Le 8èmeCongrès mondial de l'Internationale de l'Education (IE), réuni à Bangkok, Thaïlande, du 21au 26 juillet 2019 :
(1) Rappelant l’article 2h de la Constitution de l’IE, engageant l’organisation à lutter contre toutes les formes de discrimination, ainsi que les instruments internationaux suivants se référant spécifiquement à l’intersectionnalité et aux multiples formes de discrimination : le Programme d’action de Beijing (1995), lequel attire l’attention sur la nécessité de comprendre les multiples formes de discrimination et leur incidence sur les femmes ; l’article 6 de la Convention relative aux droits des personnes handicapées (2006), reconnaissant que « [...] les femmes et les filles handicapées sont exposées à de multiples discriminations [...] » ; la Recommandation générale n° 28 du Comité pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (2010, paragraphe 18) stipulant : « Le fait que les phénomènes de discrimination se recoupent est fondamental pour l’analyse de la portée des obligations générales [des Etats parties] » ;
(2) Soulignant que les 17 objectifs de développement durable du Programme 2030 ont pour vocation de réaliser les droits humains de tous les individus, de parvenir à l’égalité des genres et d’autonomiser toutes les femmes et les filles, en veillant avant tout à ne laisser personne pour compte ;
(3) Soulignant également que la Déclaration d’Incheon et le Cadre d’action Education 2030 (adoptés en 2015) visant à assurer à tous les individus une éducation équitable, inclusive et de qualité, ainsi que des possibilités d’apprentissage tout au long de la vie, stipule que : « Aucune cible relative à l’éducation ne saurait être considérée comme atteinte tant qu’elle ne l’est pas par tous ».
(4) Reconnaissant que les dispositions de ces documents politiques internationaux mettent en lumière le fait que les formes de discrimination souvent perçues comme isolées ou unidimensionnelles, telles que, entre autres, l’homophobie, le racisme, le sexisme, la transphobie, la xénophobie et celles fondées sur la capacité ou la classe sociale, sont en réalité multidimensionnelles et s’entrecoupent mutuellement, signifiant que des groupes spécifiques de femmes et de jeunes filles sont particulièrement exposées aux situations désavantageuses, à l’exclusion, à la violence et à la discrimination en raison de leur situation sociale, induite notamment par l’âge, la religion, l’orientation ou l’identité sexuelle, la capacité, la pauvreté, la race ou l’appartenance à des groupes autochtones, migrants ou immigrants ; et que les femmes et les jeunes filles en situation de guerre ou de conflit armé sont particulièrement exposées aux situations désavantageuses, à l’exclusion, à la violence et à la discrimination ;
(5) Reconnaissant également la nécessité de s’intéresser en particulier aux formes de discrimination multiples et croisées, dans la mesure où bon nombre d’initiatives, politiques et stratégies progressistes visant à éliminer les différentes formes de discrimination sont parfois susceptibles, en réalité, de renforcer les niveaux multiples et croisés de la discrimination ;
(6) Exprimant ses plus vives inquiétudes face aux conséquences des formes de discrimination multiples et croisées sur la pleine jouissance des droits humains des femmes et des jeunes filles, en particulier le droit à l’éducation et au travail décent, reconnaissant que la diversité est une valeur fondamentale du mouvement syndical et une source de notre puissance, nous jugeons essentiel de multiplier et promouvoir, au sein de nos propres rangs, les opportunités offertes aux femmes d’accéder aux postes à responsabilités des syndicats de l’éducation, à tous les niveaux ;
(7) Reconnaissant que la persistance des problèmes est due à l’incapacité des pays du monde à prendre des mesures efficaces pour combattre et éradiquer la discrimination et la violence à l’égard des femmes et des jeunes filles, que les perspectives intersectionnelles ne sont pas suffisamment reconnues ou intégrées au niveau national à leurs programmes, politiques, législations et autres initiatives visant à lutter contre la discrimination et la violence fondées sur le genre, notamment celles touchant l’éducation, et que cette situation est inacceptable au 21e siècle ;
Le 8e Congrès mondial de l’Internationale de l’Education, réuni à Bangkok, en Thaïlande, du 21 au 26 juillet 2019 :
(8) Demande instamment à l’IE et ses organisations membres de garantir que leurs politiques de lutte contre la discrimination renvoient explicitement à la nature multiple et intersectionnelle des modèles de discrimination ;
(9) Demande instamment à l’ensemble des organisations membres, dans le cadre de leurs initiatives en faveur de la réalisation de l’ODD 4 (éducation), de l’ODD 5 (égalité des genres) et de l’ODD 8 (travail décent), de mettre en avant les liens fondamentaux entre ces trois Objectifs, de renforcer et de multiplier leurs efforts visant à garantir que leurs membres soient sensibilisé(e)s et suffisamment informé(e)s à propos de l’incidence des formes de discrimination multiples et croisées sur les étudiant(e)s, les personnels de l’éducation et de lancer des initiatives pour mettre un terme aux situations désavantageuses, à l’exclusion et à la violence découlant des formes de discrimination multiples et croisées ;
(10) Demande instamment à l’IE et ses organisations membres de promouvoir des programmes scolaires, ainsi que des programmes de formation initiale et de développement professionnel continu pour les enseignant(e)s et les personnels de soutien à l’éducation, intégrant la problématique des stéréotypes qui renforcent et ancrent en profondeur dans la société les formes de discrimination multiples et croisées à l’égard des femmes et des jeunes filles ;
(11) Appelle les acteurs nationaux (gouvernements) et internationaux à sensibiliser et mieux informer à propos de la nature multiple et intersectionnelle de la discrimination dont sont victimes les femmes et les jeunes filles marginalisées, en particulier au sein/au travers de l’éducation ;
(12) Le Congrès confie au Bureau exécutif de l’IE le mandat suivant :
(i) Inclure des perspectives concernant les formes de discrimination multiples et croisées dans toutes les publications et sites web de l’IE, ainsi que dans le cadre de toute coopération bilatérale et multilatérale pertinente entre l’IE et ses organisations membres ;
(ii) Recenser, publier et diffuser les expériences et les pratiques efficaces des organisations membres dans le cadre de leur lutte contre les formes de discrimination multiples et croisées dont sont victimes les femmes et les jeunes filles dans leurs propres contextes, tant au sein de l’éducation que dans leurs organisations syndicales ;
(iii) Encourager et permettre le développement de politiques et l’application de pratiques pour promouvoir le leadership des femmes au sein des syndicats de l’éducation, en particulier celles victimes de formes de discrimination multiples et croisées ;
(iv) Collaborer avec les agences des Nations Unies et d’autres partenaires stratégiques de la société civile aux niveaux national, régional et mondial, en vue de lutter contre la discrimination multiple et intersectionnelle à l’égard des femmes enseignantes et étudiantes, faisant obstacle à la pleine jouissance de leur droit au travail décent et à l’éducation.