Cet appel a été lancé dans le cadre de la 9e Rencontre régionale sur l’enseignement public et les peuples autochtones, organisée par l’Internationale de l’Éducation pour l’Amérique latine.
L’événement a réuni plus de 150 travailleur·euse·s de l’éducation en provenance du Brésil, du Pérou, du Costa Rica, du Panama, de l’Argentine et de différentes régions du Paraguay.
La 9e Rencontre régionale sur l’enseignement public et les peuples autochtones, organisée par l’Internationale de l’Éducation pour l’Amérique latine (IEAL) et ses affiliés, s’est clôturée mercredi avec la lecture du manifeste adopté par ses participant·e·s. Dans ce texte, les éducateur·trice·s exhortent les gouvernements de la région à mettre fin aux politiques d’invisibilisation et de négligence en matière d’éducation qui affectent les communautés autochtones.
Le document final reprend un ensemble de demandes et de réflexions qui résument le dialogue engagé pendant la rencontre de deux jours, au cours de laquelle des éducateur·trice·s autochtones de différents peuples du Brésil, du Pérou, du Costa Rica, du Panama, de l’Argentine et du Paraguay ont comparé les expériences de leurs pays respectifs et relevé de nombreux points communs.
Parmi les principales demandes des éducateur·trice·s figurent la garantie de politiques publiques telles que l’accès à une éducation équitable, gratuite et de qualité pour tous les peuples autochtones de la région, la ratification et la mise en œuvre dans tous les pays de la Convention 169 de l’Organisation internationale du Travail relative aux peuples indigènes et tribaux, et la garantie de mécanismes de participation des communautés autochtones en tant que condition sine qua non de la prise de décisions relatives à la politique éducative autochtone.
En outre, les participant·e·s ont demandé que les revendications historiques de leurs peuples soient satisfaites, notamment en ce qui concerne l’accès aux ressources essentielles comme l’eau potable, les services de santé et le droit à leurs terres ancestrales, ainsi que la protection de leurs territoires contre la destruction des terres, la déforestation et l’exploitation aveugle des ressources naturelles.
En ce qui concerne plus particulièrement les conditions éducatives, les participant·e·s ont demandé que soient garanties des politiques publiques en matière de connectivité qui couvrent indistinctement les zones rurales et urbaines des pays d’Amérique latine, et que soient prévus des outils technologiques destinés à l’apprentissage et au développement communautaire. Les demandes incluses dans le document final portent en outre sur l’amélioration des infrastructures éducatives, y compris des matériels pédagogiques adéquats, ainsi que des repas scolaires et des bibliothèques de qualité pour les centres éducatifs des communautés autochtones.
Outre les éducateur·trice·s autochtones, l’événement comptait aussi avec la présence de Fatima Silva, vice-présidente du comité régional de l’IEAL, de Combertty Rodriguez, coordinateur principal de l’IEAL, de Roberto Leão, vice-président mondial de l’IE, d’Eladio Benitez, secrétaire général de l’ Union Nacional de Educadores-Sindicato Nacional (UNE-SN) et de Juan Gabriel Espinola, représentant de l' Organización de Trabajadores de la Educación del Paraguay-Auténtica (OTEP-A).
Des syndicats qui soutiennent les luttes autochtones
Dans le cadre des activités en groupes du deuxième jour, les participant·e·s ont réfléchi aux demandes que les peuples autochtones peuvent adresser à leurs organisations syndicales, de même qu’aux domaines dans lesquels ces structures peuvent contribuer à améliorer leur action.
Parmi les principales propositions sur lesquelles presque tout le monde s’est accordé, figurent la nécessité pour les organisations syndicales d’accompagner les luttes et les négociations avec les gouvernements et la reconnaissance du multilinguisme au sein de ces organisations.
En outre, les représentant·e·s des peuples autochtones doivent être impliqué·e·s à tous les niveaux des structures syndicales afin que leur point de vue puisse toujours être pris en compte. Les gouvernements, quant à eux, doivent être tenus de faire respecter les droits des éducateurs·trice·s autochtones.
Enfin, les participant·e·s ont demandé à leurs organisations de promouvoir une formation politique et syndicale à l’intention des éducateur·trice·s de ces communautés, et ont souligné la nécessité d’organiser des réunions d’enseignant·e·s autochtones dans chaque pays, sous l’égide des syndicats.
« Ces décisions dépendront de la volonté politique de chacun des affiliés de mettre en œuvre les propositions énoncées en conclusion de cette rencontre. L’IEAL ne peut à elle seule mettre en œuvre ces recommandations, qui doivent passer par les organisations nationales. Le syndicat doit constituer une alternative organisationnelle pour les populations autochtones », a conclu au terme de l’activité Combertty Rodriguez, coordinateur principal régional de l’IEAL.