Alors que plusieurs enseignant·e·s ont perdu la vie au Kenya depuis le début de l’année, les préoccupations se multiplient à propos de leur sécurité, poussant les syndicats à réclamer au gouvernement la protection des personnels de l’éducation.
Des parents mécontents s’en prennent aux éducateur·rice·s
Dans une déclaration adressée au ministère de l’Éducation, le Kenya National Union of Teachers(KNUT), membre de l’Internationale de l’Éducation, a attiré l’attention sur la série d’agressions subies par les enseignant·e·s et les responsables d’établissement, victimes des parents et des communautés en colère en raison de résultats scolaires qui laisseraient à désirer.
Le KNUT a évoqué plusieurs situations dans lesquelles les parents avaient pénétré dans les établissements pour tenter d’en expulser les responsables. Le 6 janvier, Daisy Mbathe, enseignante au sein de l’école primaire Ndooni, est décédée après avoir été agressée par un groupe de personnes dont faisaient prétendument partie des parents d’élèves.
Dénonçant une agression « des plus barbares », le Secrétaire général du KNUT, Wilson Sossion, a insisté sur la nécessité de donner un coup d’arrêt à cette nouvelle culture en vertu de laquelle les communautés et les parents peuvent agresser les enseignant·e·s sans avoir à en craindre les conséquences.
Les enseignant·e·s dans le viseur des terroristes
Le 13 janvier, des terroristes d’Al-Shabab ont assassiné trois enseignants dans le comté de Garissa, au Kenya. Aucune de ces personnes – Caleb Mutangia Mutua, Titus Sasieka Mushindi et Samuel Mutua – n’était originaire de la région. Al-Shabab avait déjà ciblé dans le passé des enseignant·e·s non locaux·ales.
En réaction à la nouvelle, le KNUT a condamné les attentats et a rappelé au gouvernement son engagement et son devoir de protéger les enseignant·e·s dans les régions menacées par le terrorisme.
Un climat de peur
Selon le KNUT, les attaques dirigées contre les enseignant·e·s sont un phénomène de plus en plus courant, qui suscite « la panique, la peur et l’anxiété au sein de la profession ». La situation a affecté la qualité de l’enseignement ainsi que les résultats scolaires dans plusieurs établissements.
Les enseignant·e·s qui se sentent en danger doivent « quitter les régions concernées sans délai afin de protéger leur vie », a indiqué le KNUT. Le syndicat a demandé à rencontrer le ministère de l’Éducation ainsi que la Teachers’ Service Commission dans le but de discuter de la situation des enseignant·e·s menacé·e·s. Si le gouvernement ne donne pas de suite favorable à cette demande de dialogue, une action collective suivra.
David Edwards, Secrétaire général de l’Internationale de l’Éducation, s’est fait l’écho de cette demande visant à renforcer la sécurité: « L’ensemble de la communauté éducative pleure les victimes de ces actes de violence irréfléchis. Le gouvernement kenyan doit collaborer avec les éducateurs et leur syndicat et s’assurer que les enseignants et tous les personnels de l’éducation bénéficient de la protection dont ils ont besoin. La sécurité des éducateurs est un principe absolument essentiel et non négociable. »