L'influence et l'intervention des entreprises au sein du secteur de l'enseignement public ne cessent de croître à travers le monde. Aux Philippines, l'incapacité du gouvernement à répondre à ses obligations de garantir une éducation de qualité gratuite à l'ensemble de ses citoyen(ne)s a offert de nouvelles opportunités commerciales aux entreprises privées, en leur permettant de s'impliquer dans le secteur et de combler les « lacunes du gouvernement » par le biais de leurs services basés sur le marché. Résultat, une vague de privatisations menées par des entreprises voit actuellement le jour dans le secteur de l'éducation philippin, sous la forme d'une chaîne d'écoles privées payantes à bas prix - connues sous le nom de Centres éducatifs privés à bas prix (APEC). L’APEC est une nouvelle entité commerciale, fruit d'un partenariat entre deux entreprises multinationales majeures : Pearson Education et le Groupe Ayala.
Le 24 avril 2013, le Département de l'Education des Philippines (DepED) a conclu un protocole d'entente avec Pearson 1(la plus grande société de produits et services éducatifs au monde) et Ayala Corporation 2(un des plus importants conglomérats d'entreprises aux Philippines), stipulant ce qui suit :
Avec l'adoption de la Loi pour la modernisation de l'enseignement fondamental de 2013 et l'introduction des classes de Première et de Terminale qui en découle, il est urgent d'offrir une éducation de qualité à prix abordable aux millions d'enfants philippins en âge de fréquenter l'enseignement secondaire, auxquels la seule solution offerte actuellement est de s'inscrire dans des écoles surpeuplées (DepED & APEC, 2013, p. 1).
Suite à l'introduction de la loi relative à l'amélioration de l'enseignement fondamental(système K-12), le système éducatif - surchargé, sous-financé et incapable de prendre en charge tous les élèves - devra bientôt organiser deux années supplémentaires (Première et Terminale), soit un troisième degré pour l'enseignement secondaire. Une crise éducative menace donc les Philippines, vu la « nécessité urgente » d'offrir une éducation de qualité aux millions d'enfants philippins en âge de fréquenter le secondaire. La crise a ouvert de nouvelles perspectives commerciales aux entreprises mondiales d'édu-business.
Le gouvernement philippin projette de développer considérablement le programme de chèques-études afin de pouvoir s'appuyer sur les ressources et les investissements privés pour déployer davantage d'écoles privées. Comme l'explique un gestionnaire d'une école APEC :
Le Département de l'Education compte énormément sur l'aide du secteur privé pour instaurer les grades 11 et 12 - Première et Terminale. C'est la raison pour laquelle nous mettons en circulation ces chèques-études. Le gouvernement ne peut construire suffisamment d'écoles et recruter suffisamment d'enseignantes et enseignants. Il ne peut se le permettre. Nous avons reçu un grand nombre de réponses favorables de la part du gouvernement pour que nos écoles APEC organisent ces deux nouveaux niveaux (communication personnelle, 26 mai 2015).
C'est pourquoi le groupe APEC entend s'appuyer sur la restructuration néolibérale mise en œuvre au sein du secteur de l'éducation aux Philippines pour développer sa propre chaîne d'écoles payantes facturant normalement des prix « abordables » (500 dollars américains par an) et offrir ainsi un accès à l'éducation à la jeunesse philippine défavorisée sur le plan économique et non scolarisée dans d'autres écoles privées et publiques.
Le problème est que les écoles APEC, contrairement à ce que l'entreprise déclare, sont loin d'être « abordables » pour les élèves issus de familles modestes, puisque les familles à faible revenu (classe E) devraient réserver environ 40 pour cent de leur budget annuel pour envoyer un seul enfant dans ce type d'école. Les services offerts par l’APEC ne sont donc pas accessibles à la jeunesse « la plus défavorisée sur le plan économique » du pays. Bien au contraire, l’APEC sert les intérêts d'une minorité de familles issues des classes inférieures ou moyennes ayant les moyens de s'acquitter des frais demandés par une école privée payante.
Le modèle d'édu-business à bas prix mis en place par l’APEC se base sur les principes suivants (Département de l’Education et APEC, p. 1) :
Instaurer les « bonnes pratiques » appliquées dans les écoles privées payantes telles que les BRAC au Bangladesh et les chaînes dans lesquelles investissait Pearson auparavant comme les Omega Schools au Ghana et les Bridge International Academies au Kenya.
