Autour du thème « Les enseignants au cœur de la transformation de l’éducation en Inde », plus de 25 000 membres de la All-India Primary Teachers’ Federation (AIPTF) ont participé à la 29e conférence biennale du syndicat qui s’est tenue les 12 et 13 mai à Gandhinagar (Gujarat). Les participant·e·s se sont réuni·e·s pour discuter des questions urgentes auxquelles est actuellement confronté le secteur de l’éducation en Inde. La conférence a mis en lumière le rôle crucial d’une éducation publique de qualité pour le développement de sociétés justes, durables, équitables et prospères, en soulignant la nécessité de financer intégralement l’éducation publique et d’investir dans la profession enseignante.
Demandée par l’Internationale de l’Education, une étude présentée à l’occasion de la conférence a révélé que le score du pays pour réaliser l’objectif de développement durable 4, c’est-à-dire une éducation de qualité pour tous, était en baisse depuis 2019 en raison d’une faible capacité d’apprentissage à l’école et d’un taux élevé de décrochage scolaire dans l’enseignement secondaire.
En outre, un grand nombre de postes d’enseignants vacants n’ont pas été pourvus, tandis que de nombreuses écoles ne respectent pas la norme recommandée en matière de ratio enseignant/élèves. Par ailleurs, en 2021, environ 11 % des enseignant·e·s en poste dans l’enseignement primaire et primaire supérieur n’avaient pas reçu la formation requise en Inde.
L’insuffisance du budget public de l’éducation, qui est actuellement inférieur au pourcentage recommandé de 6 % du produit intérieur brut (PIB), a été reconnue comme l’une des causes sous-jacentes de la pénurie d’enseignant·e·s. Actuellement, les dépenses combinées du gouvernement central et des États fédérés au titre de l’éducation représentent moins de 4 % du PIB, dont à peine 2,56 % sont alloués à l’enseignement scolaire.
La force du public : éducation de qualité et enseignant(e)s de qualité vont de pair
Pour relever ces défis, la conférence a souligné l’importance d’accroître le financement public de l’éducation, en appelant à rejoindre la campagne mondiale de l’Internationale de l’Education « La force du public : Ensemble on fait école ! »
Le recrutement d’enseignant·e·s qualifié·e·s, associé à des opportunités de formation en cours de service, a été identifié comme une étape clé pour améliorer les résultats d’apprentissage des élèves. En outre, la disponibilité d’enseignant·e·s bien formé·e·s et bien rémunéré·e·s, bénéficiant d’une sécurité de l’emploi et de la sécurité sociale, contribuerait à résoudre le problème de la pénurie d’enseignant·e·s et à renforcer l’attrait de la profession.
La conférence a également insisté sur l’importance de rendre l’éducation plus inclusive, non discriminatoire et résiliente. Elle a souligné la nécessité d’améliorer les conditions de travail, les salaires et les droits fondamentaux des enseignant·e·s, en mettant l’accent sur la réduction des heures consacrées aux activités sortant du cadre de l’enseignement. L’égalité des genres dans la profession enseignante constituait un autre sujet de préoccupation, et la conférence a appelé à l’égalité des salaires, des promotions et des opportunités d’avancement de carrière pour les enseignantes.
S’adressant à la conférence, le Secrétaire général de l’Internationale de l’Education, David Edwards, a résumé en quelques mots le besoin urgent de changement en déclarant : « Le nom même de notre campagne – La force du public : Ensemble on fait école ! – me rappelle l’AIPTF. S’exprimer publiquement, c’est faire du bruit. S’exprimer publiquement à propos d’un sujet, c’est être sans équivoque. S’exprimer publiquement à propos d’un sujet qui vous passionne, c’est syndiquer et mobiliser. Nous ne nous contentons pas de parler entre nous, nous nous exprimons publiquement : investissons dans les enseignants et les élèves pour un avenir meilleur. »
La conférence s’est conclue par un appel retentissant à l’action lancé aux participant·e·s : « La force du public : Ensemble on fait école ! » – une invitation à reconnaitre le pouvoir de transformation de l’éducation publique et la responsabilité des enseignant·e·s envers les élèves pour leur permettre de réaliser pleinement leur potentiel et les guider vers un avenir meilleur.