Près de quatre millions d’enfants australiens s’inscrivent chaque année dans notre système d’enseignement public de classe mondiale. Etudiant(e)s issu(e)s de familles aisées, étudiant(e)s de familles ayant du mal à joindre les deux bouts. Athlètes d’élite, certain(e)s jonglant même avec un début de carrière en tant qu’athlètes olympiques ou professionnel(le)s, d’autres n’ayant jamais pratiqué un sport organisé. Acteurs et artistes en herbe, jouant des concertos ou du Shakespeare, d’autres n’ayant jamais prononcé un seul mot de leur vie. Etudiant(e)s extrêmement mobiles, bondissant à travers le terrain et les couloirs et ceux/celles qui ne feront jamais un pas, sans parler de monter une volée d’escaliers…
Je suis incroyablement reconnaissant de la vie que j’ai eue, mais sans les possibilités qui l’ont été offertes tout au long de mon parcours dans l’excellent système d’enseignement public australien, je suis certain que je ne serais pas arrivé où j’en suis aujourd’hui.
Mon parcours éducatif est traversé d’enseignant(e)s extraordinairement talentueux(ses), qui m’ont défendu, moi et les valeurs d’une éducation inclusive. Ils/Elles se sont battu(e)s pour moi quand j’étais impuissant et ne pouvais pas lutter moi-même.
Ils/Elles ont insisté pour mon inclusion dans l’école locale ordinaire alors que l'isolement de la ségrégation était recommandé. Le directeur de mon école primaire a exigé que j’étudie dans le même établissement que mes frères et sœurs, cousins, oncles et tantes, grands-parents et même un de mes arrière-grands-parents, qui avaient fréquenté la Carcoar Public School. En vue de mon premier jour, ce même directeur a passé ses vacances d’été à bétonner des allées et des rampes dans la Carcoar Public afin que je puisse commencer mes études en 1986.
Mes professeur(e)s m’ont enseigné la valeur de l’espérance. Une espérance que je chéris depuis. En voyageant à l’étranger, j’ai vu une vie sans attente, qui peut être plus invalidante que n’importe quel handicap. Lorsque nous ôtons de la vie d’une personne l’espérance qu’elle peut interagir avec ses pairs, nous ne rendons pas service à la communauté.
Lorsque nous autorisons que le niveau éducatif d’un enfant soit déterminé par l’épaisseur du compte en banque de ses parents, nous rendons un mauvais service à notre avenir. Mes parents, des paysans honnêtes et durs à la tâche, avec cinq enfants, dont un handicapé, étaient heureux d'avoir un dollar à la banque. Si le coût était un obstacle à notre participation à l’éducation, notre nation serait privée de quatre diplômés universitaires, dont trois enseignant(e)s et d’un éleveur et exploitant agricole prospère.
Alors que le droit à l’éducation est un droit fondamental de la personne, on estime qu’environ 90 pour cent des enfants handicapés ne sont même pas inscrits à l’école (UNICEF, 2014). Trente-trois pour cent seulement des enfants ayant besoin d’une chaise roulante pour se déplacer en ont une. Cela me dépasse et nous devrions nous dépêcher de tendre à réparer cette injustice. Mais nous ne le faisons pas. L’aide étrangère des pays riches ne cesse de baisser et les enfants handicapés continuent de passer à travers les mailles du filet et à vivre une vie sans espérance ou sans opportunité.
Je ne suis pas seulement le bénéficiaire d’un système d’enseignement public fort, je suis aussi le titulaire d’un diplôme d’enseignant. Aujourd’hui, j’entre rarement dans une salle de classe, mais je devais obtenir mon diplôme de l’enseignement supérieur en signe de reconnaissance personnelle pour les enseignant(e)s qui ont jalonné ma vie.
Plutôt que de passer chaque jour dans une salle de classe, j’ai vécu la vie d’un athlète professionnel et d’un homme fier avec un handicap. J’ai passé l’essentiel de deux décennies à tenter de renforcer mon corps. A convaincre mon cœur qu’il peut toujours battre à 200 pulsations par minute pendant près de deux heures aujourd’hui, comme il le faisait quand j’avais vingt ans. A essayer de régler une pièce de mon équipement pour abaisser mon chrono potentiel de quelques centièmes de seconde.
J’ai bénéficié de l’aide de personnes qui sont les meilleures du monde dans leur domaine pour développer ma confiance en moi et mes compétences en tant que coureur en fauteuil roulant afin de devenir le meilleur du monde dans ma catégorie paralympique. Ces instants où vous franchissez la ligne d’arrivée et où vous avez su transformer tous les mauvais moments et les conseils en succès et en joie sont incroyables. J’ai été choisi pour porter le drapeau de l’équipe australienne des Jeux du Commonwealth et j’ai été désigné capitaine de mon équipe nationale aux Jeux paralympiques. J’ai déjeuné avec la Reine d’Angleterre, j’ai rencontré le Roi d’Espagne, j’ai été membre de l’équipage d’un voilier ayant remporté l’une des courses les plus prestigieuses du monde.
Mais l’accès à des enseignant(e)s dévoué(e)s dans une école ordinaire est bien plus que cela et se gagne chaque jour de la semaine.
Lorsqu’une communauté est prête à ouvrir les systèmes éducatifs à toutes les personnes qui ont une vie différente, notre communauté en bénéficie. L’éducation ne peut pas être considérée comme un luxe. Elle est essentielle à la vie et une éducation inclusive permet à tous de connaître une version réaliste de cette vie. J’ai appris la normalité grâce à mon inclusion dans l’enseignement ordinaire. Cette normalité a fait naître une attente parmi mes pairs. Dès ce moment, j’ai rêvé d’être le plus rapide du monde. Mais je n’ai jamais perdu de vue ce qui a fait de moi qui je suis. Je suis l’enfant de la Carcoar Public School, je suis apprécié de mes professeur(e)s et mes camarades ont besoin de moi.
Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.