Les affiliés de l’IE au Royaume-Uni, le National Union of Teachers (NUT) et la National Association of Schoolmasters Union of Women Teachers (NASWUT) se sont dits inquiets de la révision du programme scolaire national pour les écoles d’état en Angleterre. Le nouveau programme mis en place par Michael Gove, Ministre de l’Education, sera introduit en septembre 2014.
Les syndicats d'enseignants ont estimé que l’échéance pour la mise en œuvre du nouveau programme est dangereusement courte et irréaliste, étant donné qu’il va falloir élaborer de nouveaux plans de leçons et réécrire des livres scolaires.
Le Secrétaire général adjoint du NUT Kevin Courtney a déclaré que M. Gove s’attendait à un nombre de changements sans précédent « avec le nouveau programme et les autres réformes éducatives. Les délais pour la mise en œuvre de ce nouveau programme sont beaucoup trop serrés et rien n’indique si des ressources adéquates seront disponibles» il a déclaré.
Programme étroit
En outre, les syndicats s’inquiètent que le nouveau programme n’équipe pas les enfants et les jeunes de compétences dont elles/ils ont besoin dans le monde moderne actuel en perpétuel changement.
« Mis à part un peu de bricolage çà et là, le document-cadre national ne reflète aucune des préoccupations graves ressenties par les parents, les enseignantes et les enseignants, les employeurs et les universitaires », a déclaré Patrick Roach, Secrétaire général adjoint de la NASWUT et membre du Bureau exécutif de l’IE. « Il reste beaucoup trop étroit, et ne comporte ni l’envergure ni l’équilibre réclamés par les experts».
En effet, dans une lettre adressée au quotidien britannique l’ Independant, un groupe de 100 universitaires d’universités britanniques, dont celles de Nottingham, de Leeds, d’Oxford et de Bristol ont qualifié le nouveau programme national d’« une liste interminable de mots à savoir épeler, des faits et des règles ».
« Cette montagne de données ne développera pas la capacité à penser des enfants, y compris la résolution de problèmes, la réflexion critique et la créativité, déclare cette lettre. Ce nouveau programme comporte en grande partie des attentes excessives pour des élèves de très jeune âge. Les enseignant(e)s se verront contraints/es à se contenter de l’apprentissage par-cœur, dénué de toute aucune compréhension ».
Pas pour toutes et tous
Courtney a également fait remarquer que les efforts déployés pour développer un programme qui convient aux enfants qui ont des difficultés scolaires ou qui ont des besoins éducatifs spécifiques n’étaient pas suffisants.
« Les enseignantes et les enseignants se demandent si ce programme est approprié à des enfants aux besoins éducatifs spécifiques, qui constituent 20 pour cent du nombre des élèves, et ne devrait pas se présenter comme une idée survenue après coup », a-t-il déclaré.
Le NUT et la NASWUT ont tous deux dénoncé également le fait que le programme national s’applique uniquement aux écoles d’Etat en Angleterre. Les académies et les écoles libres ont le choix de l’adopter ou non.
« Adopter un nouveau programme en permettant aux académies de s’y soustraire indique une arrière-pensée de la part du Gouvernement », a déclaré Courtney. « Cela encourage notamment les écoles que le Gouvernement considère médiocres de se convertir en académies où le nouveau programme ne sera pas appliqué ».
Christine Blower, Présidente de la Région Européenne de l’IE et Secrétaire générale du NUT a déclaré : « Sur le plan international, les pays qui connaissent le plus de succès sont ceux qui confient le choix aux écoles de déterminer leur propre programme scolaire et accordent aux enseignantes et enseignants la liberté de l’enseigner de la manière qui est la plus enrichissante pour leurs élèves. Une bonne école de quartier (comprehensive school en anglais) permet de réaliser cette ambition, et non pas un système où les écoles sont en concurrence ».