Rapprocher l'égalité des genres de la réalité de la vie quotidienne des femmes, notamment en les intégrant aux syndicats d'enseignants, constitue l'un des principes fondamentaux de l'IE. Avec les différentes crises actuelles relatives à la sécurité alimentaire, au changement climatique et à la récession économique, cet objectif d'égalité des genres requiert un effort plus important pour le réaliser.
Réseaux régionaux de femmes de l'IE
Les réseaux de femmes établis par l'IE dans les pays en développement et les pays développés d'Afrique, d'Amérique latine, d'Asie-Pacifique, des Caraïbes ou d'Europe ont permis de répondre aux problèmes auxquels sont confrontés les femmes dans le monde entier : protection équitable de leurs droits au travail, travail décent et lieux de travail sûrs, sans harcèlement ni violence, services publics bien financés et fiables, avantages sociaux (dont les avantages liés à la maternité/protection sociale), ainsi qu'une éducation pour tous de qualité et publique. Ces réseaux ont permis aux organisations d'enseignants et d'enseignantes de placer l'égalité au cœur de leurs politiques et de leurs plans d'action.
La baisse des financements publics en faveur de l'éducation, les suppressions de postes dans l'enseignement, ainsi que les diminutions de salaire des enseignants constituent des tendances inquiétantes observées dans toutes les régions du monde. Les femmes se retrouvent souvent dans les situations économiques les plus vulnérables et sont ainsi confrontées au travail temporaire ou encore au manque de sécurité de l'emploi. Ces facteurs remettent en question l'adéquation des revenus de retraite, comme le mentionne l'étude paneuropéenne de l'IE de 2009 sur les réformes des retraites et leur impact sur les femmes. Avec l'écart de rémunération entre les hommes et les femmes, les travailleuses sont généralement moins bien payées que leurs homologues masculins. Les femmes sont également davantage concernées par des réductions budgétaires dans les services publics, comme on peut le constater dans le secteur de l'éducation : de nombreuses femmes sont employées dans les services publics et comptent sur ces services, étant donné qu’elles sont les plus représentées dans le domaine du travail social.
Un pas en avant, deux pas en arrière ?
Le récent Caucus des femmes d'Asie-Pacifique de l'IE, qui s'est tenu à Bangkok (Thaïlande) et qui fut suivi par un nombre record de participants, a été l'occasion de discuter de l'impact de la crise financière sur l'égalité des genres. Selon le rapport du Caucus, « les crises multiples accentuent les pratiques d'inégalité ou sapent le travail positif entrepris au travers de l’arrêt de programmes constructifs ». « La régression menace et les syndicat d'enseignants sont mis au défi de réaliser l'objectif d’égalité des genres pour les femmes et les petites filles. »
En Amérique latine, les engagements spécifiques visant à consolider les réseaux de femmes dédiés aux travailleuses de l'éducation sont considérés comme un élément stratégique au renforcement des syndicats. Lors de la 7ème table ronde des femmes d Amérique latine, organisée à Sao Paolo (Brésil) en septembre 2009, de nouveaux engagements ont été pris afin de s'impliquer dans des alliances syndicales afin d'exhorter les gouvernements à satisfaire à leurs engagements en matière d'égalité des chances. Les délégués ont identifié les domaines suivants où existe une inégalité entre les hommes et les femmes :
• Les droits liés à la reproduction et à la sexualité : de nombreux pays manquent toujours de volonté politique afin de mettre en place des politiques garantissant de tels droits ; • L'écart de rémunération considérable entre les hommes et les femmes, de 30% en moyenne ; • La violence à l'encontre des femmes : les politiques existantes ne garantissent pas de protection totale ; • Le droit du travail : 60% des femmes continuent de travailler sans aucune protection sociale ; • La faible participation des femmes dans les syndicats, notamment à des postes de décision politique, moins de 30%. Des quotas de participation existent dans de nombreux pays ; et • La répartition des richesses : en Amérique latine, les femmes représentent 70% de la population la plus pauvre.
L'Afrique présente des défis difficiles à relever : sécheresse, crise alimentaire, forte prévalence du VIH/SIDA, le fait que l’Afrique sub-saharienne compte à elle seule 47% des enfants non scolarisés dans le monde entier, le poids de la dette et la baisse de l'aide étrangère. En décembre, le Réseau de femmes africaines dans le secteur de l'éducation (AWEN) élaborera son plan stratégique pour les prochaines années.
En Europe, le vieillissement de la profession enseignante et la violence persistante à l'encontre des femmes constituent deux des priorités majeures en regard de l'égalité. Les organisations d'enseignants et d'enseignantes ont rassemblé des données sur l'impact des réformes des retraites sur les enseignantes, en vue de mettre en place une approche stratégique syndicale. Concernant la violence à l'encontre des femmes, il a été pris note des bonnes pratiques et de nombreuses organisations d'enseignants et enseignantes lancent des campagnes sur cette question. A l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination des violences à l'égard des femmes, une présentation très intéressante sur le sujet est d'ailleurs prévue le 25 novembre, lors de la conférence paneuropéenne de Varsovie.
Chances d'éducation pour les petites filles
Dans le monde entier, l'éducation fait une réelle différence et autonomise les garçons et les petites filles. L'éducation et l'investissement dans les femmes et les filles constituent les moyens les plus efficaces pour briser le cycle de la pauvreté. L'éducation de la petite enfance et l'enseignement primaire peuvent jouer un rôle fondamental dans l'évolution de ces schémas. L'éducation accroît les chances de trouver un emploi et d'obtenir un salaire décent, notamment pour les filles, ce dont bénéficient en retour les familles et les communautés.
L'accélération des efforts visant à réaliser l’égalité des genres dans le secteur de l'éducation, constituera l'un des thèmes abordés lors de la Conférence de l'IE « Objectif égalité », qui se tiendra à Bangkok au mois de mai 2010. La conférence sera axée autour de trois thèmes principaux :
• Connecter et renforcer les réseaux de femmes : En réunissant tous les réseaux régionaux de l'IE, les militants seront mieux à même de partager des informations, d'analyser les défis contextuels, de célébrer les réussites et de planifier des actions communes. • Faire le point sur la condition de la femme dans le monde actuel : Qu'en est-il de la participation des femmes dans les syndicats ? Quels sont les résultats accomplis jusqu'à présent au regard des femmes au travail ? Comment les syndicats d'enseignants contribuent-ils à ramener l'égalité entre les hommes et les femmes, les garçons et les petites filles ? • Faire évoluer les petites filles et les femmes grâce à l'éducation : Quels sont les moyens permettant d'accroître l'accès à une éducation de qualité dans le but de surmonter les obstacles liés au genre par le biais de l'éducation.
Dans les syndicats d'enseignants, les femmes jouent réellement un rôle pivot dans la réalisation des objectifs d'égalité. Une éducation de qualité pour les petites filles et les garçons permettent aux populations de vivre leur vie dans l'espoir et la dignité, et de participer en tant que citoyen au développement et au bien-être de la démocratie.
Pour de plus amples informations sur la conférence, veuillez consulter www.ei-ie.org.
Pour en savoir plus sur les bonnes pratiques de lutte contre la violence à l’égard des femmes, rendez-vous sur : www.un.org/esa/vawdatabase.