Le deuxième Congrès mondial de l’Internationale de l’Education réuni à Washington D.C. (Etats-Unis) du 25 au 29 juillet 1998: Le développement durable sur le plan de l'environnement est défini comme un développement répondant aux besoins du temps présent sans mettre en péril la capacité des générations futures à répondre à leurs besoins.
Souhaite que le thème de l’environnement soit abordé comme un des projets stratégique visant à renforcer l’éducation publique et le nouveau rôle du syndicalisme
1. L'Internationale de l'Education, consciente de l'interdépendance de tous les pays et reconnaissant qu'aucun pays ne peut assumer son avenir à lui seul, quelle que soit sa puissance économique ou le niveau de développement qu'il a atteint;
2. reconnaît qu'il est essentiel qu'un partenariat rassemble les pays à l'échelon mondial afin de prendre en charge effectivement la question d'un développement environnemental durable;
3. prend acte que des négociations de fond ont eu lieu à la Conférence de Kyoto de 1997 ainsi qu'au Sommet mondial de Rio de Janeiro afin de prévenir la destruction de l'environnement à l'échelle planétaire et de promouvoir le contrôle des émissions de CO2 dans le but d'éviter le réchauffement de la planète, mais que le processus de protection de l'environnement mondial est depuis lors bloqué en raison de la politique suivie par de nombreux gouvernements, qui favorisent prioritairement l'économie;
4. déplore que les gouvernements ne prennent aucune mesure effective face aux changements climatiques, à la désertification, à la déforestation, à l'industrialisation anarchique, aux politiques en matière d'énergies durables, aux effets de la pollution à l'échelle planétaire et aux problèmes liés à la croissance démographique, particulièrement dans les pays en développement à la suite de l'introduction sans limite de l'économie de marché;
5. dénonce les déversements dans les pays en développement des déchets toxiques résultant des activités de production des pays industrialisés;
6. déplore que l'élèvation du niveau des mers en raison du réchauffement de la planète menace de submerger les terres faiblement émergées des pays insulaires;
7. dénonce les catastrophes causées par les centrales nucléaires qui mettent en danger de manière irrévocable l'humanité et l'environnement; 8. reconnaît de même que le développement environnemental durable implique que tous les besoins des populations en matière de nourriture, de logement, d'accès à l'eau potable, de soins de santé, d'éducation, d'emploi, de transport et de santé soient satisfaits;
9. déplore que de nombreux peuples dans le monde entier ne soient pas informés du fait que la destruction de l'environnement à l'échelle planétaire atteint ses limites pour la perpétuation de la vie humaine sur la terre;
10. note qu'une action durable sur les problèmes liés à l'environnement doit prendre en considération les questions plus larges du développement économique et social, de le lutte contre la pauvreté, de la consommation des ressources, de l'emploi et de la qualité de la vie;
11. note que la protection de l'environnement est un aspect d'un développement authentiquement durable et que les politiques en matière économique qui détruisent la base écologique de la vie sont à long terme condamnées à l'échec;
12. reconnaît qu'un environnement sûr et sain permettant aux enfants de se développer et que des lieux de travail sûrs et sains réservés aux adultes imposent un environnement naturel sain, y compris la pureté de l'air et de l'eau;
13. reconnaît que les syndicats des personnels de l'enseignement ,enseignants, ouvriers et administratifs, en leur qualité d'organisations affiliées à l'IE, Secrétariat Professionnel International associé à la CISL, doivent promouvoir le changement social par les revendications qui sont le moteur du progrès et préconiser un développement environnemental durable par le biais de l'éducation;
14. note qu'aucun changement n'est possible sans que se modifient le savoir et la prise de conscience des populations, et que l'éducation joue un rôle essentiel dans ce processus;
15. note que, pour que les éducateurs soient en mesure d'assumer le rôle et les responsabilités collectifs qui leur sont propres, la possibilité d'exercer sans restriction les droits syndicaux - y compris le droit de se syndiquer, d'engager des négociations collectives et d'y participer pleinement - est essentielle;
16. reconnaît que l'éducation à tous les niveaux, et notamment l'éducation des membres des syndicats est un élément vital d'une politique saine en matière de développement environnemental durable;
17. Indique que des programmes scolaires doivent être développés en intégrant le problème du développement environnemental durable dans toutes les matières appropriées et que ces programmes doivent traiter les implications politiques, sociales, morales, environnementales et économiques du développement durable;
18. reconnaît également qu'une législation vigoureuse prévoyant des mécanismes d'inspection et de respect de l'application est essentielle à un développement environnemental durable;
19. reconnaît le rôle primordial des femmes, notamment dans les pays en développement, et la nécessité de les associer aux programmes d'éducation et à l'élaboration d'une politique à tous les niveaux.
