Le 8ème Congrès mondial de l'Internationale de l'Education (IE) à Bangkok, en Thaïlande, du 21 au 26 juillet 2019 :
Note que:
(1) les attaques terroristes persistantes en Afrique, notamment dans la Corne de l'Afrique, qui comprend Djibouti, le Kenya, la Somalie et le Soudan, et en particulier dans la région sahélo-saharienne du Burkina Faso, du Cameroun, du Mali, du Niger et du Nigéria prennent de l’ampleur, se propagent dans les pays voisins que sont le Benin, le Ghana et la Côte d’Ivoire, et suscitent de vives inquiétudes ;
(2) le terrorisme continue d’être l’une des menaces les plus sérieuses pour la sécurité et la quiétude dans l’environnement éducatif en Afrique ;
(3) alors que des efforts louables ont été déployés dans la lutte contre la menace terroriste aux niveaux international et continental, il est de plus en plus évident que la menace à laquelle le continent africain est actuellement confronté est complexe. Ceci est particulièrement vrai dans la région du Sahel, où le trafic d'êtres humains, de drogue et d'armes, les enlèvements contre rançon, la prolifération illicite d'armes et le blanchiment d'argent – variantes de la criminalité transnationale organisée – se sont intimement entremêlés aux activés des groupes terroristes et à leurs sources de financement. Cette situation nuit à la sécurité et à la stabilité dans la région, et a de profondes répercussions sur l'éducation.
(4) les établissements scolaires sont devenues des cibles spécifiques d’attaques violentes ayant entraîné la mort des apprenants et des éducateurs, menant ainsi à la fermeture de centaines d’écoles et à l’augmentation du nombre d’abandons scolaires ;
(5) plus de 900 écoles ont été fermées et plus de 150 000 élèves ont été déplacés de force au Mali alors qu’au Burkina Faso, environ 2 000 écoles ont été fermées en 2019, affectant ainsi la scolarisation de plus de 326152 élèves ;
Reconnaissant que :
(6) l’émergence et le redéploiement de groupes terroristes en Afrique, et en particulier dans la région sahélo-saharienne, s’expliquent par les raisons suivantes, pour ne citer que quelques-uns:
(i) la pauvreté, l’analphabétisme et le taux de chômage élevé des jeunes et de la population en général, qui les rendent vulnérables aux messages manipulateurs de groupes terroristes et à leurs promesses de gains rapides;(ii) la recherche de nouvelles sources de financement, notamment par le biais de la contrebande, du trafic de drogue, des enlèvements et des migrations illégales;(iii) la nécessité de conquérir de nouvelles zones de recrutement et de redéploiement dans l'objectif d'élargir le champ de la confrontation au-delà de leur zone d'opérations traditionnelle ;
Vu que :
(7) sous le vocable « attaques contre l’éducation» l’on entend tout usage réel de la force ou la menace contre les apprenants, les enseignants, les universitaires, le personnel d’appui à l’éducation, les responsables de l’éducation, ainsi que les bâtiments, les ressources, le matériel ou les installations pour des fins politiques, militaires, idéologiques ou sectaires, des raisons ethniques ou religieuses ;
(8) les attaques contre l'éducation revêtent de nombreuses formes, notamment celle d'empêcher les apprenants d'accéder à leurs écoles; la tuerie, les mutilations ou le traumatisme délibérés ou sans discernement des apprenants et du personnel éducatif; et la destruction ou endommagement des écoles et des universités ;
(9) les attaques contre l'éducation tuent et blessent, entraînent le décrochage scolaire, la perte d'enseignants, la fermeture prolongée des écoles et des universités, la qualité médiocre de l'éducation et, le déplacement forcé des enfants vers des zones dont les établissements scolaires sont déjà surchargés, l'embrigadement d'enfants dans les groupes terroristes et les abus sexuels qui constituent des conséquences dévastatrices à long terme pour la société ;
(10) les attaques contre l’éducation à tous les niveaux créent un climat de peur et de répression qui mine la liberté académique et les fonctions éducatives ;
(11) des millions d'enfants en Afrique sont confrontés à des années sans accès à l'école à moins que les gouvernements intensifient la lutte contre la terreur croissante ;
(12) sans accès à l'éducation, une génération d'enfants dans les zones en conflit grandira sans avoir les compétences nécessaires pour contribuer au développement de leurs pays et de leurs économies, aggravant ainsi la situation déjà désespérée de millions d'enfants et de leurs familles dans la région ; de même, ils ne pourront pas accéder à un emploi décent à l'âge adulte ;
(13) lorsqu’ils ne sont pas à l'école, les enfants sont facilement victimes d'abus, d'exploitation et de recrutement par les forces et groupes armés ;
Le 8ème Congrès mondial réaffirme que :
(14) l'éducation est un droit humain fondamental et un bien public. Tous les enfants ont droit à une éducation publique de qualité, gratuite, inclusive et équitable, quel que soit l’endroit où ils vivent. Cependant, beaucoup d'enfants en Afrique n'ont pas accès à l'éducation à cause d'attaques contre l’éducation ;
(15) le droit de l’enfant à l’éducation ne peut être préservé/protégé dans les zones de conflit sans protéger l’éducation elle-même ;
(16) les établissements scolaires doivent être des sanctuaires sûrs offrant un espace sécurisé sûr où les enfants peuvent être protégés des menaces et des crises ;(17) l’éducation est un moyen déterminant pour briser le cycle des crises et réduire les risques de conflits futurs ;
Le 8ème Congrès mondial demande à l'IE et à ses organisations membres :
(18) de faire pression sur leurs gouvernements pour qu'ils:(i) ratifient et domestiquent tous les instruments de prévention et de lutte contre le terrorisme en Afrique et mettent en place des mécanismes d’application de ces instruments;(ii) signent, mettent en application et soutiennent la Déclaration sur la Sécurité dans les Ecoles afin de garantir que tous les élèves et enseignants, hommes et femmes, puissent apprendre et enseigner en toute sécurité ;(iii) renforcent le suivi et le signalement des atteintes à l'éducation, notamment en diffusant les données par type d'attaque à l'éducation, désagrégées, par sexe, âge et type d’école, afin de renforcer les efforts de prévention et de lutte contre les atteintes à l'éducation ;(iv) enquêtent systématiquement sur les attaques visant l'éducation, et poursuivent les coupables ;(v) fournissent une assistance non discriminatoire à toutes les victimes d'attaques contre l'éducation et leur donnent un soutien physique et psychosocial;(vi) veillent à ce que l'éducation favorise la paix au lieu de susciter des conflits.
Le 8ème Congrès demande en outre à l'IE et à ses organisations membres en Afrique :
(19) d’élaborer des programmes de formation pour renforcer la capacité de résilience des enseignants et des apprenants dans les zones à haut risque d'attaques contre les établissements scolaires.