L’étude intitulée « Trade union transformation in the digital economy : the case of the Federation of Mongolian Education and Science Unions (FMESU) » (La transformation syndicale dans l’économie numérique : le cas de la FMESU, Mongolie) met en lumière les défis auxquels le syndicat est confronté en lien avec les retombées de la transition numérique.
Elle s’intéresse aux domaines stratégiques propices à la transformation syndicale et se demande comment et pourquoi le recours aux technologies pourrait, à l’avenir, apporter une valeur ajoutée en termes d’organisation syndicale et de sensibilisation.
Le rapport note que le renouveau syndical dans le secteur de l’éducation est un processus global qui implique notamment l’élaboration de nouvelles stratégies pour s’adresser aux membres de la base, mobiliser les adhérents et instaurer une communication interne et externe efficace en tirant parti des technologies numériques. Les défis actuels induits par les avancées technologiques et la numérisation exigent des investissements et des ressources considérables de la part des syndicats d’enseignants en termes de formation et d’amélioration des compétences pour faciliter la transition vers le numérique.
Dans son discours d’ouverture lors du webinaire de lancement de l’étude, Susan Hopgood, présidente de l’Internationale de l’Éducation, a reconnu que l’étude « formule des conclusions détaillées et éclairantes sur la marche de la FMESU vers sa transformation. L’étude, étayée par une enquête de grande envergure, a pour objectif de comprendre et répondre aux défis auxquels la FMESU est confrontée dans sa mission de représentation et de protection des droits et des intérêts des enseignantes et enseignants. »
Susan Hopgood a rappelé que le Congrès 2019 de l’Internationale de l’Éducation avait adopté la résolution « Renouveau syndical – le nouvel impératif » et mandaté le Bureau exécutif de l’Internationale de l’Éducation pour identifier et favoriser les occasions de partager les connaissances, l’expertise et les réflexions des affiliés de l’Internationale de l’Éducation vis-à-vis du développement et du renouveau syndical.
Elle a poursuivi en faisant remarquer que si la pandémie de COVID-19 a mis à rude épreuve l’action éducative, elle a également accéléré et rendu urgente la nécessité pour les syndicats de s’adapter aux nouvelles technologies et plateformes comme aux nouveaux réseaux numériques.
Susan Hopgood a insisté sur le point suivant : « Le message essentiel véhiculé par cette étude est que le projet de renouveau syndical passe par un virage numérique, mais plus encore par l’ouverture et le dialogue, la collaboration et le travail d’équipe que permettent les médias numériques et la communication par Internet.
Nous espérons que la FMESU trouvera une utilité à ces travaux pour élaborer ses stratégies, ses plans d’action et ses processus d’évaluation dans la transformation numérique et le renouveau syndical de son organisation.
En outre, nous espérons que ce rapport favorisera de nouvelles réflexions, stimulera le débat sur notre projet plus vaste de renouveau syndical et donnera lieu à des interventions plus fructueuses et plus efficaces sur le terrain de nature à donner une nouvelle impulsion, à renforcer et enrichir le travail des syndicats d’enseignants dans le monde entier. »
Souhaitant la bienvenue aux participant·e·s, Tsogtgerel Zambal, le Président de la FMESU, a noté que, « sur la base des recommandations de l’étude, nous remanions notre planification stratégique afin d’améliorer l’action du syndicat, de prendre en compte les intérêts de ses membres et de répondre à leurs besoins ».
Pour Benedikt Ivanovs, directeur de pays pour la Fondation Friedrich Ebert en Mongolie, « nous continuerons à travailler sur les questions qui nous préoccupent, mais également sur les possibilités de revisiter la stratégie syndicale, comme l’indique l’étude. Notre mission commune est d’examiner les conclusions et de donner vie aux recommandations. »
Présentant les principales conclusions du rapport, le chercheur Gantuya Ariunsan a mis l’accent sur les points suivants : la FMESU en tant que syndicat ; la FMESU et le dialogue social ; la FMESU et l’économie numérique ; et la COVID-19 et l’avenir du travail dans le secteur de l’éducation.
