Le 10e Congrès mondial de l'Internationale de l'Education, réuni à Buenos Aires, en Argentine, du 29 juillet au 2 août 2024, prend note des éléments suivants :
- L’ensemble des scientifiques s'accordent à dire que les éléments du changement climatique qui font l'objet d'une urgence climatique mondiale sont principalement d’origine humaine, en particulier au moment de l'industrialisation, lorsque des combustibles fossiles étaient brûlés.
- L'urgence climatique mondiale d’origine humaine cause des dommages à l'environnement, la destruction des moyens de subsistance et des infrastructures, et la perte de vies humaines.
- L'urgence climatique mondiale d’origine humaine constitue déjà une menace existentielle pour l’entièreté de certaines nations insulaires.
- Le Rapport sur les risques mondiaux 2024 [1] a révélé que les phénomènes météorologiques extrêmes représentaient le risque le plus élevé pour la planète à long terme (dix ans) et le deuxième risque le plus élevé dans l'avenir immédiat (deux ans). Ces phénomènes se manifestent dans diverses régions par des événements tels que des cyclones tropicaux ou des ouragans fréquents et violents, des incendies de forêt catastrophiques et des sécheresses profondes.
- Le Rapport sur les risques mondiaux 2024 [1] a constaté qu'à long terme (dix ans), à la suite du franchissement d'un seuil critique ou « point de basculement », au niveau régional ou mondial, le changement climatique menace de modifier gravement un ou plusieurs systèmes planétaires essentiels, entraînant des changements potentiellement irréversibles et s’auto-entretenant qui auront des répercussions brutales et graves sur la santé de la planète et/ou le bien-être de l’être humain. Il s'agit notamment de l'élévation du niveau de la mer dû à l'effondrement des calottes glaciaires, de la libération de carbone due au dégel du pergélisol et de la perturbation des courants océaniques ou atmosphériques.
- La COP28 [2] de Dubaï a abouti à un « bilan mondial » des mesures prises dans le cadre de l'accord de Paris [3] de 2015 et a déterminé que les progrès étaient trop lents dans tous les domaines de l'action climatique - de la réduction des émissions de gaz à effet de serre au renforcement de la résilience face au changement climatique, en passant par l'apport d'un soutien financier et technologique aux nations vulnérables.
- La région Asie-Pacifique en général, et la région Pacifique en particulier, représentent le groupe le plus important et le plus vulnérable de nations touchées par l'urgence climatique causée par l’être humain.
- Les inégalités existantes entre les pays et entre les groupes sociaux, en particulier les peuples des Premières Nations, les femmes et les filles, au sein des pays ont une incidence sur leur capacité à faire face à l'urgence climatique d'origine humaine et à ses conséquences.
- En 2020 comme en 2021, les pays riches n'ont pas tenu l'engagement financier crucial de 100 milliards de dollars par an prévu par l'accord de Paris [3], un investissement qui devait aider les pays en développement vulnérables à passer à des sources d'énergie propres et à s'adapter au changement climatique.
- Les moins de 75 milliards de dollars par an disponibles pour l'adaptation et la transition ne représentent qu'une petite fraction du coût annuel situé, selon les estimations, entre 200 et 400 milliards de dollars.
- Les 700 millions de dollars promis au Fonds pour les pertes et les dommages déterminé lors de la COP28 à Dubaï [2] ne représentent qu'une fraction de la facture de réparation estimée entre 200 et 800 milliards de dollars par an découlant directement de l'urgence climatique mondiale d’origine humaine.
- Mille milliards de dollars par an sont nécessaires pour financer l'adaptation et réparer les dommages causés par l'urgence climatique d'origine humaine.
En outre, le Congrès estime que :
- Les urgences climatiques d'origine humaine ont un impact négatif réel et démontrable sur la vie de millions de personnes, leurs écoles et leurs communautés.
- Les urgences climatiques d'origine humaine compromettent gravement la réalisation des Objectifs de Développement Durable, y compris les objectifs en matière d'éducation des femmes et des filles, et portent atteinte aux principes de la déclaration des Nations Unies sur les droits de l'enfant.
- Les systèmes de savoirs autochtones sont essentiels pour faire face aux urgences climatiques d'origine humaine et devraient être au cœur des mesures prises pour éduquer les communautés, cibler les actions d'adaptation aux nouvelles réalités environnementales mondiales et atténuer les incidences sur les personnes, les communautés et les cultures.
