Mugwena Maluleke précise encore : « Question de dignité, il faut savoir que sur 23.000 écoles rurales, plus de 3.400 nécessitent de toute urgence des systèmes d’approvisionnement en eau et des équipements sanitaires. Nous ne pensons pas que ce problème pourra être résolu d’ici le 1er juin. »

Ces conditions préalables et critères non négociables ont été présentés aux autorités publiques dans un communiqué de presse publié le 24 avril par le secrétariat du SADTU.

Mugwena Maluleke souligne : « Nous travaillons ensemble pour nous assurer que le gouvernement respecte l’ensemble de ces conditions préalables et critères non négociables. Nous ne permettrons ni aux élèves ni au personnel de l’éducation de se retrouver dans une situation où il n’y aurait pas de mesures de sécurité, pas d’équipements de protection individuelle, etc. »

D’autre part, un comité du SADTU révise actuellement le programme d’études et examine le calendrier scolaire pour 2020-2021.

Il a également reconnu : « Nous devons mettre tout en œuvre pour éviter de multiplier les lacunes existantes dans la formation durant la période d’apprentissage à distance ».

Une nation unie pour vaincre le virus

Selon Mugwena Maluleke : « Le SADTU est en droit de se préoccuper de la sécurité de ses membres. La population ne devrait pas avoir honte de se sentir inquiète. Nous devons exprimer haut et fort nos inquiétudes afin de pouvoir, ensemble, contenir la propagation du virus. Nous pensons que l’heure est venue de nous unir en tant que nation pour vaincre ce virus. Travaillons ensemble, en tant que nation, et soutenons notre président qui traverse une période difficile sans précédent. Nous n’avons pas droit à l’erreur, car ce virus est violent. Ce n’est qu’en unissant nos forces et en renonçant à nos rivalités que nous parviendrons à l’éliminer. »

Directives de l’Internationale de l’Éducation

L’Internationale de l’Éducation a également publié ses Directives pour la réouverture des écoles et des établissements scolaires, disponibles au téléchargement ici.