20. Le Congrès décide que l'IE:
a. œuvrera avec la CISL et les autres SPI à l'amélioration de la prise de conscience des membres sur la question du développement environnemental durable;
b. préparera un inventaire des meilleurs pratiques pédagogiques novatrices dans ce domaine et le portera à l’attention de l’ensemble des organisations affiliées;
c. exercera auprès des gouvernements des pressions en vue de leur faire adopter une législation favorable au développement environnemental durable dans le sens le plus large du terme, prenant en compte les aspects économiques et sociaux et ceux touchant à l'environnement;
d. fera pression auprès des gouvernements afin qu'ils rassemblent des données, des statistiques fiables et comparables ainsi que des indicateurs, des méthodes d'évaluation, des analyses de rentabilité comprenant le coût de l'action et le coût de l'immobilisme;
e. collaborera avec l'OIT afin de promouvoir les normes du travail internationales fondamentales, les normes de l'OIT en matière de santé et sécurité au travail et l'environnement de travail, en particulier, en ce qui concerne les établissements d'éducation;
f. agira afin de promouvoir l'incorporation dans les accords commerciaux des droits du travail et de l'environnement;
g. collaborera avec l'UNESCO, l'UNICEF et l'OMS afin de promouvoir un développement environnemental durable ;
h. soutiendra les organisations de la société civile engagées dans des activités en faveur de la protection de l’environnement mondial et demandera aux organisations membres de soutenir ces organisations;
i. promouvra auprès des institutions internationales telles que la Banque mondiale, l'UNESCO, le PNUD, le Fonds Monétaire International, des perspectives de développement durable et un modèle éducatif tenant compte des nouvelles réalités scientifiques, technologiques, économiques, environnementales, qui impliquent une nouvelle évaluation du rôle traditionnel des enseignants, des syndicats ainsi que des idéaux de Paix et de Justice;
j. mettra en place des projets de formation et de recherche pour stimuler la discussion relative au modèle unidirectionnel et d'exclusion sociale incarné par le projet de mondialisation en cours, qui néglige et détruit la biodiversité culturelle et naturelle.
21. Le Congrès en appelle aux organisations membres de l'IE afin:
a. qu'elles fassent pression sur les gouvernements pour qu'ils ratifient les conventions 139 de l’OIT pour la prévention et le contrôle des risques professionnels causés par les substances cancérigènes notamment pour ce qui concerne le cas particulier de l’exposition à l’amiante ;
b. qu'elles fassent pression sur les gouvernements pour qu'ils ratifient les conventions 155 et 161 de l'OIT ainsi que les recommandations 164 et 171 qui les accompagnent et qui concernent la santé et la sécurité au travail;
c. qu'elles fassent pression sur les gouvernements afin de promouvoir les programmes d'éducation à l'environnement avec l’aide de l’UNESCO ;
d. qu'elles négocient les conditions de participation des syndicats d'enseignants au développement politique concernant l'éducation à l'environnement et le développement des programmes de cours concernant le développement environnemental durable;
e. qu’elles échangent des informations relatives à l’éducation pour la protection de l’environnement global et le développement des programmes éducatifs avec l’aide de l’IE ;
f. qu'elles veillent à ce que la situation dans les écoles et dans les autres établissements d'éducation répondent aux normes d'environnement les plus élevées garantissant aux enseignants de travailler dans des conditions de salubrité, et aux enfants, d'apprendre dans des conditions optimales;
g. qu'elles prévoient de donner à leurs membres une formation sur les questions touchant au développement durable;
h. qu'elles veillent à ce que la formation initiale et formation en cours de service des enseignants fournissent au personnel de l'éducation des programmes de grande qualité sur les questions touchant au développement environnemental durable;
i. qu'elles veillent à ce que les programmes de coopération au développement organisés par l'IE et ses membres comprennent des modules sur le développement durable.
j. qu’elles vérifient si la protection de l’environnement est mise en application dans leurs pays et si elle fait partie du matériel didactique et du curriculum.