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Turquie: Les syndicalistes de l’éducation lancent un appel pour une action immédiate en vue de sauver les migrant·e·s à la frontière avec la Grèce

Publié 13 mars 2020 Mis à jour 24 mars 2020
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L’affilié turc de l’Internationale de l’Éducation, Eğitim-Sen, est extrêmement préoccupé par les conditions de vie des migrant·e·s à la frontière avec la Grèce. Il lance un appel d’action urgente – notamment une aide des syndicats – pour les aider.

L’appel d’ Eğitim-Senà agir pour aider les migrant·e·s à la frontière gréco-turque fait suite à une visite de représentant·e·s syndicaux·ales dans la région le 6 mars.

En tant que membre d’une délégation composée de la Confédération turque des syndicats de la fonction publique, le Président d’ Eğitim Sen, Feray Aytekin Aydoğan, et le Secrétaire général chargé de l’enseignement supérieur et de l’éducation du syndicat, Özgür Bozdoğan, se sont rendus dans la ville turque d’Edirne, à proximité de la frontière grecque.

Cette visite a permis à la délégation d’écouter des migrant·e·s et de faire le point sur leurs conditions de vie.

Conditions difficiles

Les représentants d’ Eğitim-Sen ont reconnu qu’il n’était pas possible de déterminer le nombre exact de migrant·e·s entassé·e·s à la frontière. Il·elle·s attendent de traverser la frontière pour pénétrer dans des pays d’Europe centrale. Il est difficile d’estimer le nombre de migrant·e·s en raison des restrictions et interdictions édictées par les administrations et les forces de sécurité locales.

Les migrant·e·s se sont rassemblé·e·s dans deux zones principales à Edirne: à la frontière entre la Turquie et la Grèce et à la gare routière. Des familles avec de petits enfants passent la nuit dans la gare.

Selon les syndicalistes de l’éducation, les conditions de vie des migrant·e·s sont difficiles et insalubres. Le nombre de migrant·e·s, en particulier d’enfants, ayant besoin de soins médicaux ne peut être sous-estimé. L’eau courante et d’autres installations sanitaires font défaut pour répondre aux besoins personnels quotidiens.

Les migrant·e·s vivent dehors toute la journée et la nuit, en raison des conditions climatiques, cela peut entraîner des problèmes médicaux.

Les représentants d’ Eğitim-Se n se sont réjouis du fait que les besoins nutritionnels des migrant·e·s soient satisfaits grâce à des bénévoles. Ils ont toutefois souligné que cette aide était parfois interdite par les autorités ou les forces de sécurité locales. Les sections locales d’Eğitim Sen ont pris sur elles de fournir et de distribuer de l’aide aux migrant·e·s.

Il n’a pas été possible d’observer la situation directement à la frontière, étant donné que personne, pas même les médias, n’est autorisé à pénétrer dans cette zone.Sur le plan éducatif, la plupart des enfants qui attendent de traverser la frontière sont en âge scolaire.

Appel à la solidarité internationale des syndicats

Les dirigeants d’ Eğitim-Sen ont formulé les recommandations suivantes:• Une initiative doit être lancée en faveur des migrant·e·s et les syndicats devraient prendre l’initiative;• Les confédérations syndicales turques et grecques affiliées à la Confédération européenne des syndicats et les syndicats de l’éducation affiliés au Comité syndical européen de l’éducation et à l’Internationale de l’Éducation devraient organiser rapidement des actions pour sensibiliser le public à cette situation;• Tout effort doit être axé sur la fourniture aux migrant·e·s des ressources nécessaires, en commençant par les enfants et les personnes ayant besoin de soins médicaux;• Il conviendrait que les syndicats turcs et grecs organisent une discussion internationale sur les conditions de vie des migrant·e·s;• Les organisations internationales doivent être exhortées à se charger d’apporter une aide;• Les installations publiques turques et grecques devraient servir de logements aux migrant·e·s.

« Notre visite à la frontière était nécessaire, parce que nous avons eu le sentiment que nous devions observer les conditions de vie des migrants. Sans cela, sans voir la réalité, il est en effet impossible de décider ce qu’il y a à faire », a déclaré le Secrétaire général chargé de l’enseignement supérieur et de l’éducation d’ Eğitim Sen, Özgür Bozdoğan.

« Les migrants et les réfugiés sont victimes des réalités politiques, des guerres, de la pauvreté et de la répartition inégale des ressources. Être un migrant ou un réfugié n’est pas un choix, mais une identité imposée par le désespoir », a ajouté Bozdoğan, en insistant sur le fait que son syndicat croit fermement à la solidarité envers les opprimé·e·s. « Nous pensons que nous ne devrions pas oublier que les migrants et les réfugiés ont des droits et que la défense de ces droits est un devoir humanitaire essentiel pour nous tous. »

Les syndicats, en particulier ceux de Turquie et de Grèce, ont une responsabilité dans la recherche de solutions au problème, a-t-il poursuivi. Bozdoğan a également lancé un appel au mouvement syndical international afin que, du fait de sa nature et de ses principes, il agisse rapidement, « étant donné que sensibiliser, alerter l’opinion publique et faire pression sur le monde politique sont quelques exemples de ce que nous, le mouvement syndical international, pouvons aisément faire ».