En commémoration du début de la Seconde Guerre mondiale, les éducateur·rice·s ont réaffirmé leur engagement en faveur de l’initiative sur le désarmement et l'éducation de la paix, récemment adoptée par l'Internationale de l'Éducation et ses affiliés.
« La Seconde Guerre mondiale a commencé le 1er septembre 1939 avec l'entrée des troupes allemandes en Pologne. Quatre-vingts ans plus tard, les syndicats de l'éducation du monde entier appellent à une réduction des dépenses d’armement et à une augmentation des dépenses en vue d'atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) », a souligné Marlis Tepe, Présidente du Gewerkschaft Erziehung und Wissenschaft(GEW) et Vice-présidente de l’Internationale de l'Éducation (IE) pour l’Europe.
Le GEW a proposé une résolution sur cette thématique lors du 8e Congrès mondial de l'IE, qui a eu lieu à Bangkok pendant le mois de juillet. Alors que le monde ne dispose pas d’un système fonctionnel de maîtrise des armements, la résolution dresse la liste d'une série d'événements inquiétants, notamment l'intensification du commerce d’armes, l'expansion ou l'amélioration de l'arsenal des neuf puissances nucléaires, mais aussi la mise au point et l'introduction de nouvelles armes.
« Des montants scandaleux » dépensés pour la défense
Au niveau mondial, les dépenses de défense ont atteint 1.800 milliards de dollars, soit 2,2 pour cent du produit intérieur brut mondial. La dernière fois que nous avons consacré autant d'argent à l’armement, la guerre froide battait son plein et semait la panique et l’incertitude chez des millions de personnes aux quatre coins du monde.
Marlis Tepe, trouvant ce montant « scandaleux », a critiqué les chef·fe·s d’État et de gouvernement des pays de l’Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) qui ont donné leur accord pour atteindre l’objectif de réarmement massif: tous les États membres de l’OTAN doivent désormais consacrer deux pour cent de leur PIB pour la défense d’ici 2024. En Allemagne, le gouvernement fédéral est sous pression et la ministre de la Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer, veut atteindre cet objectif. Le Président américain Donald Trump estime quant à lui que cet effort est dérisoire et suggère d’augmenter ce montant à quatre pour cent. Les Etats-Unis sont également sortis du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire et peuvent maintenant recommencer à tester des missiles nucléaires de cette portée.
« Depuis la Seconde Guerre mondiale, jamais autant de personnes n’ont fui la guerre et la violence. Aujourd'hui, elles sont au nombre de 65 millions. Ces personnes vivent dans des conditions horribles, et la plupart ont non seulement perdu leur maison, leur famille et leurs amis, mais aussi leur foi en l’avenir. De nombreux enfants et adolescents n’ont pas accès à l’éducation », a déploré la Présidente du GEW, avant de rappeler que la majorité des citoyen·ne·s allemand·e·s s'opposent à la guerre et à l’augmentation des dépenses militaires.
« Nous pourrions atteindre tous les ODD en quelques années si on réduisait les dépenses d’armement »
Intitulée « Halte aux dépenses d’armement: des livres et non des bombes », la résolution proposée par le GEW a reçu un soutien unanime lors du Congrès mondial de l'IE, les syndicalistes de tous les continents se prononçant en faveur d’un processus de désarmement. « Nous voulons un monde exempt d'armes nucléaires. Ce dont nous avons besoin maintenant, c'est d’une nouvelle initiative de désarmement. Nous voulons soutenir le mouvement pour la paix avec toute la force et tout le pouvoir de nos syndicats nationaux et de l’Internationale de l'Education », a expliqué Tepe.
Le GEW appelle le gouvernement fédéral allemand à signer le traité adopté en 2017 par les Nations Unies sur l’interdiction des armes nucléaires et d’investir le budget consacré aux armes dans la mise en œuvre des ODD. « Nous pourrions atteindre tous les Objectifs de développement durable en quelques années si nous réduisions les dépenses d’armement. C’est la raison pour laquelle nous réitérons notre revendication de longue date: investissez dans l’éducation, et non dans les bombes », a conclu Tepe.