Il a souligné des recommandations en termes de :
- Développement organisationnel (par exemple, l’automatisation des rapports de mise en œuvre et de financement des plans d’action des comités et leur diffusion auprès des membres concerné·e·s, ainsi que la réduction des tâches manuelles en automatisant le processus d’inscription des membres, la création de bases de données, le regroupement des dossiers et l’archivage).
- Perfectionnement professionnel des membres du syndicat (par exemple, en prenant l’initiative de créer un environnement politique permettant d’aborder des questions telles que l’apprentissage en ligne, les ressources électroniques, les questions de droits d’auteur afférents, le travail numérique et son évaluation, ou en lançant des activités destinées à améliorer la compétence numérique des ressources humaines dans le secteur de l’éducation et à les aider à acquérir les compétences nécessaires).
- Communication (par exemple, en privilégiant des voies durables pour assurer la transparence de l’information à tous les niveaux par le biais de plateformes numériques ou en assurant un flux d’informations descendant et ascendant, en réduisant l’implication des responsables des comités dans le processus de diffusion des informations aux membres).
- Mobilisation des membres (par exemple, en organisant une série d’événements pour présenter aux nouveaux membres les avantages de la syndicalisation, en axant davantage le contenu de la formation initiale sur les membres, ou en mettant à la disposition du grand public et des non-membres des informations sur la FMESU et ses activités).
Table ronde : « Renouvellement syndical – les exemples syndicaux »
Cette présentation a été suivie d’une table ronde et d’un partage d’expériences de syndicats de la région Asie-Pacifique engagés dans le processus de renouvellement syndical. Les débats étaient animés par Tsetsegmaa Gendenjamts, secrétaire à l’international de la FMESU.
Ruby Ana Bernardo de l’ Alliance of Concerned Teachers (ACT) aux Philippines a présenté la lutte que mène son syndicat pour assurer l’organisation et le renouvellement syndical en période de pandémie et de harcèlement gouvernemental.
Elle a indiqué que l’ACT s’efforce d’organiser massivement, en faisant tout son possible pour garder un contact permanent avec les membres, en concevant des programmes de développement professionnel et un programme de reconnaissance pour les districts scolaires les plus actifs, et en convenant que les réseaux sociaux occupent une place croissante comme moyen de communication.
Concernant la question du leadership, elle a insisté sur le fait que l’ACT valorise les jeunes éducateur·trice·s, le rôle moteur des femmes, le partage d’expériences, ainsi que le processus démocratique et les consultations inclusives.
Nitin Kumar, coordinateur du projet de transformation syndicale à la All India Primary Teachers’ Federation (AIPTF), a expliqué comment dans plusieurs États, les sections syndicales ont bénéficié du potentiel des technologies de l’information pour renforcer et soutenir les membres des syndicats.
Il a souligné que les membres des affiliés de l’AIPTF dans les États d’Uttarakhand et de Jharkhand ont échangé des concepts et des idées sur l’infrastructure informatique (base de données des membres, site web et applications).
Pour Nicole Calnan, secrétaire fédérale adjointe de l’ Australian Education Union, « c’est passionnant de s’inscrire dans le renouveau syndical et d’y participer. Nous voulons assurer la longévité de nos structures syndicales et atteindre nos objectifs stratégiques. Nous voulons également construire des syndicats forts et puissants dans la région. »
La voie à suivre
Dans ses remarques finales, Anand Singh, le coordinateur régional principal de l’Internationale de l’Éducation pour l’Asie-Pacifique, a expliqué que l’objectif est de développer un modèle concret pour renforcer les syndicats et soutenir le renouveau syndical dans la région Asie-Pacifique.
Le président de la FMESU, Tsogtgerel Zambal, a clôturé le webinaire en déclarant : « Nous espérons que l’étude ‘La transformation syndicale dans l’économie numérique : le cas de la FMESU, Mongolie’ présentera un intérêt non seulement pour la Mongolie, mais aussi pour d’autres pays de la région Asie-Pacifique ».