Miser fortement sur l'aspect employabilité en exploitant les modèles de formation des entreprises et en collaborant étroitement avec des partenaires employeurs, notamment pour les niveaux Première et Terminale.
Appliquer des processus normalisé et reproductible pour réaliser des économies d'échelle et assurer une croissance rapide.
Exploiter les technologies bon marché ayant un impact important, implantées dans des pays comme l'Inde.
Réduire les coûts au travers de la location - et non de l'achat - de locaux inutilisés.
Assurer une durée de vie maximale du matériel et le rentabiliser au mieux au travers du partage et du recyclage.
Maximiser l'efficacité du personnel enseignant (qui ne doit pas forcément être accrédité) en assurant en permanence la formation, le suivi et l'encadrement de ce dernier et en lui offrant le matériel de soutien dont il a besoin.
L’APEC envisage de tirer parti de ses économies d'échelle en diminuant le coût par unité pour « éduquer » chaque étudiant(e)/client(e) et en développant ses activités pour accroître ses bénéfices. En dix ans, l’APEC envisage d'implanter 500 centres d'apprentissage payants et de servir 250.000 étudiant(e)s/client(e)s ayant déboursé 500 dollars américains par an pour leur inscription. A ce tarif-là, l’APEC peut espérer devenir une société particulièrement prospère.
Les bénéfices engrangés par l’APEC représentent la différence entre le prix payé par le/la client(e) pour son inscription et le coût de production de ces services. Afin de pouvoir minimiser ses coûts de production et accroître ses marges bénéficiaires, l’APEC a eu recours à plusieurs techniques ayant eu des effets nuisibles sur l'enseignement et l'apprentissage, notamment en optant pour des modèles de location de bâtiments commerciaux inoccupés bon marché, assortis de baux à court terme, mais ne disposant pas de locaux appropriés pour abriter une bibliothèque, un gymnase, des salles d'informatique et/ou des laboratoires de sciences. Pourtant, en vertu des réglementations du Département de l'Education, toutes ces infrastructures sont obligatoires dans les écoles secondaires. Ce type de location bon marché s'avère radicalement moins cher que l'acquisition d'un terrain pour y construire des infrastructures scolaires appropriées. Le Département de l'Education a délivré à l’APEC une autorisation spéciale lui permettant de louer des espaces commerciaux, sans en envisager la propriété, de manière à ce que l'entreprise puisse mener ses activités payantes bon marché dans des installations ne répondant pas intégralement aux normes. James Centenera (ancien Directeur des opérations - COO - du groupe APEC) explique :
Aux Philippines, il faut posséder le terrain et le bâtiment avant même de demander un permis. Ainsi, avant même de savoir ce qui sera autorisé ou non pour faire des bénéfices, il faut avoir investi de centaines de milliers de dollars à Manille, voire dans d'autres provinces. Conclusion, personne n'envisagerait jamais de construire des écoles pour en faire un commerce. Ici aux Philippines, nous avons fait le tour de la question et nous sommes convaincus que cela ne peut pas fonctionner. Nous devrions exiger des sommes énormes, comme les autres écoles privées, pour la gestion des risques, et notre capital initial suffirait à peine pour le nombre d'enfants que nous souhaitons atteindre. Alors nous sommes arrivés à la conclusion qu'il nous fallait un modèle de location, ainsi qu'un assouplissement des règles. Et nous en avons parlé au gouvernement (J. Centenera, communication personnelle, 1er mai 2015).
En travaillant directement avec le Département de l'Education, l’APEC est parvenu à contourner les réglementations gouvernementales et à instaurer un système bon marché à court terme dans le cadre de son modèle d'édu-business. Centenera ajoute :
Le système de location de bâtiments ou d'espace inutilisés fonctionne dans d'autres pays. D'ailleurs, il est pratiquement impossible de trouver un terrain à acheter à Manille. Par contre, il est possible de trouver des locaux aux deuxièmes et troisièmes étages de bâtiments commerciaux inutilisés. Le rez-de-chaussée est toujours réservé au commerce, mais beaucoup d'autres espaces sont disponibles. Sans compter que certains bâtiments ne sont pas du tout utilisés et que les propriétaires ne verraient aucun inconvénient à ce qu'ils soient transformés en écoles payantes. (J. Centenera, communication personnelle, 1er mai 2015).
Vous trouverez ci-dessous quelques photos des installations scolaires du groupe APEC, datant de juin 2015.
