De jeunes militant·e·s éducateur·rice·s du Sénégal et de Côte d’Ivoire se sont réunis pour échanger et accroître leurs connaissances sur de nombreux thèmes en lien avec la réalisation d’une éducation de qualité pour tous dans leurs pays.
Un atelier de travail financé par la Fondation Friedrich Ebert (FES) a réuni 24 participant·e·s venu·e·s du Sénégal et de Côte d’Ivoire à cet atelier du 1er au 4 avril à Abidjan, en Côte d’Ivoire, pour la deuxième phase 2018-2020 du Programme « Young teachers for quality education and effective unions » (Jeunes enseignant·e·s pour une éducation de qualité et syndicats efficaces).
Renforcer l’unité syndicale, la syndicalisation et l’implication des jeunes militant·e·s dans les syndicats
Ce programme tend à renforcer la syndicalisation et l’implication des jeunes militant·e·s dans les instances dirigeantes des syndicats, ainsi que l’unité syndicale. Depuis 2015, la FES a permis à l’Internationale de l’Education (IE) d’organiser des ateliers de formation de jeunes militant·e·s de plusieurs pays d’Afrique francophone.
Dans ces deux pays, l’IE compte six syndicats membres, et deux structures supra-syndicales nationales y unissent ses affiliés, à savoir l’Union syndicale pour une éducation de qualité (USEQ) au Sénégal et l’IE Section Côte d’Ivoire (IESCI).
De nombreuses thématiques traitées
Outre l’unité syndicale, les participant·e·s ont également traité les thématiques suivantes:
- Le genre à l’école et dans le syndicat
Les débats ont permis de pointer l’importance du contexte culturel et sociétal dans la construction des stéréotypes de genre.
- Le redoublement
Un sujet jugé très important, et dont les participant·e·s ont pu regretter qu’il ne soit pas assez souvent jamais abordé dans le syndicat.
- La grève
Les jeunes enseignant·e·s syndicalistes ont débattu des inconvénients que peut représenter une grève, et se sont demandé si d’autres armes peuvent être utilisées pour obtenir satisfaction. Ils·Elles ont soulevé des dégâts collatéraux que peut avoir une grève et devant être gérés en termes d’image dans le grand public, parents et communautés.
- La syndicalisation
L’organisation d’un jeu de rôle, un·e participant·e jouant un·e militant·e en faveur de l’adhésion, et l’autre donnant des arguments contre l’affiliation syndicale, a permis aux participant·e·s de développer leurs compétences en matière de syndicalisation.
- La communication syndicale
Les participant·e·s se sont lancé·e·s dans la rédaction de tracts et de messages en lien avec l’utilisation des réseaux sociaux.
- La privatisation
Les jeunes militant·e·s de l’éducation se sont penché·e·s sur la situation dans les écoles privées.
Ils·Elles ont noté que dans le secteur de l’enseignement privé, les étudiant·e·s se comportent différemment et sont plus insolent·e·s que dans le public. En effet, comme leurs parents paient, ils·elles se permettent de mal se comporter envers les enseignant·e·s.
Dans le privé également, les enseignant·e·s répondent plus aux questions des étudiant·e·s, car ils·elles ont peur des plaintes des parents et car, les effectifs étant moindres que dans les écoles publiques, ils·elles peuvent mieux s’occuper de chaque enfant individuellement. Les relations du tryptique parents/directeur·rice·s scolaires/enseignant·e·s sont bien différentes dans le public et dans le privé, et marquées par plus de soumission des éducateur·rice·s.
Tou·te·s les jeunes s’entendent par ailleurs pour dire que le privé amène de la discrimination, qu’il existe une barrière à l’enseignement de qualité pour les plus pauvres, et que les enseignant·e·s sont moins bien formé·e·s dans le privé.
Parmi les slogans proposés par les jeunes militant·e·s figurent: « La privatisation et la marchandisation favorisent la destruction de l’école publique au profit de l’école privée », « La privatisation favorise les inégalités d’accès à l’éducation parce que ne garantissant pas l’éducation pour tous », « La privatisation privilégie l’éducation pour les riches », « L’école publique garantit une éducation pour tous sans discrimination », « L’école privée appauvrit davantage les parents », « C’est à l’Etat de financer l’école publique gratuite et accessible à tous! », « Syndicats enseignants et parents d’élèves: ensemble pour une éducation de qualité, accessible et gratuite! », et « Parents, vous payez l’éducation de votre enfant, mais êtes-vous sûrs qu’il reçoit une éducation de qualité? »
Les jeunes militant·e·s ont enfin participé au lancement de la campagne de la Réponse mondiale de l’IE à la privatisation et la commercialisation de et dans l’éducation en Côte d’Ivoire, une occasion concrète de voir l’action syndicale basée sur la recherche et appuyée par une solide couverture médiatique.