L'équipe interagences d'ONUSIDA pour l'éducation (IATT) a publié un rapport comparatif évaluant la réponse apportée par différents ministères de l'Education à la menace du VIH/SIDA.
La question posée à 71 gouvernements était simple: qu'avez-vous entrepris jusqu'à présent dans le secteur de l'éducation pour endiguer la pandémie du VIH/SIDA? "Beaucoup de ministères de l'Education semblent soucieux de satisfaire aux demandes externes et produisent donc des plans stratégiques extrêmement ambitieux mais totalement irréalistes", note le rapport d'IATT.
Le rapport met en exergue les insuffisances des ministères de l'Education à développer des politiques adéquates et à anticiper l'impact du VIH/SIDA sur les enseignants et la qualité de l'éducation. "Les ministères s'avèrent mal préparés à gérer l'impact du VIH/SIDA sur l'offre et la demande d'enseignants, ils ne disposent pas de données sur l'absentéisme et le taux de mortalité des enseignants" Dans trois pays seulement sur 71, les ministères ont entrepris des efforts systématiques afin de former les enseignants aux dangers du VIH/SIDA.
Pas de synergie
Le rapport prouve également que les "relations entre la société civile et les ministères de l'Education sont souvent informels et peu structurés, tributaires le plus souvent des rapports interpersonnels" Des organisations de la société civile, et donc des syndicats d'enseignants membres de l'IE, ont été impliqués dans le processus d'évaluation conduit par l'IATT. Il en ressort que les syndicats d'enseignants cherchent à être associées avec les autorités en charge de l'éducation et de la santé de leur pays afin d'organiser une réponse efficace et coordonnée à la pandémie. L'IATT approuve cette attitude et souligne qu'une meilleure collaboration est indispensable entre les ministères de l'Education, la société civile et les partenaires au développement.
Le rapport félicite également l'implication des syndicats d'enseignants: "dans 79% des pays fortement touchés par le VIH/SIDA, les syndicats d'enseignants traitent systématiquement de cette question lors de leurs réunions". En Afrique du Sud, au Rwanda et au Sénégal, trois pays où le programme de l'IE de prévention du VIH/SIDA à l'école est opérationnel, syndicats et gouvernements ont ouvert un dialogue sur la réponse à apporter dans le secteur de l'éducation.
Pour l'IATT, les secteurs critiques sont la mise en œuvre de programmes de prévention, la formation des enseignants et les programmes d'acquisitions de comportements sûrs. Le rapport note "un décalage considérable entre les besoins en programmes spécifiques et la disponibilité de tels supports". Une rapide enquête de l'IE auprès de ses affiliées en Afrique australe confirme malheureusement le constat. Il est évident pour l'IE que de tels programmes de prévention sont à la base de toute stratégie efficace.
La conclusion du rapport d'IATT est claire: tout est trop lent, à tous les niveaux dans le secteur de l'éducation. "Que seulement la moitié des pays ayant une forte prévalence du VIH/SIDA ne dispose de matériels de formation pour l'enseignement supérieur est choquant". Ceci soulève des questions sur la capacité des établissements d'enseignement supérieur à préparer les étudiants en tant que futurs travailleurs, parents et membres de communautés vivant dans un monde marqué par le VIH/SIDA.
De même, les enseignantes et enseignants ne disposent pratiquement pas de directives pour aborder le VIH/SIDA dans l'enceinte de l'école. Le rapport réclame davantage d'efforts pour intégrer la question dans les programmes d'études. Sur ce point, Tania Boler d'Action Aid note que dans le domaine de la prévention, des querelles idéologiques font encore rage et que des gouvernements donateurs et des ONG confessionnelles sèment la confusion.
La conclusion du rapport d'IATT est limpide: "De nombreux ministères de l'Education fournissent une réponse à court terme à une crise majeure. Si plusieurs ministères ont effectivement un plan stratégique, peu ont pris des mesures pour les mettre en application".
L'IE, elle, a mis en œuvre un programme stratégique de formation des enseignants dans les écoles. Depuis 2001, l'IE aide les syndicats d'enseignants de 17 pays fortement touchés par le VIH/SIDA à former les personnels d'éducation. En quatre ans, 133.000 enseignants ont été formés dans plus de 25.000 écoles.