Le 6ème Congrès mondial de l’Internationale de l’Education (IE), réuni au Cap, en Afrique du Sud, du 22 au 26 juillet 2011 : 1. Affirme sa conviction qu’une éducation de haute qualité constitue un droit humain fondamental pour tous/tes les étudiant(e)s, et que les enseignant(e)s sont au cœur de l’éducation ; que les enseignant(e)s permettent aux jeunes de développer leur réflexion et d’acquérir des connaissances, de se maintenir en bonne santé, de s’épanouir socialement, de donner un sens à la société et d’y participer ; et, avant tout, que les enseignant(e)s encouragent les étudiant(e)s à réaliser pleinement leur potentiel ; 2. Considère que les aspirations de millions d’enseignant(e)s à travers le monde, dont la grande majorité est affiliée à des syndicats membres, constituent la base fondamentale du travail et de l’objectif de l’Internationale de l’Education ; que l’objectif fondamental de l’Internationale de l’Education est de représenter les intérêts de ces enseignant(e)s sur la scène mondiale, et de soutenir et de conseiller les organisations membres dans le cadre de leurs activités avec les Etats et les gouvernements, tant au niveau national qu'au sein des fédérations ; 3. Déclare sa profonde conviction qu’une des missions/objectifs clés de l’IE consiste à plaider, à mener des campagnes et à lutter en faveur d’une profession enseignante qui, au niveau mondial, puisse avoir confiance en ses capacités et être soutenue dans l’acquisition du savoir, des compétences et des connaissances qui lui sont nécessaires pour toujours garder une longueur d’avance dans un monde en évolution constante ; et en faveur d’une profession enseignante qui, au niveau mondial, soit également valorisée par des salaires, des avantages sociaux et des conditions d’emploi qui permettent de garantir aux enseignant(e)s un niveau de vie décent, de soutenir et de maintenir leur rôle au sein de la société et d’affirmer leur statut face à d’autres professions similaires ; 4. Souligne que cette résolution a pour objectif d’orienter le travail de l’IE concernant la formulation d’une stratégie pour l’avenir de la profession enseignante ; 5. Considère que bon nombre de gouvernements et d’organisations internationales portent à présent leur attention sur le travail des enseignant(e)s dans les salles de classe et sur celui des directeurs(-trices) d’établissements scolaires ; que certains gouvernements sont tentés d’adopter des modèles punitifs en vue de renforcer l’efficacité des enseignant(e)s, en l’occurrence la précarisation de leurs contrats de travail et le recours aux incitants financiers dont le but est d’encourager les enseignant(e)s à obtenir de leurs élèves un niveau de performance élevé aux résultats de tests et d’examens spécifiques - sans oublier les menaces de licenciement au cas où certaines cibles spécifiques ne seraient pas atteintes - ; et que ces tendances s’accompagnent souvent du recours à une évaluation des établissements scolaires, dont l’enjeu est très important mais qui reste fondée sur des mesures peu pertinentes, telles que celles mentionnées ci-dessus ; 6. Considère que de telles approches entament la confiance des enseignant(e)s et nuisent à leur sentiment d’efficacité personnelle ; qu’elles entraînent non pas une amélioration mais bien une dégradation des résultats des étudiant(e)s ; et qu’elles contribuent également à perpétuer les inégalités au sein des salles de classe et à privilégier les capacités intellectuelles des étudiant(e)s au détriment de leur intelligence émotionnelle et sociale ; 7. Face à ces approches punitives, le Congrès décide de mandater le Bureau exécutif en vue de développer une stratégie de plaidoyer pour la profession enseignante, basée sur les principes exposés dans l’Annexe à cette résolution, et de préparer dans les plus brefs délais un document destiné à être utilisé par les organisations membres dans les négociations avec leur gouvernement, et qui reconnaît que les principes énoncés par l’Internationale de l’Education pour l’avenir de la profession enseignante font partie intégrante de sa politique « Une éducation de qualité pour bâtir l’avenir ». ANNEXE : Principes d’une Stratégie de plaidoyer pour l’avenir de la profession enseignante a. En l’absence d’une profession enseignante confiante, proactive et assurée de son statut et de l’enseignement qu’elle dispense, aucun gouvernement ne sera en mesure d’atteindre l’objectif qui consiste à instaurer un système éducatif de haute qualité. b. Les enseignant(e)s et leurs organisations devraient être considéré(e)s par les gouvernements comme des partenaires égaux, indépendants, mais engagé(e)s dans les efforts communs visant l’instauration de systèmes éducatifs efficaces. c. Les enseignant(e)s et leurs communautés éducatives, au niveau mondial, ont beaucoup à apprendre les un(e)s des autres. L’IE apportera son soutien et son aide à ses affiliés pour jeter des ponts entre les écoles et leurs communautés. Un programme scolaire à caractère social d. Les étudiant(e)s devraient avoir droit à un programme scolaire qui couvre l'apprentissage de la lecture, de l'écriture et du calcul, les sciences, les langues étrangères, les lettres, les sciences humaines, les aptitudes de la vie courante et les activités sportives. Le programme scolaire devrait offrir aux étudiant(e)s des compétences civiques et les préparer à la démocratie, de même que répondre à leurs besoins sociaux, affectifs et intellectuels, en plus de les préparer à leur vie d'adulte et au monde du travail. e. Lorsque les gouvernements envisagent d’établir des programmes nationaux, ils devraient les élaborer avec les enseignant(e)s et leurs organisations. Evaluation f. L’évaluation des étudiant(e)s devrait servir à établir un diagnostic. Elle devrait permettre d’identifier les étapes suivantes du parcours d’apprentissage des étudiant(e)s et fournir des informations constructives aux parents, aux enseignant(e)s et aux étudiant(e)s