Les quatre syndicats marocains affiliés à l’Internationale de l’Éducation ont rencontré le ministère de l’Éducation en vue d’identifier les moyens permettant de garantir une éducation de qualité ainsi qu’une reprise des classes en toute sécurité, dans le contexte de la pandémie de COVID-19.
Le 6 mai dernier, les affiliés de l’Internationale de l’Éducation au Maroc, à savoir la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), le Syndicat national de l’enseignement-Confédération démocratique du travail (SNE-CDT), le Syndicat national de l’enseignement-Fédération démocratique du travail (SNE-FDT) et le Syndicat national de l’enseignement supérieur (SNESup), ont rencontré les autorités ministérielles de l’éducation afin de discuter de la réouverture des écoles et des examens à venir.
Directives de l’IE
Afin d’encadrer les échanges, les syndicats se sont appuyés sur les Directives de l’Internationale de l’Éducation pour la réouverture des écoles et des établissements scolaires. Ces principes directeurs ont été largement diffusés aux membres des syndicats et à d’autres réseaux.Les quatre organisations ont suggéré plusieurs réaménagements des programmes d’études, de même que des modalités d’évaluation tenant compte des implications de la fermeture prolongée des écoles. Elles ont également mis en avant que les questions d’équité étaient particulièrement préoccupantes dans le pays.
Les quatre syndicats ont souligné l’importance de mettre en place des mesures sanitaires et sécuritaires avant la réouverture des écoles, en consultation avec les spécialistes de la santé.
Ils ont insisté sur le fait que, pour assurer un encadrement efficace et un bon déroulement de la reprise des cours, les enseignant·e·s et les personnels de soutien à l’éducation devaient jouer un rôle de premier plan dans la création d’environnements d’apprentissage sûrs et la continuité de l’éducation. La réouverture des écoles, ont-ils expliqué, ne doit pas se faire au détriment de la santé et du bien-être des éducateur·trice·s, des étudiant·e·s et de leurs familles. D’autre part, ils ont souligné que le retour à l’école ne concerneraient que les étudiant·e·s des années certificatives.
Équité
Les syndicats ont soumis toute une série de propositions aux autorités publiques.
Dans un souci d’équité, les syndicats ont insisté sur la nécessité d’organiser des cours de remédiation et de soutenir les élèves défavorisé·e·s, afin de pouvoir combler les lacunes et atténuer les répercussions négatives de la fermeture prolongée des écoles. Ces initiatives devraient bénéficier à l’ensemble des élèves, et plus spécifiquement aux filles et aux étudiant·e·s en situation de handicap.
Selon les syndicats de l’éducation, ces classes devraient permettre aux éducateur·trice·s d’évaluer les besoins des étudiant·e·s et de leur apporter une assistance ciblée. Ces classes ne devraient pas être organisées en dehors de leurs heures de travail, mais planifiées au début de la prochaine année scolaire.
Par ailleurs, les programmes d’enseignement en ligne ne peuvent remplacer l’enseignement et l’apprentissage en présentiel, dans la mesure où les enseignant·e·s qui les organisent n’ont ni la formation ni le soutien suffisants pour dispenser un enseignement de qualité en ligne. De même, bon nombre d’étudiant·e·s n’ont pas reçu le soutien qui leur est nécessaire pour suivre ces programmes, pour différentes raisons : parents travaillant à l’extérieur, analphabètes, etc.
Programmes d’études
Les syndicats ont indiqué que les éducateur·trice·s et leurs organisations participaient à la révision des programmes d’études annoncée par le ministère, afin de pouvoir orienter ce processus. Le ministère de l’Éducation a également annoncé qu’il envisageait de fusionner les programmes d’études.
Les syndicats ont aussi demandé une révision des pratiques pédagogiques.
Évaluations
S’agissant des modalités d’évaluation, les syndicats ont demandé aux autorités publiques de communiquer rapidement le calendrier des examens, ainsi que les méthodes qui seront appliquées, et de prendre en compte les notes des évaluations formatives pour toutes les classes, pas uniquement les points obtenus aux examens.
Les syndicats se sont déclarés en faveur d’un recours à la méthode des questionnaires à choix multiples pour les examens et ont demandé de réduire la durée, la période et le contenu de ces derniers, en évaluant uniquement les matières étudiées entre septembre 2019 et février 2020.