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Royaume-Uni: les enseignant(e)s ont besoin de soutien pour lutter contre les problèmes liés à la santé mentale des étudiant(e)s

Publié 6 juillet 2017 Mis à jour 14 avril 2022
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Les syndicats d'enseignants du Royaume-Uni ont souligné que les enseignant(e)s doivent être soutenu(e)s par des professionnel(le)s de la santé qualifié(e)s afin d’aborder plus efficacement les problèmes de santé mentale chez les étudiant(e)s.

Cette déclaration s’inscrit dans le cadre d’une réponse des syndicats au lancement d'un programme gouvernemental visant à former dans chaque école secondaire un(e) « Champion(ne) des premiers soins en santé mentale des jeunes ».

NASUWT: un soutien nécessaire

« Les enseignants et dirigeants d’établissements scolaires sont profondément préoccupés par les questions de santé mentale que rencontrent les enfants et les jeunes auxquels ils enseignent », a déclaré Chris Keates, Secrétaire générale de la National Association of Schoolmasters Union of Women Teachers(NASUWT).

Même si elle se réjouit que le gouvernement s'inquiète de la santé mentale des étudiant(e)s, elle a toutefois précisé que cette déclaration serait insuffisante face à l’ampleur des problèmes rencontrés dans les écoles. « Les enseignants et les dirigeants des établissements scolaires prennent très au sérieux leur devoir de diligence envers leurs étudiants, mais ils ne peuvent remplacer les professionnels de la santé qualifiés », a-t-elle ajouté.

L’une des difficultés majeures est qu’une fois les questions de santé mentale identifiées dans les écoles, l'accès à des professionnel(le)s externes et à des services de soutien appropriés est au mieux limité et dans certains cas inexistant, en raison des coupes budgétaires qui se répètent d’année en année dans ces services, a-t-elle déclaré.

Même si les formations peuvent s’avérer utiles, « elles peuvent aussi transférer un fardeau et une responsabilité supplémentaires sur les épaules des enseignantes et enseignants, qui ont déjà du mal à faire face aux charges de travail excessives et non durables ».

Les enseignant(e)s ignoré(e)s

Keates a également été « profondément déçue » de constater qu’une fois de plus les preuves étendues des problèmes de santé mentale rencontrés par les enseignant(e)s n’ont pas été prises en compte, même si les questions de santé mentale auxquelles sont confrontés les enfants et les jeunes sont reconnues.

Elle a instamment demandé au gouvernement de s'attaquer aux facteurs contributifs dommageables pour la santé mentale et le bien-être dans les écoles. Cette demande s’ajoute au fait d’assurer pour les étudiant(e)s et les enseignant(e)s un accès direct à des services de santé mentale composés de professionnel(le)s qualifié(e)s et dûment formé(e).

Les statistiques révèlent des vérités brutales

Parmi les statistiques choquantes révélées par l'enquête réalisée en mars 2017 par la NASUWT auprès de 2.000 enseignant(e)s et dirigeant(e)s d’établissements scolaires, notons que 98 % des enseignant(e)s ont déclaré avoir eu des contacts avec des étudiant(e)s qui, selon eux, sont aux prises avec des problèmes de santé mentale.

Par ailleurs, le travail a eu un impact négatif sur le bien-être pour 83 % des répondant(e)s, sur la santé mentale pour 59 % et sur la santé physique pour 52 %.

NUT: sous-financement chronique

Le National Union of Teachers(NUT) a également formulé des observations sur les propositions des Ministères de la Santé et l'Education d'accorder un financement de 200.000 £ pour aider les enseignant(e)s à comprendre et à identifier les problèmes de santé mentale chez les enfants dans toutes les écoles secondaires d’Angleterre. « Le gouvernement doit faire preuve d’un peu de sérieux s’agissant des priorités d'investissement pour la santé mentale, qui selon ses propres chiffres, s'élève à 67 £ par tête », a déclaré Rosamund McNeil, Directrice du département Education du NUT, avant d’ajouter que les services de santé mentale font face à « un sous-financement chronique qui dure depuis des années ».

Et de poursuivre: « L’identification des étudiantes et étudiants par les écoles est un élément clé mais les jeunes et les enfants ont besoin d’une aide clinique spécialisée proche de leur domicile et assez rapide pour assurer une intervention précoce. Dans chaque promotion, de nombreux enfants ont des besoins affectifs et comportementaux qui exigent une prise en charge à l’extérieur de l'école. » Les services de santé mentale pour enfants et adolescent(e)s doivent être élargis afin d'assurer que les écoles disposent d’endroits appropriés et de professionnel(le)s dûment formé(e)s vers lesquel(le)s diriger les familles, a déclaré McNeil.

Stress lié aux examens

Si l’on considère le fait que certains enfants citent l’approche éducative de type « usine à examens » comme l'une des raisons de leur niveau de stress élevé, elle a précisé que le gouvernement devrait revoir le rôle des tests à enjeux élevés dans le contexte de la santé mentale et du bien-être des enfants. Il devrait par ailleurs être attentif aux recommandations du récent rapport du Comité spécial sur l'éducation suite à l’enquête Children and young people's mental health - role of education. (La santé mentale des enfants et des jeunes - le rôle de l’éducation)

McNeil a également suggéré d’augmenter le nombre de postes pastoraux dans les écoles et de faire en sorte que le programme scolaire comporte suffisamment de temps pour le sport, l'activité physique et les arts, car ces matières sont de plus en plus touchées par la crise de financement des écoles.

Elle a demandé instamment que le gouvernement accorde aux écoles les niveaux de financement, de flexibilité du programme et de personnel nécessaire afin soutenir les besoins individuels des enfants et des jeunes, mais aussi qu’il augmente l'investissement national en faveur de la prise en charge de la santé mentale au niveau local.