- L'une des principales caractéristiques des systèmes de connaissances autochtones est constitué des connaissances environnementales traditionnelles (CET), c'est-à-dire la connaissance et la compréhension spécifiques de systèmes environnementaux complexes et de leurs interconnexions. Ces connaissances sont :
- Spécifiques à chaque pays ou localité menacé par l'urgence climatique d'origine humaine ;
- Se sont développées au fil des générations grâce à l'expérience et à l'interaction avec des environnements spécifiques ;
- Ne pouvaient pas être reproduites sur un nouveau site, ce qui a eu pour effet d'aggraver les conséquences des bouleversements culturels et environnementaux.
- Le Manifeste de l'IE pour une éducation de qualité au changement climatique pour tous et toutes exprime le point de vue de la profession enseignante sur l'apport d'un changement réel dans les communautés du monde entier grâce à des programmes d'éducation, des équipements, des installations et un apprentissage professionnel de haute qualité, bien financés et inclusifs.
- La campagne « La force du public : Ensemble on fait école ! » doit faciliter l'octroi d'un financement supplémentaire important pour l'éducation à l'action climatique.
Le Congrès décide que le Bureau exécutif :
- Appelle les Nations Unies, tous les gouvernements et tou·te·s les dirigeant·e·s du monde à :
- Mettre en œuvre des interventions significatives en matière de changement climatique, conformément à la déclaration de Glasgow de la COP26 [4], afin de limiter l'augmentation de la température mondiale à moins de 2° par rapport aux niveaux préindustriels et de poursuivre les efforts visant à limiter l'augmentation à 1,5°.
- En tenant compte du bilan mondial réalisé lors de la COP28 [2], fournir des compensations monétaires et en nature significatives et substantielles aux pays et aux communautés touchés par les urgences climatiques mondiales d’origine humaine.
- Elaborer et mettre en œuvre des protections accrues pour les personnes et les communautés vulnérables aux déplacements climatiques et veiller à l'atténuation des effets sur le bien-être social, émotionnel, économique et spirituel de toutes les personnes au moyen de politiques régionales, nationales et internationales complémentaires.
- Faciliter, mettre en œuvre et financer une transition juste pour tous les pays et toutes les communautés touchés par le changement climatique, en mettant particulièrement l'accent sur la fourniture et le maintien d'une infrastructure numérique résiliente et de haute qualité pour soutenir la continuité des programmes éducatifs et sociaux pendant les perturbations résultant des urgences climatiques d'origine humaine.
- Mettre en œuvre des programmes d'éducation entièrement financés dans les communautés et les écoles sur les causes humaines sous-jacentes de l'urgence climatique mondiale et sur la manière dont les gouvernements, les communautés et les individus peuvent mettre en œuvre des interventions significatives et durables pour limiter les facteurs sous-jacents à l'origine de l'augmentation de la température mondiale d’origine humaine.
- Encourager les organisations membres à :
- Développer des réponses structurelles internes à l'urgence climatique d’origine humaine, y compris la mise en œuvre de pratiques durables pour contribuer aux efforts mondiaux visant à limiter les hausses de température.
- Développer du matériel supplémentaire et contextualisé pour soutenir le travail des enseignantes et enseignants et des personnels de l'éducation dans la formation des élèves à un avenir durable.
- Engager un dialogue social au sein de leurs propres instances afin de faire progresser les objectifs de la communauté internationale en matière d'atténuation des urgences climatiques d'origine humaine.
- Plaider pour que les gouvernements nationaux participent aux processus juridiques internationaux, y compris l'accès à la Cour internationale de justice, afin d'obliger la communauté internationale à rendre compte des promesses faites et des promesses non tenues en ce qui concerne les pertes et les dommages, l'adaptation et la transition juste liés aux urgences climatiques d'origine humaine.
- Relier le renouveau syndical et le renforcement des capacités au travail du mouvement syndical mondial qui s'engage dans le dialogue social pour réaliser un avenir durable.
- Intégrer la diversité et l'inclusion dans leurs structures et leurs processus opérationnels, et dans leur plaidoyer en faveur de politiques et de programmes qui répondent à l'urgence climatique d’origine humaine en reconnaissant et en promouvant l'inclusion et la diversité.
- Développer des propositions et des politiques pour que les écoles soient des lieux de réflexion et d'action concrète sur les questions environnementales, y compris la manière dont l'école est construite, comment elle achète, consomme, recycle et élimine les matériaux.
- Rechercher et développer d'urgence des coalitions avec des partenaires pertinents aux niveaux national et international pour soutenir les actions visant à faire face aux urgences climatiques d’origine humaine.
1. ^ a b
Global Risks Report 2024 | World Economic Forum | World Economic Forum (weforum.org) consulté le 2 mars 2024