Aujourd’hui, l’Internationale de l’Education a distingué deux militant·e·s remarquables au cours de son 8e Congrès mondial à Bangkok, en Thaïlande. Curtis Riep a reçu le Prix de l’Education Albert Shanker et Jalila al Salman s’est quant à elle vue décerner le Prix des droits humains et syndicaux Mary Hatwood Futrell.
Deux militant·e·s de l’éducation sont ainsi récompensé·e·s par ces prix lors de chaque Congrès mondial de l’IE, en reconnaissance de leurs contributions exceptionnelles à ce secteur. Les prix célèbrent l’activité professionnelle des lauréat·e·s, marquée par un engagement à assurer l’excellence en matière d’éducation et la promotion de la démocratie, de la justice sociale et de l’égalité à travers l’éducation.
Jalila Al-Salman remporte le Prix des droits humains et syndicaux Mary Hatwood Futrell
Enseignante de longue date et militante pour les droits syndicaux des enseignant·e·s à Bahreïn, Jalila œuvre pour faire progresser la démocratie et l’égalité en dépit des mesures de pression et d’intimidation répétées de la part du gouvernement du Bahreïn. Emprisonnée et soumise à des actes de torture par les autorités, elle a pourtant refusé de se taire et a continué de se battre pour que les enseignant·e·s à Bahreïn aient le droit de s’organiser en syndicat à l’abri de toute ingérence politique. Elle a également dirigé la Bahrain Teachers Association(BTA) et elle est une fervente militante pour les droits des filles à Bahreïn et au Moyen-Orient.
Dans son discours de remerciement, Jalila a évoqué sa propre expérience, déclarant: « Pour chaque lauréat·e récompensé·e, il y a une histoire derrière le prix. Il y a une autre personne, ou encore des événements ou des difficultés, qui l’ont placé·e sur le devant de la scène, de gré ou de force. Dans mon cas, l’histoire de Bahreïn est la raison, le motif et la force motrice derrière tout ceci; tout ce qui m’est arrivé, ainsi qu’à mes collègues, m’a poussée sur le devant de la scène et j’ai choisi de prendre position. Il va sans dire que jamais ce prix ne m’aurait été remis si mes collègues, mes élèves et les gens autour de moi n’étaient pas en situation de souffrance. Si je ne représentais pas pour eux l’espoir d’un possible changement, je ne serais pas là aujourd’hui. »
Curtis Riep reçoit le Prix de l’Education Albert Shanker
Candidat au doctorat et assistant d’enseignement à l’Université de l’Alberta, au Canada, Curtis Riep contribue à promouvoir un enseignement public de qualité à travers ses recherches novatrices mettant en lumière la privatisation croissante de l’éducation dans plusieurs pays d’Afrique et d’Asie. En 2016, Riep a mené une recherche de terrain sur laquelle s’était appuyé l’affilié de l’IE, l’UNATU, pour réussir à convaincre le gouvernement ougandais d’agir contre Bridge International Academies (BIA), une chaîne d’écoles à but lucratif illégale en Ouganda.
Lorsque le prix lui a été remis, Curtis Riep a déclaré: « Les risques associés à la commercialisation et la privatisation accrues de l’éducation ne sont pas des événements isolés, que l’on observe uniquement dans certaines régions du globe. On parle ici d’un phénomène mondial. Et bien que les menaces, les défis et les problèmes rencontrés en Ouganda, aux Philippines et au Ghana diffèrent de ceux que l’on peut rencontrer aux Etats-Unis, en Australie ou au Canada par exemple, l’enjeu est le même, partout dans le monde: un système d’enseignement public au service des individus, et non des élites en quête de profits ou des 1 pour cent les plus riches au sein de nos sociétés. Nous avons besoin d’un système d’éducation qui fonctionne pour les 99 pour cent. »