Les organisations syndicales de l’enseignement privé sous contrat en France se sont unies de manière historique, invoquant « une question de survie et de dignité », pour porter haut leurs revendications et demander « des conditions de travail dignes et sereines pour tous les personnels ».
En janvier 2019, une intersyndicale, soit sept organisations sur dix présentes dans l’enseignement privé, a pris forme.
Ces organisations ont réitéré des revendications portées depuis fort longtemps parmi lesquelles figurent:
- La revalorisation immédiate des salaires;
- Le refus d’une deuxième heure supplémentaire imposée;
- Une amélioration des conditions de travail (baisse du nombre des étudiant·e·s par classe, création des postes nécessaires, reconnaissance de la charge des enseignant·e·s);
- L’équité de traitement entre les enseignant·e·s du premier degré et du second degré;
- La résorption de la précarité́ de l’emploi (nouveau plan de titularisation des emplois précaires); et
- L’arrêt des réformes en cours qui entraînent des pertes d’emplois et ne prennent pas en compte l’avis des personnels.
Les organisations du secteur de l’enseignement privé ne veulent pas plus d’heures supplémentaires imposées, ni plus d’étudiant·e·s ou de classes, estimant que « les écoliers, collégiens, lycéens sont au cœur de leurs préoccupations et elles veulent que plus de temps soit consacré à toutes et tous ». Elles revendiquent « des conditions de travail dignes et sereines pour tous les personnels », et « des conditions d’apprentissage et d’enseignement respectant les besoins de chaque élève ».
Pour ces syndicats, « l’Education doit être une priorité pour le Gouvernement: elle sera garante de la construction du Monde de demain et de son émancipation ».
Deux rencontres avec les ministères de tutelle des enseignant·e·s ont eu lieu en février. Pour le Secrétaire général de la Fédération Formation et Enseignement Privés - Confédération française démocratique du travail (FEP-CFDT) Bruno Lamour, celle qui a eu lieu avec le ministère de l’Education nationale fut « très décevante », amenant l’intersyndicale à déclarer une journée de grève et de mobilisation du 16 mai.
Si les revendications initiales ont bien été mises en avant lors de cette journée, « il s’agissait également de faire entendre la voix des enseignants du privé qui semble peu compter depuis le changement de gouvernement en France en 2017 », a insisté Lamour.
Cette journée du 16 mai a été réussie du point de vue de sa préparation et des initiatives prises par l’intersyndicale dans les académies:
- Comme au niveau national, les différents syndicats sur le terrain n’ont pas une grande habitude de travail conjoint. C’est en cela que cette union est historique. La CFDT par exemple n’avait plus agi avec la Confédération générale du travail (CGT) depuis 2015 au niveau national.
- Des rassemblements ont eu lieu partout dans le pays, et même dans les îles d’Outremer attachées à la métropole, par exemple en Polynésie.
Ce jour-là, de nombreux·euses enseignant·e·s ont fait grève et, à l'appel de l'Intersyndicale du privé, se sont rassemblé·e·s dans toutes les académies.
De plus, les représentant·e·s des sept organisations syndicales ont été entendus par le Ministère et ont présenté une nouvelle fois leurs attentes et celles des éducateur·rice·s, les syndicats notant « un meilleur accueil durant cette audience que lors de celle accordée en février dernier ».
Dans un communiqué publié suite à leur entrevue au ministère, ils qualifient le 16 mai de « mobilisation inédite dans l’Enseignement privé dont le ministre de l’Education doit tenir compte ».
Ils y regrettent néanmoins que « les réponses apportées sur les aspects salariaux, sur la précarité, sur les conditions de travail et sur l'effet des réformes ne peuvent être jugées satisfaisantes et ce, d'autant plus qu'il y a manifestement de la part du Ministère une méconnaissance du fonctionnement d'un établissement privé sous contrat ».
Concernant le dialogue social entre le Ministère et les représentant·e·s des agents, ils reconnaissent que « des engagements ont été pris de façon à mieux les associer aux travaux engagés à l'Education nationale et bien évidemment à ceux touchant directement les personnels du privé ».
Les organisations membres de l’intersyndicale préviennent que « cela sera bien évidemment jugé aux actes. Non tenus, l'intersyndicale qui doit se réunir à nouveau pour tirer le bilan de la journée de mobilisation historique, peut sans attendre affirmer que cela serait un casus belli. »
Les actions futures n’ont pas encore été actées par l’intersyndicale qui doit tenir une nouvelle rencontre prochainement.