Grâce à l’action de grève engagée par le Teachers' Union of Malawi, les enseignant·e·s du Malawi ont enfin touché leur salaire du mois de décembre 2019.
Le 20 janvier, le syndicat a appelé les enseignant·e·s à une grève nationale afin de forcer le gouvernement du Malawi à verser les traitements de décembre 2019.
Près de 5.000 enseignant·e·s, du primaire jusqu’à l’enseignement supérieur, n’avaient pas été rémunéré·e·s après avoir été retiré·e·s des états de paie. En juillet 2019, le gouvernement avait exigé des fonctionnaires qu’ils présentent leur carte nationale d’identité avant de procéder au traitement des salaires. Des enseignant·e·s avaient ainsi retirés des états de paie au mois de décembre 2019 au (prétendu) motif de ne pas avoir présenté leur document d’identité aux autorités publiques responsables, a déclaré Charles Kumchenga, Secrétaire général du Teachers' Union of Malawi.
Des employé·e·s fantômes
Ce processus d’identification avait été engagé dans le but d’éliminer les « employé·e·s fantômes » – des personnes figurant à tort sur les états de paie. « Nous avons commencé à demander les cartes d’identité des personnes à rémunérer afin d’être certains de ne pas verser de salaire aux mauvaises personnes, » a déclaré Justin Saidi, Secrétaire principal au ministère de l’Éducation.
Près de 80.000 enseignant·e·s travaillent dans des écoles publiques au Malawi. « Les enseignants ont présenté leurs cartes d’identité, mais celles-ci ont été égarées par le gouvernement et, au final, ce sont les enseignants qui ont été pénalisés, » a déclaré Kumchenga.
Au 23 janvier, les enseignant·e·s d’à peine 10 districts sur 34 avaient touché leur salaire pour le mois de décembre.
Solidarité
Répondant à l’appel à la grève, des milliers d’enseignant·e·s d’établissements publics n’ont pas rejoint leurs salles de classe. Celles et ceux dont le traitement du mois de décembre avait déjà été versé se sont joints à la manifestation en solidarité avec leurs collègues. Des élèves du primaire et du secondaire ont également manifesté ou organisé des veillées afin d’obliger le gouvernement à rémunérer leurs enseignant·e·s.
Des négociations positives avec le gouvernement
« Cette fois, le gouvernement a réagi positivement au terme des négociations avec notre délégation syndicale, et a accepté de verser sous peu les salaires de décembre à l’ensemble des enseignants », a déclaré Charles Kumchenga, Secrétaire général du Syndicat des enseignant·e·s du Malawi.
Les élèves affichent leur soutien
Il s’est félicité du soutien témoigné par les élèves, privés de leur droit à l’éducation en raison de l’absence des enseignant·e·s pour cause de manifestation et de protestation.
« Les élèves ont compris qu’ils n’apprenaient pas parce que les enseignants n’étaient pas rémunérés et absents des écoles, » a-t-il souligné. « Nous sommes heureux que les élèves se soient joints à la grève, qu’ils soient descendus dans la rue, scandant des chants dans le but d’inciter le gouvernement à payer les enseignants, afin que ces derniers puissent retourner en classe et recommencer à faire ce qu’ils aiment par-dessus tout: enseigner à leurs élèves. »
La fin de la grève
Le 24 janvier, le syndicat a appelé à mettre fin à la grève. « Tout d’abord, parce que l’accord relatif au paiement de tous les salaires de décembre nous a donné satisfaction. Et parce que certaines personnes ont cherché à profiter de la grève. L’opposition se sert des gens dans les villages qui commettent des actes de vandalisme au cours des manifestations – auprès des magasins ou des banques, par exemple – afin de ternir l’image du gouvernement », a ajouté Kumchenga.