Figure 1 : Ecole APEC au deuxième étage d'un bâtiment commercial, avec pignon sur rue.
Figure 2 : Intérieur d'une classe dans une école APEC.
Figure 3 : Education physique - et ses inconvénients - dans une classe APEC non équipée.
Figure 4 : « Bibliothèque » d'une école APEC (à gauche) comparée à celle d'une école publique (à droite) dans une même communauté de la capitale Manille.
Au-delà de ce modèle de location bon marché, l’APEC réalise principalement ces autres économies en embauchant du personnel enseignant peu ou pas qualifié, et donc sous-payé. La plupart des enseignant(e)s travaillant pour APEC - environ 70 pour cent - ne possèdent pas les accréditations professionnelles requises pour enseigner dans le secondaire aux Philippines, c'est-à-dire le certificat d'enseignement Licensure Examination for Teachers(LET). Dans la mesure où les salaires représentent la majorité des frais de n'importe quel système éducatif, l’APEC a drastiquement réduit ses coûts opérationnels en embauchant de jeunes diplômé(e)s du secondaire, percevant des salaires de misère. Les nouvelles recrues embauchées par l’APEC perçoivent 12.500 PHP par mois, soit « environ 50 % du salaire accordé aux effectifs des écoles publiques ordinaires » (enseignant/e d'une école APEC, communication personnelle, 11 mai 2015). Ce revenu de 12.500 de pesos philippins par mois classe les enseignant(e)s APEC dans la deuxième catégorie socio-économique la plus défavorisée du pays (classe D). Le traitement perçu par les enseignant(e)s APEC est inférieur au salaire minimum 3. Comme l'explique l'un d'entre eux : « Ce salaire me permet à peine de survivre. Je dois effectuer un deuxième emploi pour pouvoir joindre les deux bouts. Je n'ose même pas imaginer si j'avais une famille... Impossible de subvenir aux besoins de mes proches avec un tel salaire » (communication personnelle, 11 mai 2015). Le modèle des écoles APEC à bas prix se solde donc par des salaires très peu élevés pour les enseignant(e)s. Le Directeur des Ressources humaines du groupe APEC explique : « Les salaires que nous offrons sont peu élevés car nous voulons être certains de pouvoir maintenir un équilibre entre nos dépenses et nos revenus » (Rivera, 2014).
Les techniques mises en places par l’APEC pour réduire ses frais ont pour but de minimiser les coûts opérationnels, de manière à ce que l'entreprise puisse assurer sa stabilité financière et pérenniser ses profits. En conséquence, au sein des entreprises privées offrant des services éducatifs bon marché : « la qualité est quelquefois compromise en raison du souci constant des entreprises de réaliser des bénéfices » (Directeur d'une école APEC, communication personnelle, 25 mai 2015). Plus problématique encore, le gouvernement cautionne ces arrangements, vu qu'il a assoupli toute une série de réglementations régissant l'enseignement fondamental aux Philippines, de manière à ce que la société APEC puisse lancer son projet d'écoles privées payantes à bas prix, avec des restrictions gouvernementales limitées.
L’APEC incarne également une stratégie d'entreprise conçue pour produire les travailleurs/euses bon marché et flexibles que recherchent Ayala et d'autres multinationales, en proposant un enseignement fondamental privé répondant aux besoins en main-d'œuvre des industries. En pratiquant la « rétroconception » de ses programmes scolaires, APEC se donne pour mission de créer une génération de diplômé(e)s en quelque sorte « formatée » et possédant des compétences, des valeurs et des connaissances spécifiques pouvant servir le marché mondial du travail. En particulier, l’APEC cherche à répondre à la pénurie de compétences dans l'industrie de l'externalisation des processus d'affaires (BPO)/centres d'appels aux Philippines, en misant principalement sur la communication en anglais. Ayala Corporation voit dans l'immense pénurie de compétences et de main-d'œuvre dans le secteur BPO/centres d'appels un marché potentiellement juteux, pouvant être assouvi au travers d'une offre de services éducatifs payants axés sur l'employabilité et la formation en entreprise. James Centenera, principal instigateur du partenariat Ayala/Pearson qui a donné naissance à l’APEC, explique :
