Le 8e Congrès mondial de l'Internationale de l'Education (IE), réuni à Bangkok, en Thaïlande, du 21 au 26 juillet 2019 :
(1) Réaffirmant la Résolution sur l’éducation de la petite enfance (EPE) adoptée par le Congrès de 1998 réuni à Washington, ainsi que les activités menées par le groupe de travail de l’IE dédié à l’EPE en vertu de la décision des congrès de l’IE réunis à Berlin en 2007 et au Cap en 2011; prenant également en considération la résolution sur l’EPE adoptée à Ottawa en 2015;
(2) Constatant que le Comité consultatif sur l’EPE a constitué un important pas en avant dans l'amélioration de l'accessibilité et de la qualité de l’EPE, ainsi que de la formation initiale et des conditions de travail des enseignant·e·s et éducateur·rice·s de la petite enfance dans le monde ;
(3) Observant les rapports, les documents politiques, les activités de plaidoyer, les conférences et les projets de solidarité sur l'EPE issus des travaux de l'IE et du groupe de travail de l’IE dédié à l'EPE, suivis par le travail du Comité consultatif sur l'EPE ;
(4) Notant qu'en septembre 2015, l'Assemblée générale des Nations Unies a adopté le programme de développement durable de 2015, dont le point 4.2 vise l’EPE en particulier . Cette action a fourni une base solide pour le développement et l'amélioration d'une éducation de qualité et de l’apprentissage tout au long de la vie pour toutes et tous, dès l’EPE et au-delà ;
(5) Rappelant que la privatisation et la commercialisation des services d'éducation de la petite enfance dans les pays où une éducation de la petite enfance relevant du secteur public était la norme et la tradition sont une tendance croissante dans le monde entier ;
(6) Considérant que les effets de la privatisation sur l’éducation de la petite enfance demeurent très peu documentés à l’échelle internationale ;
(7) Convaincu et réaffirmant qu'une éducation de qualité pour la petite enfance est cruciale pour la scolarité, l'égalité des chances et l'apprentissage continu de tous les enfants, en particulier de ceux qui grandissent dans des conditions précaires ;
(8) Étant convaincu que l'éducation de la petite enfance constitue un important moyen de défense contre la prolifération du travail des enfants dans plusieurs pays et régions du monde ;
(9) Soulignant que l'éducation de la petite enfance n'est toujours pas considérée comme un droit universel dans plusieurs pays ;
(10) Soulignant que les recherches du lauréat du prix Nobel James Heckman prouvent qu'une éducation de qualité pour la petite enfance influence considérablement les résultats sanitaires, économiques et sociaux des individus et de la société en général ;
(11) Tenant compte des disparités quant aux conditions de travail dans le secteur de la petite enfance au niveau mondial, qui affectent principalement les femmes;
(12) Considérant que les Directives de l'Organisation Internationale du Travail (OIT) sur la promotion du travail décent pour le personnel de l'éducation de la petite enfance ne sont pas encore connues par l’ensemble des acteurs clés impliqués dans la petite enfance dans le monde.
Le 8ème congrès mondial :
(13) Demande instamment à l'IE d'intégrer les nouvelles possibilités offertes par le point 4.2 de l'ODD 4. Les progrès futurs en faveur de l'EPE nécessitent un soutien et de nouvelles initiatives organisationnelles de la part de l'IE.
(14) Appelle à adopter une approche méthodique au regard des Directives de l’OIT sur la promotion du travail décent pour le personnel de l'éducation de la petite enfance. L'IE, ses régions et les organisations membres doivent assurer le suivi nécessaire pour garantir la mise en œuvre de ces directives. En outre, ils doivent prendre acte du plan d’action de l’UNESCO pour une mise en œuvre plus efficace du programme de développement de la petite enfance, comme le stipule le Cadre d’action et de coopération de Moscou de 2010.
(15) Rappelle que l’EPE dans certains pays constitue un chantier pour la privatisation et la commercialisation. Pour les fonds d’investissement, l’EPE est perçue comme une opportunité d’investissement prometteuse et susceptible de générer d’importants bénéfices. La marchandisation de l'EPE en un produit de consommation empêchera l'égalité, l'équité et la justice sociale et risque de s’immiscer dans d'autres secteurs de l'éducation publique.
(16) Convient que l'EPE fait partie intégrante du système éducatif et que le jeu joue un rôle central dans la vie des enfants. Conformément à l'article 31 de la Convention relative aux droits de l'enfant, les enfants ont le droit de jouer. Par conséquent, le jeu doit être au programme dans l’EPE.
Le Congrès confie au Bureau exécutif de l'IE le mandat suivant :
(17) Préparer un plan d'action pour l’EPE afin de définir et de recommander des politiques et des activités que l'Internationale de l'Éducation doit entreprendre au cours de la période à venir afin de promouvoir l'éducation de la petite enfance dans la société, dans le système éducatif et dans le mouvement syndical, y compris les actions suivantes :
(i) coordonner et organiser des activités, partager les connaissances et les expériences ;
(ii) promouvoir la recherche sur l'EPE et, en particulier, sur un cadre global pour une EPE de haute qualité ;(iii) poursuivre les recherches sur les causes et les conséquences de la privatisation et de la commercialisation de l'éducation de la petite enfance dans le monde ;
(iv) promouvoir les Directives de l’OIT sur la promotion du travail décent pour le personnel de l’éducation de la petite enfance ;
(v) préconiser d’améliorer la formation initiale, la formation continue et les conditions de travail décentes pour les enseignant·e·s de l’EPE ;
(vi) continuer à aider les syndicats membres de l’IE à syndiquer les enseignant·e·s et les personnel de soutien de l’EPE ;
(vii) garantir la continuité d’un groupe de travail mondial sur l'EPE pour conseiller le Bureau exécutif de l’IE sur les questions relatives à l'EPE à l'avenir.