Les organisations représentatives des enseignant·e·s du Cameroun s’élevent de façon unitaire pour défendre la sécurité de l’école camerounaise, « fortement secouée par une vague sans précédent et intolérable de violence » au début de l’année.
« Aucun enseignant ne se sent plus en sécurité, non pas seulement sur le campus scolaire, mais plus généralement dans son métier aujourd’hui. » C’est le message d’une déclaration publiée le 18 janvier par une plateforme syndicale auxquelles appartiennent les trois affiliés camerounais de l’Internationale de l’Éducation, à savoir la Fédération Camerounaise des Syndicats de l'Education, la Fédération des Syndicats de l'Enseignement et de la Recherche et le Syndicat des Travailleurs des Etablissements Scolaires Privés du Cameroun.
Le laxisme et la passivité des autorités publiques
Les syndicats d’enseignants regrettent vivement que « la violence, laissée sans traitement adéquat, alimentée directement et indirectement par des pratiques et une réglementation discutables, a élu domicile sur les campus scolaires et y fait régner sa loi, même les élèves en sont aussi de plus en plus victimes ».
Ils dénoncent unanimement « le laxisme et la passivité des hautes autorités de l’éducation et du Gouvernement ». Ils exigent par ailleurs qu’un débat soit organisé sans délai sur la violence en milieu scolaire et que des solutions soient adoptées et appliquées en urgence.
Des memoranda adressés aux autorités publiques
C’est pourquoi la déclaration syndicale demande « aux enseignants de se mobiliser dans tous les établissements de la République, du primaire, du secondaire comme du supérieur, pour rédiger des memoranda de dénonciation à l’intention des ministres en charge de l’Éducation et du Premier Ministre ».
Ces memoranda doivent dénoncer clairement la violence qui sévit en milieu scolaire contre les enseignant·e·s mais aussi contre les élèves, dénoncer la passivité et l’absence de traitement adéquat face à ce fléau
Certain de ces textes ont été lus publiquement le 27 janvier à l’occasion des rassemblements hebdomadaires dans chaque établissement scolaire, avant d’être transmis aux autorités publiques par la voie hiérarchique.
Critique du comportement et des arguments des autorités publiques
Concernant plus particulièrement le meurtre de l’enseignant Boris Kévin Njomi Tchakounte, mortellement poignardé par un élève, la plateforme syndicale, dans une autre déclaration en date du 2 février, dénonce « l’absence du Ministère des enseignements secondaires à la levée du corps et le refus de rendre un hommage académique mérité à son employé assassiné dans l’exercice de ses profession ». Les syndicats de l’éducation ajoutent qu’ils « condamnent avec la dernière énergie le recours à une violence injustifiable et largement disproportionnée par les forces de sécurité face à une procession funèbre qui ne menaçait aucunement l’ordre public ».
Ils réitèrent aussi leur demande que des dates soient fixées pour la tenue d’un dialogue national sur la violence en milieu scolaire et d’un forum national de l’éducation.
L’Internationale de l’Éducation marque sa plus profonde solidarité avec les collègues camerounais·es, et demande aux pouvoirs publics du Cameroun de remédier urgemment à cette terrible situation, pour garantir ainsi une éducation de qualité pour tou·te·s dans le pays.