Contrairement à l'Inde, l'étendue et le niveau des compétences en anglais n'est pas suffisant aux Philippines pour assurer une croissance massive des travailleurs dans le secteur de la BPO. Ayala a perçu cette pénurie de travailleurs anglophones, ainsi que la nécessité de développer d'autres compétences professionnelles telles que la ponctualité, la gestion du temps, la planification, les compétences en matière sociale, etc. Cette pénurie de compétences, qui a empêché le secteur de la BPO de se développer, a précisément poussé Ayala à manifester son intérêt pour la formation d'un partenariat dans le domaine de l'éducation. Dans la mesure où Ayala assurait déjà la formation d'un grand nombre de personnes à l'époque où elle a été sollicitée, il nous a été proposé d'établir ensemble nos propres instituts de formation et nos propres universités, pour accorder la priorité à l'enseignement supérieur - c'est ce qu'ils pensaient au moment où je les ai rencontrés. Au cours de cette rencontre, je leur ai dit que plus tôt nous réaliserions les investissements, plus puissant serait notre impact, que les universités ne seraient en réalité qu'une solution « sparadrap », qu'elles ne contribueraient que très peu à améliorer l'anglais des étudiants si ceux-ci ne commençaient pas à étudier la langue plus tôt, et qu'elles ne serviraient tout au plus qu'à combler certaines faiblesses, bien loin de nos attentes. Je leur ai donc proposé de commencer plus tôt et c'est ainsi que nous nous sommes mis d'accord sur l'idée d'axer notre projet non seulement sur l'enseignement supérieur, mais aussi sur l'enseignement secondaire (communication personnelle, 1er mai 2015).
Ainsi, en créant une chaîne d'écoles secondaires privées à Manille, APEC (de même que ses actionnaires, Ayala et Pearson) envisage de (re)produire le capital humain nécessaire à la croissance de l'industrie de la BPO aux Philippines. En élargissant et en renforçant l'influence et le contrôle des acteurs privés dans les relations sociales de la production au travers de leur offre d'enseignement fondamental, Ayala et Pearson visent à socialiser les forces de production en inculquant les compétences et les valeurs pouvant servir aux multinationales. Le Congressiste Antonio Tinio, représentant la liste Parti-Education aux Philippines, précise :
Les grandes entreprises ont pénétré le secteur de l'éducation après avoir constaté une détérioration de la qualité de l'enseignement aux Philippines. Nous sommes à la traîne, nous ne sommes plus du tout compétitifs sur le marché mondial. Les entreprises n'attendent pas que le gouvernement apporte des solutions, elles investissent et agissent par elles-mêmes. La principale motivation est donc la concurrence mondiale. Le type d'enseignement préconisé est celui qui permettra de développer les compétences requises sur le marché mondial du travail, si bien que l'objectif de l'exploitation commerciale de l'éducation aux Philippines est censé permettre un renforcement des liens avec le marché mondial du travail. Cela permettra-t-il d'amener un véritable développement à la majorité des Philippins ? Nous pensons que non. Les Philippins ne parviendront pas à s'extraire de la pauvreté, si nous nous contentons d'exporter notre main-d'œuvre ou d'éduquer nos élèves de manière à produire des travailleurs sous-payés et sous-qualifiés pour des entreprises étrangères.
Les entreprises de services éducatifs interviennent de plus en plus souvent dans les différents aspects de la gouvernance et de l'offre au sein du secteur de l'éducation, notamment au travers de la vente et de la prestation de services éducatifs payants, qui minent le droit à une éducation gratuite de qualité, créent et recréent les inégalités sociales, sapent les conditions de travail des enseignant(e)s et érodent la prise de décision démocratique et la responsabilité publique au sein du secteur. C'est pourquoi la prolifération de l'enseignement fondamental privé à caractère commercial, vendu par des entreprises de services éducatifs, doit faire l'objet d'une réglementation gouvernementale appropriée afin de sauvegarder l'éducation en tant que droit humain et bien commun. Le cas du groupe APEC démontre que ces entreprises poursuivent des objectifs commerciaux aux sein des systèmes éducatifs de certains comme les Philippines, où le paysage réglementaire est en quelque sorte « ouvert » aux acteurs privés et où le système existant se trouve dans l'incapacité d'absorber l'ensemble des cohortes d'étudiant(e)s. Il est dès lors crucial que les initiatives visant à mettre un frein aux activités et à l'influence des entreprises transnationales, ainsi qu'à leur exploitation commerciale de l'éducation, s'attaquent à ces deux problèmes.
1 https://www.pearson.com
2 http://www.ayala.com.ph
3 http://www.nwpc.dole.gov.ph/pages/statistics/stat_comparative.html. Consulté le 14 juin 2015.
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