eux/elles-mêmes. Les résultats de l’évaluation des étudiant(e)s ne devraient pas servir à évaluer les enseignant(e)s et les établissements scolaires en tant qu’institutions. g. L’évaluation des enseignant(e)s devrait être basée sur les réactions qui identifient les points forts des enseignant(e)s et leurs besoins en matière de développement professionnel. Les enseignant(e)s devraient avoir le sentiment qu'ils/elles peuvent être honnêtes à propos de leurs besoins professionnels et de leurs points forts, sans pour autant être pénalisé(e)s. Il n'y a pas de preuve que des incitations financières individuelles, telles qu'une rémunération basée sur les résultats, fonctionnent dans les écoles. Les preuves foisonnent que l'évaluation visant à identifier et à offrir un développement professionnel de haute qualité aux enseignant(e)s a des effets positifs. h. L’évaluation des établissements scolaires devrait être centrée sur la mise en valeur des points forts et sur l’intégration du droit pour les communautés éducatives d’apporter des améliorations là où elles sont nécessaires. L’évaluation des établissements scolaires devrait encourager l’innovation et la créativité et devrait être du ressort des communautés éducatives. Cette évaluation ne doit pas conduire à un classement des établissements qui induirait une hiérarchie et une concurrence mais au contraire favoriser les échanges de méthodes positives entre établissements. i. L’évaluation de l’ensemble du système éducatif par les gouvernements devrait être réalisée par le biais de mécanismes d’échantillonnage anonyme. Cette évaluation doit notamment mesurer la capacité du système éducatif d’un pays à compenser les inégalités sociales dans la réussite des études. Direction des établissements scolaires j. La direction des établissements scolaires est vitale pour des systèmes éducatifs de haute qualité. Les gouvernements et les autorités locales devraient collaborer avec les enseignant(e)s et leurs organisations pour développer de nouvelles formes de direction qui renforcent la capacité des établissements scolaires à innover, ainsi que la confiance des enseignant(e)s pour réfléchir à leurs propres pratiques et les développer. Salaire, avantages sociaux et conditions d’emploi des enseignant(e)s k. Le salaire, les plans de retraites, les conditions de service et la sécurité d’emploi des enseignant(e)s devraient être comparables à ceux qui s’appliquent à d’autres professions requérant un niveau de qualification similaire, et devraient être suffisamment attrayants pour encourager le recrutement de candidat(e)s à haut potentiel et les maintenir au sein de la profession. l. En l’absence de la participation des enseignant(e)s et de leurs organisations aux débats consacrés à l’avenir de la profession enseignante, les efforts déployés par les gouvernements pour développer leurs systèmes éducatifs nationaux seront compromis. Il est essentiel que les organisations d’enseignants soient les acteurs principaux dans l’élaboration des stratégies futures pour les enseignant(e)s. Nécessité pour tous les gouvernements de disposer de stratégies nationales pour la profession enseignante. m. De nombreux gouvernements et autorités locales n'ont pas de stratégie à long terme pour leur profession enseignante. L'hypothèse que les enseignant(e)s peuvent, une fois qu'ils/elles sont engagé(e)s, continuer à enseigner au fil du temps sans développement et sans soutien est fausse. Tous/toutes les enseignant(e)s ont besoin et devraient avoir accès au développement professionnel. Les gouvernements et les autorités locales devraient envisager l'adoption des points suivants dans toute stratégie qu'ils élaborent pour leurs enseignant(e)s. n. Le développement professionnel continu devrait être instauré par les enseignants(e)s et placé sous leur responsabilité, et il devrait constituer un droit tout au long de leur carrière. o. Il conviendrait de développer des approches de l’évaluation des enseignant(e)s auxquelles ceux/celles-ci puissent faire confiance, qui fournissent des commentaires constructifs et qui contribuent à leur développement professionnel de manière concrète. p. Les enseignant(e)s devraient pouvoir s’appuyer sur des sources issues de la recherche pédagogique et échanger sur leurs pratiques. q. Les enseignant(e)s devraient être au centre de la recherche en éducation, y jouer le rôle de conseillers/ères et mener des études dans ce domaine. r. Les politiques éducatives des gouvernements et des Etats devraient intégrer les points de vue des enseignant(e)s, tant dans l’élaboration que dans la mise en œuvre de nouvelles politiques. s. Les gouvernements doivent examiner leurs politiques afin de déterminer si elles valorisent mieux le savoir-faire et l’expertise des enseignant(e)s sur le métier. t. Il conviendrait d’assurer la continuité entre la formation initiale de haute qualité des enseignant(e)s et leur développement professionnel continu. La formation des enseignant(e)s devrait être de la plus haute qualité, et organisée au niveau du deuxième ou troisième cycle universitaire. Celle-ci devrait être suivie d’une période d’intégration structurée dans la profession, et un soutien devrait être apporté aux enseignant(e)s tout au long de leur carrière par le biais du développement professionnel continu. Ce soutien inclurait l’acquisition et l’intégration des nouvelles technologies sans augmenter indument la charge des enseignant(e)s, tout en se souciant de concilier le travail et les études. u. Lorsque des conseils pédagogiques professionnels sont établis au niveau national, les enseignant(e)s devraient être les principaux décideurs concernant la nature et les attributions de ces conseils. v. Les enseignant(e)s devraient participer activement aux discussions avec les gouvernements et les Etats pour tout ce qui concerne la nature et les objectifs de l’évaluation des étudiant(e)s, des enseignant(e)s, des établissements scolaires et de l’ensemble du système.