Les syndicats d'enseignants du Burkina Faso demandent aux autorités publiques de garantir la mise en place de mesures appropriées pour assurer la sécurité des élèves et des éducateur·trice·s avant la réouverture des écoles prévue le 11 mai. Les syndicats reconnaissent que l’enseignement et l’apprentissage à distance ne se déroulent pas de manière uniforme dans l’ensemble du pays et qu'ils ne peuvent remplacer l’enseignement en classe.
Au Burkina Faso, toutes les écoles et universités (publiques comme privées) ont fermé leurs portes le 14 mars face à la propagation de l'épidémie de COVID-19 dont les premiers cas sont apparus le 9 mars.
Initiatives pour un enseignement et un apprentissage à distance
Des mesures temporaires ont été prises pour assurer la continuité de l'enseignement et de l’apprentissage, avec un certain nombre de cours à distance destinés aux classes qui préparent des examens dans des matières telles que le français, les mathématiques et la philosophie, par l'intermédiaire de deux chaînes de télévision privées. Les élèves issus de familles défavorisées ou vivant en zone rurale n'ont toutefois pas accès aux dispositifs leur permettant de visionner ces contenus.
Une initiative gouvernementale a ensuite été lancée par le ministère de l’Éducation, visant à assurer l'enseignement par l’intermédiaire de six chaînes de télévision.
Une radio scolaire a également été lancée et des cours ont été préparés par les enseignant·e·s, mais les syndicats d'enseignants ont vivement critiqué le fait qu'ils n'avaient pas été impliqués dans le processus.
Entre temps, des préparatifs sont en cours pour la réouverture des classes préparant des examens le 11 mai, et le 24 mai pour les autres niveaux. Le ministère de l'Éducation a également pris des mesures pour fournir deux millions de masques gratuits aux élèves (deux par élève).
Questions à traiter avant la réouverture
Si les syndicats d'enseignants, les parents et le gouvernement s'accordent pour dire que l'enseignement à distance ne peut remplacer l'enseignement en classe, les syndicats d'enseignants et les parents ont des préoccupations auxquelles ils aimeraient obtenir une réponse. Ils ont notamment demandé au gouvernement de mettre en place des mesures de protection sanitaire adéquates avant la réouverture des établissements scolaires. Parmi les problèmes soulevés figurent le manque d'accès à l'eau courante ou à des puits d'eau potable dans les écoles et la manière d’assurer la distanciation sociale dans les salles de classe. En effet, les classes sont généralement surpeuplées, avec quatre à cinq élèves par banc dans les écoles primaires. Les syndicats d'enseignants et les parents demandent à ce que ces questions soient traitées avant que les éducateur·trice·s et les élèves ne retournent à l'école.
Suspension de salaire et grève
Alors que les écoles étaient censées rouvrir le 28 avril, cette réouverture a été reportée à la suite d'un désaccord entre les syndicats d'enseignants et le gouvernement. En effet, le gouvernement avait suspendu les salaires de 726 fonctionnaires, parmi lesquels une majorité d’enseignant·e·s (des milliers de fonctionnaires ont également subi des réductions de salaire). Parmi les enseignant·e·s dont le salaire a été suspendu figurent des femmes en congé maternité ainsi que d'autres enseignant·e·s en congé maladie.
Ce différend fait suite à une grève des fonctionnaires en février et début mars contre la décision du gouvernement de prélever un nouvel impôt sur leurs indemnités (allocation logement et autres). Quatre des cinq affiliés nationaux de l'Internationale de l'Éducation - le F-SYNTER, le SNEA-B, le SNESS et le SYNATEB - ont participé au mouvement de protestation. Le ministre de l'Éducation a finalement annoncé que les salaires suspendus seraient versés.
En outre, la situation professionnelle de 78 000 enseignant·e·s a été revue en vertu des conventions collectives conclues en 2019, et des augmentations de salaire et autres avantages, soit un total de 40 milliards de dollars, doivent être versés aux enseignant·e·s.
En revanche, dans le secteur privé, les enseignant·e·s et les personnels de soutien à l'éducation n'ont pas reçu leur salaire à cause de la fermeture des écoles, et le gouvernement n'a pris aucune disposition pour les aider à répondre aux besoins fondamentaux de leurs familles.
Zones de conflit
Les syndicats d'enseignants ont également souligné que les populations du nord et de l'est du Burkina Faso ont été victimes de fréquentes attaques meurtrières de la part de groupes terroristes. En conséquence, les écoles ont été fermées dans ces zones de conflit. Plus de 700.000 personnes sont aujourd'hui déplacées et des écoles alternatives ont été construites avec le soutien financier d'organisations non gouvernementales et de bailleurs de fonds dans les zones où les populations déplacées ont trouvé refuge.
Pour en savoir plus, veuillez consulter ici les directives de l'Internationale de l'Éducation pour la réouverture des écoles et des établissements scolaires.