Environ 300 membres de syndicats de l'éducation se sont réunis hier à la Conférence 2012 du Comité syndical européen de l'éducation (CSEE) à Budapest, pour faire face à la frénésie d'austérité guidant l'agenda politique européen.
Evénements antérieurs à la conférence: Caucus des femmes et caucus de l'enseignement supérieur
Avant la Conférence, les participant(e)s se sont rassemblé(e)s au Caucus des femmes, afin de réfléchir aux stratégies visant à renforcer l'autonomisation des femmes dans le secteur et les syndicats de l'éducation.
Les questions clés du programme 2013-2016 sur l'égalité incluent la lutte contre les stéréotypes dans l'éducation et dans la société, la lutte contre la violence à l'égard des femmes et les violations des droits sur le lieu de travail, la promotion de l'autonomisation économique des femmes, et le renforcement de l'équilibre vie professionnelle-vie privée pour les femmes.
L'élimination du fossé entre la représentation des femmes et celle des hommes au sein des organes décisionnels a également été identifiée comme une priorité clé pour les syndicalistes enseignant(e)s, de même que la question de l'équité salariale.
L'ancien Président du CSEE, Ronnie Smith, s'est réjoui que le CSEE soit sur le point d'avoir sa première Présidente: Christine Blower, du National Teachers' Union(NUT), du Royaume-Uni.
L'enseignement supérieur et la recherche: un bien public
Le Caucus sur l'enseignement supérieur du CSEE a examiné les tendances de l'enseignement supérieur et de la recherche dans des domaines clés, tels que le financement et la réforme du secteur, tous deux ayant un impact majeur sur les personnels académiques et les programmes des universités.
« Nous devons changer de discours et répéter que l'enseignement supérieur et la recherche nécessitent des investissements majeurs », a déclaré Paul Bennett, du syndicat britannique National Association of Teachers in Further and Higher Education(NATFHE). « Nous devons souligner que toutes les disciplines ont de la valeur. Certains pays attaquent actuellement les sciences humaines et les lettres. »
Le manque de développement professionnel pour les personnels de l'enseignement supérieur et de la recherche, et la précarité découlant de contrats à court terme pour les jeunes professeurs ont également été identifiés comme des problèmes majeurs affectant le secteur.
Evoquant l'utilisation de la crise économique comme excuse pour mettre en œuvre des politiques d'économie de marché, Bennett a expliqué: « Au Royaume-Uni, par exemple, le monde des affaires influence de manière croissante la gestion et les programmes des universités. C'est ce que nous appelons une crise idéologique. »
Cérémonie d'ouverture: les syndicats peuvent faire la différence
La Conférence a été allègrement ouverte par la chorale des enfants Eva Túróczy de l'école St-Ladislas de K?bánya (Budapest).
La Présidente de l'IE, Susan Hopgood, s'est adressée à l'assemblée en séance plénière, avec un discours inspirant, en soulignant le rôle crucial des syndicats de l'éducation pour aider à façonner une nouvelle économie mondiale juste et durable.
A cette fin, les syndicats devront remettre en question les récentes réformes de l'éducation en faveur d'un « transfert simpliste des idées du monde des affaires à la profession enseignante ».
Elle a dit: « Le débat actuel réduit souvent l'enseignement à de pures résultats mesurables, qui se limitent généralement à ce qui peut être mesuré par des tests papier-crayon, et les enseignants sont tenus responsables de ces résultats. Penser qu'il est possible d'améliorer quelque peu la qualité en introduisant des tests standardisés, des classements et une rémunération liée au mérite, c'est se bercer d'illusions. Cela ne fonctionne pas. »
L'unité et une imposition équitable
Dans son discours, le Directeur du CSEE, Martin Rømer, a fait appel à l'unité syndicale pour neutraliser l'impact de la crise sur l'éducation et la profession enseignante en Europe.
Rømer a noté que des coupes étendues affectant les salaires des enseignant(e)s avaient été mises en œuvre dans toute l'Europe, notamment des réductions de plus de 50% dans des pays tels que la Lettonie. De plus, des grèves ont eu lieu dans 18 pays européens depuis le deuxième semestre 2010.
C'est dans ce contexte que Rømer a souligné quels étaient les problèmes et défis majeurs pour l'avenir de la profession enseignante: faire face à la pénurie imminente d'enseignant(e)s, attirer et soutenir de jeunes candidat(e)s, offrir un accès plus large et meilleur au développement professionnel continu, et revendiquer l'autonomie professionnelle.
Rømer a également signalé que la mise en œuvre d'une imposition équitable était essentielle pour faire face à la crise. « Pour résoudre la situation actuelle, la stratégie clé consiste à combiner le travail actif sur la crise économique avec le travail de promotion de la profession enseignante », a-t-il dit.
Bernadette Ségol, Secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats (CSEE), a insisté sur la nécessité que le mouvement syndical diffuse un message commun et clair de solidarité, en mettant la question sociale au cœur du débat en Europe. Pour réussir dans cette voie, a-t-elle dit, un nouveaux contrat social doit être mis en œuvre sur la base des conventions de l'Organisation internationale du Travail (OIT) et de la Charte des droits fondamentaux.