Le 8e Congrès mondial de l’Internationale de l’Education (IE), réuni à Bangkok, en Thaïlande, du 21 au 26 juillet 2019 :
Rappelle :
(1) La Résolution de l’IE portant sur le travail des enfants adoptée par le Congrès en 2015 ;
(2) Les droits fondamentaux des enfants, notamment leur droit à l’éducation, ainsi que les droits fondamentaux des adultes, dont le droit à un travail décent ;
Salue :
(3) Les progrès réalisés vers l'accomplissement de l’Education Pour Tou·te·s, conformément aux rapports mondiaux de suivi sur l’éducation ;
(4) L’adoption, en septembre 2015, des Objectifs de développement durable par les 193 Etats membres des Nations Unies, qui renferment des objectifs fondamentaux en matière d'éducation (4) et de travail des enfants (8.7) ;
(5) Les progrès réalisés en vue de réduire le travail des enfants, conformément à ce que l’Organisation internationale du Travail (OIT) évoque dans ses estimations mondiales du travail des enfants : résultats et tendances, 2012-2016, Genève, 2017 ;
(6) Les estimations mondiales de 2016 publiées par l’OIT qui, pour la première fois, abordent le lien existant entre l’éducation et le travail des enfants ;
(7) La Déclaration de Buenos Aires (2017) adoptée en novembre 2017 par les gouvernements, organisations d’employeurs et de travailleurs, des organisations internationales et régionales ainsi que des organisations de la société civile provenant de plus de 100 pays. Cette déclaration réaffirme le rôle essentiel que doivent jouer les organisations d’employeur·euse·s et de travailleur·euse·s et le dialogue social dans l’éradication du travail des enfants et du travail forcé ainsi que dans la promotion d'un travail décent pour tous, plus particulièrement pour les femmes et les jeunes ;
(8) Les résultats de la recherche 2018-2019 menée conjointement par l’IE et l’AOb, portant sur l’incidence de la lutte menée par les syndicats de l’éducation contre le décrochage scolaire et le travail des enfants. Les résultats font état d'un bilan nettement positif et durable, non seulement pour les enfants et leur famille, mais aussi pour les enseignant·e·s dans le domaine du développement professionnel, ainsi que pour les syndicats de l’éducation qui, grâce à leur implication, enregistrent un nombre croissant de membres, renforcent leurs positions et gagnent en visibilité ;
(9) La persévérance des syndicats de l’éducation pour garantir une éducation publique de qualité et l’inclusion de tous les enfants, ainsi que leur rôle dans de nouvelles initiatives – souvent menées en collaboration avec d’autres organisations de la société civile – qui affichent des résultats positifs, en particulier concernant l'éducation des filles et la diminution des mariages et grossesses précoces.
Note néanmoins :
(10) Que les progrès visant à atteindre l'ODD4 portant sur une éducation inclusive de qualité pour tou·te·s restent timides. Il en est de même pour ceux visant à réduire le travail des enfants qui ont, par ailleurs, ralenti considérablement ces dernières années ;
(11) Que la plupart des gouvernements donateurs ne contribuent toujours pas financièrement à l'éducation par la coopération au développement ;
(12) Que de nombreux Etats n'investissent que très peu dans l’éducation au niveau national ;
(13) Que beaucoup de gouvernements n’appliquent toujours pas les lois en vigueur, les conventions ou les réglementations (internationales) portant sur l’éducation et le travail des enfants, pas plus qu’ils ne sanctionnent de manière appropriée ceux et celles qui les enfreignent ;
(14) Que la migration (forcée), les conflits et les catastrophes naturelles continuent d'empêcher les enfants d’aller à l'école et les incitent à travailler ;
(15) Que la privatisation et la commercialisation rampantes de l’éducation constituent une entrave à l’accès à et à la qualité de celle-ci ;
Note également :
(16) Que plusieurs régions du monde ont tendance à défendre, accepter et/ou légaliser le travail des enfants et à organiser les enfants en syndicats ;
(17) Le manque de compréhension et/ou de clarté sur ce qu’est le travail des enfants (tel que défini par l’OIT) ainsi que la confusion autour de la terminologie relative au travail des enfants (« le travail des enfants », « les pires formes de travail des enfants », « le travail dangereux des enfants », « le travail infantile », « les travaux légers », « les travaux adaptés à l’âge ») ;
Reconnaît :
(18) Qu’une éducation inclusive de qualité pour tou·te·s est la clé pour éradiquer le travail des enfants et que les syndicats de l'éducation sont en mesure de jouer un rôle primordial pour atteindre cet objectif.
Le Congrès décide que l'Internationale de l'Education doit :
(19) Continuer à lutter contre le décrochage scolaire et le travail des enfants par le biais de l'éducation ;
(20) Coopérer davantage avec l’OIT et participer aux prochaines Conférences mondiales sur le travail des enfants ;
(21) Coopérer davantage avec les parties prenantes concernées et conclure de nouveaux partenariats ;
(22) Continuer à solliciter des fonds pour appuyer les syndicats de l’éducation dans leur lutte pour une éducation inclusive de qualité et contre le travail des enfants ;
(23) Encourager l’échange de pratiques pertinentes et d’expériences fructueuses entre les syndicats et leurs partenaires ;
(24) Continuer à promouvoir des programmes axés sur l’approche territoriale et les zones sans travail des enfants, et intensifier ces programmes dans la mesure du possible ;
(25) Contribuer à mieux faire comprendre ce qu’est le travail des enfants et ce qu’il n’est pas ;
Le Congrès appelle les organisations membres à :
(26) Continuer à plaider en faveur d’une éducation publique et inclusive de qualité, comme le meilleur moyen d’éradiquer le travail des enfants ;
(27) Contribuer à mieux faire comprendre ce qu’est le travail des enfants et ce qu’il n’est pas ;
(28) Rechercher une coopération avec les autres syndicats d’enseignants, les syndicats sectoriels et les organisations de la société civile partageant les mêmes idées, à l’échelle nationale et internationale, pour plaider en faveur de la mise en œuvre et de l’application concrète des législations nationales et des conventions internationales sur le travail des enfants, mais aussi soutenir des projets et initiatives luttant contre le travail des enfants ;
(29) Encourager et mettre en œuvre un échange entre pays du Sud où les syndicats de l’éducation fournissent conseils, expertise et appui mutuels, et partagent des pratiques pertinentes, allant des salles de classe aux actions syndicales ;
(30) Rejoindre des réseaux et des groupes de pression pour peser sur les employeurs et les entreprises qui continuent à employer des enfants, les privant ainsi de leurs droits fondamentaux.