Le Gouvernement du Zimbabwe a annoncé que les écoles rouvriraient dans un premier temps pour les examens à la fin du mois de juin et plus progressivement dans les semaines suivantes malgré le risque de propagation des infections liées à la COVID-19. Les syndicats enseignants ont jugé que la réouverture des écoles était dangereuse et prématurée et a exigé un dialogue social afin de préparer une réouverture en toute sécurité. Toutefois, en l’absence de coopération de la part du Gouvernement, les deux plus grands syndicats d’enseignants, la Zimbabwe Teachers' Association (ZIMTA) et le Progressive Teachers' Union of Zimbabwe (PTUZ), membres de l’Internationale de l’Éducation, rejoints par plusieurs plus petits syndicats ont assigné le Gouvernement en justice. La Cour s’est prononcée en faveur des syndicats. Le Gouvernement déclare qu’il se conformera à la décision rendue et respectera le délai fixé par la High Court (Cour suprême).
Les syndicats de l’éducation du Zimbabwe se sont opposés à la réouverture proposée par le Gouvernement. Ils ont évoqué les arguments suivants comme étant la source principale de risques potentiels de la réouverture des écoles :
- Le ratio enseignant.e-élève était trop élevé pour que la distanciation physique soit possible au sein des installations et des dispositifs scolaires actuels. Le chiffre officiel pour le ratio est de 1 pour 40, cependant les syndicats font valoir que le ratio réel est souvent de 1 pour 70, voire 1 pour 100. Cela représentait déjà un problème significatif dans l’éducation bien avant qu’il soit considéré comme un risque de santé majeur pendant la pandémie.
- Le manque de moyens de transport adéquats et sûrs pour les étudiant∙e∙s et les enseignant∙e∙s venait exacerber les risques supplémentaires de distanciation et de santé avant et après les horaires d’école.
- Une absence de préparation logistique était apparente. Les installations scolaires avaient besoin de mesures de fumigation et d’hygiène à grande échelle. Le fait que de nombreuses écoles aient été utilisées comme lieux de quarantaine a contribué à ce risque de contamination. La pénurie de masques et de gel hydroalcoolique ainsi que le manque de personnel aggravaient les facteurs de risque au sein des écoles. De nombreuses écoles n’avaient pas d’eau potable ni n’étaient approvisionnées régulièrement en eau.
Les syndicats ont soutenu que grand nombre de parents, d’étudiant∙e∙s et d’enseignant∙e∙s étaient inquiet∙ète∙s et avaient peur de rouvrir les écoles dans de telles conditions car celles-ci pourraient devenir des foyers virulents de contamination et entraîneraient l’augmentation du taux d’infection. En Afrique du Sud, pays voisin, certaines écoles qui avaient été rouvertes ont dû refermer à nouveau car des cas d’infection ont fortement augmenté.
La décision de la Cour Suprême, annoncée le 19 juin dernier, stipulait que avant toute réouverture des écoles, le Gouvernement devait fournir des équipements de protection individuelle aux enseignant∙e∙s et aux apprenant∙e∙s, nettoyer et désinfecter toutes les installations et suivre les pratiques de sécurité prescrites par l’Organisation mondiale de la Santé et mettre en place des installations sanitaires et de dépistage adéquates.
Le Gouvernement a répondu qu’il respecterait toutes les conditions exigées par la Cour et leurs échéances et il a promis d’allouer d’importantes ressources financières à cette fin.