L'Internationale de l'Education a chaleureusement salué la libération de 82 des 276 étudiantes enlevées il y a trois ans par des militants islamistes du groupe Boko Haram dans le nord-est du Nigéria.
Les filles ont été libérées après négociations, en échange de cinq dirigeants de Boko Haram détenus par les autorités. Les jeunes filles, prises en charge par l'armée nigériane, sont arrivées dans la capitale, Abuja, pour rencontrer le Président Muhammadu Buhari, le 7 mai.
Selon Shehu Sani, un sénateur nigérian, de longues négociations se sont déroulées en Suisse et au Soudan et les jeunes filles ont été libérées près de Banki, une ville au nord-est du Nigéria située le long de la frontière avec le Cameroun.
Un porte-parole du Président Buhari a déclaré que ce dernier est très reconnaissant envers les « agences de sécurité, les militaires, le Gouvernement suisse, le Comité international de la Croix-Rouge et des ONG locales et internationales » pour leur rôle dans l'opération.
Plaidoyer pour la vie privée
Amnesty International a déclaré que les anciennes détenues « ne méritent d'être mises sous les feux des projecteurs... Le gouvernement doit respecter leur vie privée et veiller à ce qu’elles retrouvent leur famille sans subir de longues périodes de détention et de contrôle de sécurité, qui ne peuvent qu'ajouter à leurs souffrances et difficultés », a déclaré la Directrice d’Amnesty au Nigéria, Osai Ojigho.
Indignation internationale
L'enlèvement des « filles de Chibok » a déclenché l’indignation dans le monde entier et provoqué sur les médias sociaux une campagne de grande envergure avec le hashtag # BringBackOurGirls, une campagne largement soutenue par la Première Dame des Etats-Unis d'Amérique, Michelle Obama, et bien d'autres célébrités.
Après l’attaque du lycée gouvernemental pour filles de Chibok, dans l'état de Borno, en avril 2014, plus de 50 filles se sont rapidement échappées. Boko Haram a ensuite libéré 21 autres filles et jeunes femmes en octobre 2016, dans le cadre d’un marché similaire impliquant la Croix-Rouge dans le transfert des captives libérées. Plus de 100 des 276 jeunes filles enlevées sont toujours prisonnières.
L'Internationale de l'Education appelle les autorités publiques nigérianes à assurer la libération prochaine des autres jeunes filles.
Contexte
En plus des filles de Chibok, Boko Haram a enlevé au fil des ans plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de filles et garçons pour les forcer à se battre, à cuisiner, à nettoyer et à porter des enfants. Des jeunes femmes enceintes, une femme avec un bébé sur le dos, et même de jeunes enfants de huit ans à peine ont été utilisés comme kamikazes par le groupe, déployés comme armes humaines répandant la destruction dans les marchés et même dans les camps abritant des personnes désespérées fuyant la violence.
Selon le gouvernement, en huit années d’insurrection dans le but de créer un califat islamique dans le nord-est du Nigéria, Boko Haram a kidnappé des milliers de personnes et en a tué plus de 30.000 autres. Des centaines de milliers de personnes ont été forcées de fuir leurs maisons.
Le groupe islamiste a été créé en 2002, dans un premier temps par opposition à l'éducation de style occidental, Boko Haram signifiant « l'éducation occidentale est interdite » dans la langue haoussa. Depuis l'enlèvement de Chibok, Boko Haram a éclaté en plusieurs factions, dont l'une a fait allégeance à l'Etat islamique.