En Europe et en Colombie, les syndicats clament haut et fort leur opposition à un nouvel accord de libre-échange en affirmant qu’il apporte un soutien politique au régime colombien, profondément impliqué dans des violations graves des droits de l’homme et des normes du travail.
L’accord entre l’UE et la Colombie a été annoncé le mois dernier après neuf cycles de négociations.
Le texte de l’accord n’a pas été publié, mais les négociateurs de l’UE affirment qu’il inclut une clause prévoyant la possibilité de prendre des mesures en cas de violations répétées des droits de l’homme ou d’une «interruption soudaine de la démocratie».
Malgré ces dispositions, lors d’une réunion avec le commissaire européen chargé du commerce au début du mois, la Confédération européenne des syndicats (CES) a continué à exprimer ses préoccupations, estimant que le régime du Président Uribe n’avait pas agi suffisamment pour lutter contre les violations des droits de l’homme et, en particulier, le ciblage des syndicats.
Les syndicats européens et colombiens affirment que le pays reste l’un des endroits les plus dangereux au monde pour un syndicaliste, étant donné que plus d’un millier de dirigeants syndicaux et de syndicalistes ont été assassinés par des groupes paramilitaires, par l’armée et par la police colombienne ces dix dernières années.
Un rapport élaboré l’an dernier pour l’Internationale de l’Éducation par Dr Mario Novelli de l’université d’Amsterdam révèle que les syndicalistes enseignants ont été la cible la plus fréquente des escadrons de la mort paramilitaires.
Depuis 1991, 871 enseignants ont été assassinés en Colombie, plus de 3 000 ont été menacés, plus d’un millier ont été déplacés et 70 ont été contraints de quitter le pays avec leurs familles, tandis que 60 autres ont disparu. Au cours du premier trimestre 2010, 10 enseignants ont été assassinés et 247 menacés.
«La violation par l’État et par des organisations paramilitaires soutenues par l’État des droits civils et politiques des éducateurs en Colombie a pour but de réduire au silence les personnes et les organisations qui défendent activement les droits économiques, sociaux et culturels de leurs membres et la société colombienne dans son ensemble», a conclu M. Novelli dans son rapport destiné à l’IE.
Monique Fouilhoux, Secrétaire générale adjointe de l’IE, a déclaré qu’il est «inconcevable que l’UE envisage de signer un accord avec un régime qui ferme continuellement les yeux sur les violations les plus graves des droits fondamentaux de la personne».
Le mouvement syndical colombien lance un appel à la solidarité afin que le projet d’accord de libre-échange UE-Colombie soit bloqué par le Parlement européen.
En mars, le comité paneuropéen de l’IE a demandé à l’IE et aux organisations d’enseignants de faire campagne contre le projet d’accord de libre-échange avec la Colombie et de faire prendre conscience de la lutte menée par le mouvement syndical colombien.
Des organisations d’enseignants, dont le GEW en Allemagne et le NASUWT au Royaume-Uni, ont déjà alerté leur ministère des affaires étrangères et les parlementaires européens à propos de la contradiction entre la politique commerciale et la politique de développement de l’UE.