Les travailleurs et travailleuses au Portugal, en Espagne, en Italie et en Grèce sont appelés à une grève générale, le 14 novembre prochain, pour protester contre les politiques d’austérité imposées par les gouvernements.
La grève générale répond à l’appel lancé par la Confédération européenne des syndicats (CES) à une journée d’action et de solidarité, le 14 novembre. La protestation est également soutenue par la Confédération syndicale internationale (CSI).
Pour la première fois dans l’histoire, la convocation de grèves générales a été coordonnée dans quatre pays. En outre, des actions de protestation sont notamment prévues en Allemagne, en Autriche, en Belgique, en France, en Pologne, au Danemark, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Roumanie, en Finlande, en Suisse, en Suède, en République tchèque et en Slovénie.
Cette action transnationale visera à combattre les politiques sociales et économiques qui sont actuellement imposées sur le continent européen par la troïka: l’Union européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international (FMI).
Solidarité de l’IE
Le Secrétaire général de l’IE, Fred van Leeuwen, a assisté, le 8 novembre, à une conférence de presse convoquée à Madrid par les affiliés de l’IE en Espagne et au Portugal pour exposer les raisons de la grève dans le secteur de l’éducation.
Des dirigeants des syndicats de l’éducation espagnols - FE.CCOO, FETE-UGT, STES et CSIF – ainsi que du syndicat portugais FENPROF sont intervenus durant cet événement. Des représentants de l’Association des parents CEAPA et du syndicat d’étudiants y ont également participé.
« L’IE est consciente des défis auxquels sont confrontés les gouvernements face à la crise de la dette et à la réduction du déficit public, mais la solution réside dans l’application de politiques fiscales différentes », a affirmé Fred van Leeuwen.
Dans ce sens, il a souligné que l’IE a présenté trois propositions à l’Union européenne et au FMI: premièrement, la réduction des intérêts de la dette publique; deuxièmement, l’éradication des paradis fiscaux et l’élaboration d’une législation visant à lutter contre l’évasion fiscale, ce qui implique une harmonisation de l’impôt sur les sociétés et l’adoption d’une taxe sur les transactions financières.
Fred van Leeuwen a souligné à cet égard que les multinationales tirent actuellement profit de la législation en vigueur pour échapper aux impôts qui s’élèveraient à 15 billions d’euros approximativement.
La troisième et dernière proposition soumise par l’IE est l’accroissement de l’investissement dans l’éducation, ainsi que dans la recherche, le développement et l’innovation (RDI). Le Secrétaire général de l’IE a exigé de toute urgence davantage de plans de formation pour les jeunes.
Il a indiqué que les enseignant(e)s ne participent en général pas facilement aux grèves et qu’ils/elles ne sont favorables à cette action que dans la mesure où ils/elles considèrent que les dommages qu’occasionneront les mesures contre lesquelles ils/elles protestent seront largement supérieurs à ceux que pourraient causer la grève.
Par ailleurs, le Secrétaire général de la FENPROF, Mario Nogueira, a décrit les effets des coupes effectuées par le gouvernement portugais dans le pays voisin. En deux ans, les salaires des enseignant(e)s ont diminué de 30% et les impôts sur la classe moyenne sont montés en flèche. Le montant des pensions de retraite a également été réduit.
Malgré ces mesures, le déficit public ne diminue pas et, au contraire, le niveau d’appauvrissement de la population augmente, a expliqué Mario Nogueira. « Les sacrifices ne peuvent pas toujours retomber sur les mêmes », a-t-il dénoncé.
Vidéo de Mario Nogueira, Secrétaire général de FENPROF/Portugal, sur l'impact de la crise sur l'éducation dans son pays (en portugais):
Une conférence de presse sera organisée, le 9 novembre, à Lisbonne, à laquelle assistera Martin Rømer, Directeur de la région européenne de l’IE, CSEE.
Des raisons plus que suffisantes
Les syndicats de l’éducation portugais et espagnols ont élaboré un manifeste conjoint, soutenu par l’IE, dans lequel ils exposent les arguments en faveur de la grève.
Le document indique que les décisions du FMI et de l’Union européenne exigent des « gouvernements soumis et obéissants », comme ceux du Portugal et de l’Espagne, qui imposent des politiques axées sur les intérêts du grand capital sans tenir compte de l’opinion publique, contribuant à un « affaiblissement inquiétant de la démocratie ».
Selon les syndicats, les conséquences de ces politiques sont l’appauvrissement généralisé, l’augmentation de l’exploitation du travail et la détérioration des services publics et des fonctions sociales qui relèvent des Etats.
En outre, le manifeste explique la manière dont les coupes budgétaires successives entravent un exercice adéquat de la profession enseignante et des fonctions éducatives des établissements scolaires.
Dans ce contexte, les syndicats appellent à une réponse unifiée et coordonnée afin de promouvoir des politiques efficaces: « Les travailleurs et les travailleuses de l’éducation et les syndicats représentatifs dans chaque pays doivent développer des domaines d’action commune leur permettant d’œuvrer à l’unisson et solidairement à la mise en œuvre de politiques concertées ».
Par conséquent, la convocation de cette grève générale confirme l’unité des travailleurs/euses européen(ne)s qui ainsi « se sentent unis et déterminés à faire face à l’offensive la plus intense des dernières années contre les acquis démocratiques des travailleurs/euses. Nous sommes convaincus de la force de notre unité », conclut le manifeste.
Vidéo de Pepe Campos, Secrétaire général de FE.CCOO/Espagne, sur le rôle des syndicats en temps de crise (en espagnol):