Le quatrième Congrès mondial de l'Internationale de l'Education, réuni à Porto Alegre, Brésil, du 22 au 26 juillet 2004:
1. Note que la mauvaise gestion et la corruption tendent à se développer à plusieurs niveaux de nos sociétés, aussi bien dans les secteurs privé et public, qui affectent notamment le fonctionnement des activités économiques, sociales et éducatives.
2. Rappelle les grands scandales constatés (investissements hasardeux, détournements de fonds, falsification de bilans financiers, etc.) au niveau de plusieurs entreprises multinationales, avec des conséquences sur l'emploi et les retraites de nombreux travailleurs, y compris dans le secteur de l'éducation.
3. Rappelle également plusieurs situations rencontrées dans des pays en développement où des prêts d'institutions financières internationales et régionales pour des projets mal conçus et/ou mal gérés, voire détournés à des fins personnelles, se révèlent trop souvent des échecs, dont les conséquences financières restent à la charge des pays sur de nombreuses années contribuant ainsi à l'aggravation des déficits publics improductifs, qui freinent le développement de l'éducation.
Le Congrès
4. Considère que sur le thème de la mauvaise gestion et de la corruption en relation avec l'éducation, deux aspects doivent être pris en considération: combattre la mauvaise gestion et la corruption quand elles existent dans le secteur de l'éducation, mais aussi utiliser l'éducation comme un moyen de lutter contre la corruption à tous les niveaux de nos sociétés. C'est une exigence de citoyenneté que de respecter ce bien commun qu'est l'éducation et de donner un sens au bien public commun à tous.
5. Note que les médias rapportent trop souvent des situations inacceptables d'enseignants corrompus au sein d'établissements scolaires à pratiques douteuses, dans des pays où les dirigeants et responsables sont les premiers corrompus et donnent l'exemple. Cette situation est aussi le résultat des conditions de vie et matérielles catastrophiques des enseignants.
6. Considère que le degré de corruption chez les enseignants dans la plupart des cas est directement lié au degré de corruption des gouvernants, des structures économiques et administratives des pays, ce qui implique que la lutte contre la corruption dans le secteur de l'éducation passe par un retour à un fonctionnement démocratique et transparent des structures mentionnées ci-dessus. Les pays du Nord ont une lourde responsabilité dans l'installation de la corruption au sein de ces structures.
7. Considère qu'un des moyens de lutter contre des pratiques de corruption chez les enseignants, les chefs d'établissement et autres employés du secteur, passe par l'attribution d'un salaire décent qui permette à tous de vivre normalement de leur travail régulier, et qu'un fonctionnement transparent et démocratique des structures est essentiel pour arrêter la corruption.
8. Considère également que les situations de mauvaise gestion et de corruption dans le secteur de l'éducation pourraient être avantageusement supprimées ou réduites par un dialogue social authentique mené dans un cadre de concertation où les organisations syndicales représentatives seraient reconnues et entendues par les pouvoirs publics; cadre de concertation et/ou de négociation dont le fonctionnement est basé sur la transparence et la démocratie.
9. Considère que la sensibilisation des personnels d'éducation aux pratiques de corruption et à leur nocivité devrait être réalisée dans le cadre d'activités de formation initiale et continue de ces personnels et devrait faire partie de l'éthique professionnelle.
10. Considère enfin que la sensibilisation des élèves et des étudiants devrait être réalisée dans le cadre de programmes intégrés à l'éducation aux droits humains, qui soulignent que l'argent n'est pas la seule valeur qui doive motiver nos sociétés, que les lois doivent être appliquées et que les corrompus doivent être lourdement sanctionnés.
Le Congrès de l'Internationale de l'Education
11. Demande que les institutions financières internationales et régionales s'entourent de tous les avis, notamment des organisations syndicales d'enseignants, pour l'élaboration, la faisabilité et le suivi des projets financés, afin de prévenir des pratiques de mauvaise gestion et de corruption.
12. Demande au Bureau exécutif de poursuivre les discussions avec les organisations intergouvernementales comme l'UNESCO, la Banque mondiale et l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pour que ces graves problèmes soient pris en considération et que des propositions de lutte soient considérées dans le cadre d'un groupe inter-agences avec l'IE.
13. Demande aux organisations affiliées d'accorder une certaine priorité aux situations nationales de mauvaise gestion et de corruption et de prendre l'initiative d'inclure ces questions dans les activités de formation professionnelle et syndicale.
14. Demande au secrétariat de renforcer les liens avec l'ONG Transparency International et de considérer des programmes conjoints.