Dans une déclaration publiée le 22 juin, le Comité régional de l’IE pour l’Amérique Latine a appelé les affiliés de l’IE à « marquer leur solidarité avec le gouvernement paraguayen élu démocratiquement et son peuple » et à exprimer leur ferme désapprobation face à la destitution illégale du président du Paraguay.
Fernando Lugo, le président élu démocratiquement, a été démis de ses fonctions à la suite d’une procédure de destitution engagée par le Sénat le 22 juin. Tout s’est passé à une vitesse éclair et Fernando Lugo n’a eu que 24 heures pour préparer sa défense.
L’ancien vice-président du parti libéral, Frederico Franco, l’a remplacé dans ses fonctions la nuit même.
Grandes inégalités historiques
La crise politique a été déclenchée par un affrontement entre des paysans et des policiers, en raison d’un conflit de propriété terrienne.
Au Paraguay, 500 familles possèdent 90 pour cent du territoire, tandis que 351 000 familles d’ouvriers ne possèdent rien. Ce problème d’inégalité de la distribution des terres a fait l’objet d’une enquête menée par la Commission de Vérité et de Justice du Paraguay.
Néanmoins, la question d’une réforme agraire intégrale n’a pas encore été abordée. Les revendications des paysans et des peuples autochtones ont laissé indifférents les grands propriétaires terriens œuvrant dans l’agro-industrie.
Plus de 200 policiers se sont rendus le 15 juin à Curuguaty, dans le nord du Paraguay, afin de déloger un groupe de paysans occupant un terrain appartenant à Blas Riquelme, un ancien sénateur du parti Colorado. Onze paysans et six policiers ont été tués.
Le droit à la propriété terrienne et à l’éducation
Le Comité régional de l’IE a déclaré que les paysans et les peuples autochtones réclamaient des droits équitables. Il a également affirmé que le Paraguay ne devait pas subir le même sort que le Honduras en 2009, ce qui constituerait un énorme retour en arrière.
Par conséquent, le Comité régional de l’IE :
· condamne l’atteinte institutionnelle à la légitimité démocratique ainsi que la rapidité sans précédent avec laquelle le président Fernando Lugo a été destitué par un parlement constitué majoritairement de propriétaires fonciers oligarques;
· regrette les décès des paysans et des policiers, survenus lors d’un affrontement devant faire l’objet d’une enquête menée par les autorités nationales;
· demande que les paysans réfugiés dans les montagnes, les personnes portées disparues et les membres des familles soient protégés afin d’éviter que d’autres familles paraguayennes portent le deuil de leurs proches à la suite d’actes de grande violence;
· exige que des droits fonciers et des conditions de vie décentes, notamment le droit à une éducation gratuite, soient garantis aux paysans et à la population autochtone victime d’une exclusion de longue date; et
· demande que les affiliés de l’IE de la région se mobilisent et expriment leur désaccord envers toute tentative de renversement de gouvernements élus démocratiquement.
Pour télécharger la déclaration du Comité régional de l’IE, cliquez ici(pdf en espagnol).